Au cours de la dernière décennie, la création de l'euro apparaît comme un événement majeur sur la scène économique internationale. Concernant le taux de change, elle revient à la fixation définitive des parités, initialement entre douze monnaies européennes, aujourd'hui seize. Dans notre système international de changes flottants, les devises ne font plus référence à un étalon monétaire spécifique et le change des devises entre elles se détermine sur un marché spécialisé, par un mécanisme d'offre et de demande de monnaie.
Depuis son lancement, la monnaie unique a connu d'amples fluctuations. Entre janvier 1999 et octobre 2002, elle s'est dépréciée de 1,18 à 0,88 dollar mais s'est par la suite appréciée vigoureusement, atteignant 1,60 dollar en juillet 2008. Ce constat soulève ainsi la question de l'évaluation des taux de change et des craintes pour les acteurs économiques qui doivent gérer dans leurs activités ces variations et s'adapter à un niveau élevé du cours de l'euro. Or, la question du taux de change de l'euro ne semble pas aujourd'hui prise en considération par les institutions européennes, contrairement aux Etats-Unis, où la politique de change est décidée par le Trésor après discussion avec la Réserve fédérale (Fed), ou au Japon, où le ministre des Finances gère les décisions d'intervention sur le marché des changes.
Se pose ainsi la question de savoir dans quelle mesure la maîtrise de l'impact économique des fluctuations de l'euro par une politique de change est aujourd'hui souhaitable et possible.
[...] Tous les États, même la France, ont vu sur cette période leur solde commercial s'améliorer. Il faut aussi se souvenir que l'Europe effectue ses achats en matières premières et pétrole essentiellement en dollars, et que la hausse de l'euro lui est alors profitable. Les effets négatifs sur la compétitivité et la crainte des délocalisations Une industrie directement exposée aux conséquences de l'appréciation de l'euro Une hausse du taux de change exerce un effet désinflationniste qui augmente le pouvoir d'achat des agents de la zone euro. [...]
[...] Une autre évaluation du taux de change d'équilibre est ainsi à mettre en application. Renforcer la crédibilité des interventions institutionnelles et la cohérence de la politique économique La force de l'euro, certes critiquée, montre cependant que la BCE a réussi à garder sa crédibilité et à définir une monnaie stable. Elle doit à présent montrer sa préoccupation pour les taux de change tout en limitant ses interventions sur le marché des changes. L'enrayement de la hausse de l'euro doit s'accompagner d'autres mesures, comme une politique budgétaire adaptée. [...]
[...] Or, cette faculté de fixer des orientations est restée lettre morte à ce jour. La question n'a jamais été discutée, et les déclarations politiques restent assez limitées. L'Eurogroupe, créé par le Conseil européen en 1997, réunion informelle des ministres des Finances de la zone euro, s'est ainsi limité à déclarer, le 5 avril 2008, alors que l'euro était équivalent à 1,55 dollar, que volatilité excessive et les mouvements désordonnés sont indésirables pour la croissance, non seulement européenne, mais mondiale». Les interventions semblent donc faibles, beaucoup trop prudentes, et les institutions inactives. [...]
[...] Pour conclure, il est à la fois souhaitable et possible, mais seulement au travers du cadre institutionnel, de contrôler le taux de change de l'euro. Face aux inquiétudes actuelles, les institutions européennes doivent s'affirmer et agir de manière plus élaborée et efficace sur l'évolution des changes. Le cadre de gouvernance est clairement défini par les traités communautaires, mais il semblerait que toute intervention implique des marges d'amélioration sur les outils utilisés et les politiques à mettre en oeuvre. L'Europe dispose de leviers d'action limités dans les faits pour contrôler le taux de change de sa monnaie, et on peut alors se demander si une réévaluation du dollar ne serait pas la solution immédiate la plus efficace. [...]
[...] Se pose ainsi la question de savoir dans quelle mesure la maîtrise de l'impact économique des fluctuations de l'euro par une politique de change est aujourd'hui souhaitable et possible? Nous verrons dans un premier temps que les inquiétudes liées au renforcement de l'euro encouragent une volonté de gestion de cette devise puis que le contrôle des changes doit être redéfini dans le cadre d'une nouvelle gouvernance. Les inquiétudes liées au renforcement de l'euro encouragent une volonté de gestion de la devise européenne Des craintes axées sur le taux de change euro/dollar Les causes plurielles de la hausse de l'euro par rapport au dollar L'appréciation du taux de change de l'euro est restée ininterrompue depuis la fin de l'année 2000, après un bref repli durant la seconde moitié de 2008 et une nouvelle envolée en 2009. [...]
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