Institution européenne à part entière créée en février 1999 dans le cadre de la politique européenne d'union monétaire pour succéder à l'Institut monétaire européen (IME), la Banque Centrale Européenne (BCE) est devenue un des acteurs incontournables de la politique économique de l'UE et particulièrement de la zone euro. Ainsi, la création d'une monnaie unique à 12 des Etats membres a rendu nécessaire l'existence d'une institution européenne capable d'assurer la politique monétaire de la zone : les Etats ont ainsi remis à un organe indépendant ce qui avait constitué un des éléments historiques constitutifs de leur souveraineté. Les Etats ont aussi confié à la BCE l'un des deux leviers de la politique économique, gardant pour eux, avec certaines contraintes inhérentes au Pacte stabilité et de croissance (PSC), la politique budgétaire. Prenant ainsi le relais des banques centrales nationales qu'elle coordonne (SEBC), la BCE a mené depuis lors une politique monétaire assez strictement guidé par le seul objectif qui lui est explicitement assigné : assurer la stabilité des prix. Cette politique concentrée sur la lutte contre l'inflation lui a valu de nombreuses critiques de la part des Etats : les œillères de la politique monétaire de la BCE, son incapacité à prendre en compte l'ensemble de la conjoncture économique, auraient ainsi pu peser négativement sur la croissance et sur l'emploi. L'indépendance de la BCE n'aurait ainsi d'égal que sa rigidité, son inflexibilité, susceptible d'annihiler les efforts des gouvernements nationaux.
Pourtant, s'il l'on veut juger objectivement de l'efficacité de la politique de la BCE, encore faut-il savoir ce qu'on l'on juge. En effet, on peut d'abord juger cette efficacité à l'aune de critères internes : la BCE atteint-elle le ou les objectifs qui lui ont été assignés par les traités ? On peut néanmoins porter la critique sur ces objectifs eux-mêmes : sont-ils adaptés à une bonne politique monétaire, suffisamment souple pour concilier stabilité des prix, consommation, croissance, emploi, etc. ? Enfin les critiques faites à la BCE peuvent être formulées en la comparant à ses homologues étrangers, et notamment à la FED américaine. C'est ainsi qu'il faut multiplier les points de vue pour porter le jugement le plus équilibré possible.
[...] Ainsi si on applique la règle de Taylor définissant une politique monétaire équilibrée entre objectif de croissance et objectif d'inflation, il apparaît que le taux mis en place par la BCE était en ligne avec le taux de Taylor dès 1999 et jusqu'à fin 2002, alors que de 1997 à 1999 (avant la création de la BCE) un taux reconstitué était supérieur de 2 points au taux de Taylor. La politique de la BCE n'est donc pas restrictive dans l'absolu. De plus, à partir de 2003, la BCE a abaissé durablement ses taux à afin de soutenir la timide reprise européenne et a attendu décembre 2005 pour les remonter progressivement. [...]
[...] Il s'ensuit une divergence significative des taux d'inflation (en en Finlande contre en Grèce). Ces écarts ont même eu tendance à s'accroître depuis 1999 et la tendance risque de persister en cas d'élargissement. Cela remet en cause la pertinence d'un objectif unique d'inflation et donc d'un taux directeur pour toute la zone. La BCE est contrainte d'introduire de nombreuses pondérations qui compliquent la définition de la politique économique. La persistance des traditions nationales dans le système bancaire et financier rend également plus difficile la transmission de la politique monétaire. [...]
[...] Les deux piliers historiques de 1998 ont ainsi été revus en 2003 par le conseil des gouverneurs. L'objectif d'une inflation à a été maintenu, mais l'analyse ne porte plus sur des indicateurs limités. La politique est désormais définie par une véritable analyse économique comprenant des indicateurs plus variés et plus en phase avec la réalité globale de l'économie : production et demande globales, politique budgétaire, marché du travail, taux de change, économie mondiale, balance des paiements De plus, la masse monétaire a été reléguée au rang de deuxième pilier, a cessé d'être chiffrée, devenant un simple point de repère naturel A défaut d'avoir ainsi explicitement et profondément réformé ses objectifs, la BCE a ainsi tenté d'intégrer les critiques émises par de nombreux économistes sur le caractère rigide de l'objectif de le caractère dépassé l'objectif de masse monétaire M3 (la BCE était la seule banque centrale de l'OCDE à avoir un tel objectif). [...]
[...] La politique de la BCE (Banque Centrale Européenne) est-elle efficace ? Institution européenne à part entière créée en février 1999 dans le cadre de la politique européenne d'union monétaire pour succéder à l'Institut monétaire européen la Banque Centrale Européenne (BCE) est devenue un des acteurs incontournables de la politique économique de l'UE et particulièrement de la zone euro. Ainsi, la création d'une monnaie unique à 12 des Etats membres a rendu nécessaire l'existence d'une institution européenne capable d'assurer la politique monétaire de la zone : les Etats ont ainsi remis à un organe indépendant ce qui avait constitué un des éléments historiques constitutifs de leur souveraineté. [...]
[...] Enfin, les critiques faites à la BCE peuvent être formulées en la comparant à ses homologues étrangers, et notamment à la FED américaine. C'est ainsi qu'il faut multiplier les points de vue pour porter le jugement le plus équilibré possible. On peut alors constater que la politique de la BCE permet d'atteindre de manière pragmatique l'objectif de stabilité des prix, mais que cet objectif unique tend à lui faire perdre en réactivité à la conjoncture, notamment en comparaison avec la FED. [...]
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