Un acteur se détache immédiatement quand on étudie la géopolitique du pétrole : cet acteur, c'est les Etats-Unis ; on peut même parler d'hégémonie. Avant tout, il faut savoir que le pétrole a une importance capitale dans la croissance et le mode de vie américains: avec 4% de la population mondiale, les Etats-Unis consomment 25% de l'énergie de la planète; de plus, la part du pétrole dans la croissance
est de 40% supérieure à celle de l'Europe.
En 2001, le rapport « National Energy policy » dirigé par D. Cheney rappelle l'importance stratégique du pétrole pour l'Amérique et vient marquer une prise de conscience de la vulnérabilité américaine en matière d'énergie: grand producteur de pétrole – mais dont
les réserves s'épuisent –, le pays doit pourtant importer plus de 41% de ses approvisionnements. La plupart de ces importations viennent du Golfe persique (22%), une région instable politiquement, ce qui fragilise les approvisionnements américains. Le rapport insiste sur la nécessité de développer des sources alternatives d'énergie et de sécuriser les
flux. Le Golfe persique, représentant 22% des importations américaines (et 18% pour la seule Arabie saoudite) est le centre de l'attention de la politique énergétique américaine. D'autant plus que le Moyen-Orient est véritablement le coeur pétrolier du monde, comme centre de production, mais aussi comme noeud de communication.
[...] L'installation d'un régime favorable aux Etats-Unis devait aussi permettre à terme un meilleur contrôle de l'exploitation des gisements iraquiens (l'Iraq n'exploite que 60% de son potentiel) : les perspectives de transformations en profondeur du Moyen-Orient s'expliquent en partie par le facteur pétrolier, mais pas seulement. Outre le bilan humain, catastrophique, la reconstruction du pays se révèle plus couteuse et plus longue que prévue (et pour cause, la guerre se poursuit toujours) ; la remise sur pied d'une industrie pétrolière est problématique tant que les conditions de sécurité ne sont pas améliorées. Le pays est donc loin d'avoir atteint ses capacités maximales d'extraction pétrolière. Les besoins de la reconstruction et le coût de la dette ne sont clairement pas couverts par les revenus pétroliers iraquiens. [...]
[...] D'autant plus que le Moyen-Orient est véritablement le cœur pétrolier du monde, comme centre de production, mais aussi comme nœud de communication. Traditionnellement, l'élément structurant de la stratégie américaine en matière de pétrole est l'alliance très ancienne avec l'Arabie Saoudite, reposant sur la puissance militaire des Etats-Unis. En effet, depuis les années 1930, les Etats-Unis soutiennent la dynastie des Seoud : en échange de la protection militaire américaine, notamment vis à vis de l'Iran puis de l'Iraq, l'Arabie Saoudite joue un rôle de puissance modératrice dans la région, et stabilise le marché pétrolier mondial. [...]
[...] - En Iran, le régime de Mahmoud Ahmadinejad menace d'utiliser l'arme pétrolière si la communauté internationale tente d'imposer des sanctions. Les Etats-Unis tentent maintenant de revenir à leur alliance traditionnelle avec l'Arabie Saoudite tout en essayant d'affirmer leur présence dans des zones de production alternatives, relativement peu exploitées : l'Afrique (Golfe de Guinée, Afrique du Nord), l'Asie du Sud-est ou l'Asie Centrale. Des régions qui ne sont pas des chasses gardées américaines et où se déroule déjà une intense compétition entre Européens, Chinois et Russes Bibliographie : Sebille-Lopez Philippe, Géopolitiques du pétrole, Ed. [...]
[...] carte de la présence américaine dans le Golfe en annexe). En fait, dans une économie globalisée, l'accord profite à tous, les Etats-Unis ne pouvant pas se réserver le pétrole saoudien. Les Etats-Unis ont seulement décidé de jouer, en collaboration avec l'Arabie Saoudite consciente de ses intérêts, le rôle de gendarme du pétrole : en servant leurs intérêts (la sécurisation des approvisionnements et donc le maintient de prix raisonnables) par une présence militaire importante dans le golfe, ils assurent la relative stabilité du marché mondial du pétrole en sécurisant militairement les voies de transport, notamment maritimes (moyen de transport des deux tiers du pétrole mondial), mais aussi, plus ou moins directement, en sanctuarisant les infrastructures de production et d'exportation saoudiennes. [...]
[...] Les Etats-Unis tentent ainsi de se trouver de nouveaux alliés, de façon à remplacer leur alliance privilégiée avec l'Arabie Saoudite. On peut alors être tenté d'interpréter la politique américaine récente selon une grille de lecture pétrolière : La guerre d'Afghanistan en 2001, dont l'un des objectifs était l'installation à Kaboul d'un régime ami des Etats-Unis dans le but de faire transiter des conduits d'hydrocarbures en provenance d'anciennes républiques soviétiques d'Asie centrale, comme l'Ouzbékistan ou le Turkménistan, raccourcissant les distances à destination de la mer d'Oman. [...]
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