Le paradoxe résidant dans le fait que les grandes firmes multinationales aient de bons résultats économiques alors que les salaires n'augmentent pas serait un faux problème. En effet, à l'heure de la crise, ce décalage est dénoncé. Comment se fait-il que le pouvoir d'achat en France n'augmente pas alors que les grandes firmes transnationales ont des marges bénéficiaires très importantes ? En réalité, le salaire est une composante du partage de la valeur ajoutée brute. En effet, si l'on veut comprendre les mécanismes liant production de richesses nationales et niveau de rémunération salariale, il faut se pencher sur la question du partage de la valeur absolue brute, c'est-à-dire la production de richesses par les entreprises, autrement dit la production moins les consommations intermédiaires, la valeur ajoutée aux consommations intermédiaires utilisées. Cette valeur ajoutée est brute, elle est mesurée sur le prix de base de la production, afin de savoir quelle est la richesse produite effectivement par les entreprises. Cette valeur absolue brute peut être mesurée à plusieurs niveaux, aussi bien au niveau d'une unité de production, qu'au niveau d'une branche entière de l'économie ou même de l'ensemble de l'économie. Pour comprendre comment sont réparties les richesses produites en France, et donc la répartition de la valeur ajoutée, il convient d'étudier le partage de l'utilisation de cette valeur ajoutée entre l'acquittement des impôts sur la production et les importations par les entreprises, la rémunération des salariales, l'Excédent Brut d'exploitation (ou marge bénéficiaire). On additionne toutes ces valeurs et on y soustrait les subventions. L'une des manières de calculer le PIB d'un pays consiste en l'étude de ce partage de la Valeur Ajoutée.
[...] Nous allons ici voir deux manières d'envisager les évolutions potentielles du partage de la valeur ajoutée en France. Un mouvement de modification de l'appréhension de la question salariale. -Jusqu'en 1983, le salaire est en réalité indexé aux prix du marché, ce qui explique les fluctuations de la part du salaire dans la répartition de la valeur ajoutée. On a ici l'illustration d'une politique de relance keynésienne. L'inégalité sociale est combattue. Plus précisément, c'est une politique d'indexation sur l'inflation en temps réel. [...]
[...] Les théories du partage de la valeur ajoutée. -Pour Smith, dans La richesse des nations, la valeur ajoutée doit en priorité être reversée aux acteurs principaux du capitalisme. En effet, il s'agit de garantir l'enrichissement de l'Etat. C'est l'épargne qui doit être la principale cible de distribution de la valeur ajoutée, pour garantir la richesse de l'Etat. (Même si pour lui il faut également insister sur l'importance du salaire à l'égard des pauvres). Le principal enjeu pour lui est donc l'enrichissement de la Nation. [...]
[...] Néanmoins, il faut signifier que dans le même temps, l'impôt sur les entreprises a fortement progressé, mais cette augmentation de l'imposition sur la production s'est trouvée naturellement compensée par l'augmentation de la part de profit disponible, qui est utilisée par les entreprises pour se financer (on observe notamment une importante tendance à l'endettement des sociétés françaises dans les années 1990) et investir. Au début du 21ème siècle, on observe donc un équilibre dans le partage de la valeur absolue qui tend à favoriser les entreprises. On peut donc légitimement se demander quelles orientations peuvent être envisagées dans le futur pour ce partage de la valeur ajoutée. Quel avenir pour le partage des richesses produites en France ? [...]
[...] En France, de nombreux mouvements de délocalisation montrent la difficulté pour l'Etat français de trouver l'équilibre entre impositions nécessaires pour résoudre le déficit et garantir les prestations sociales, et laisser aux entreprises françaises la possibilité d'être compétitive., face à des pratiques telles que la mise en place des Zones Economiques Exclusives en Chine dans les années 1980. - A l'origine de nombreux mouvements de contestation sociale, comme le mouvement ATTAC, le partage de la valeur ajoutée est une question de politique sociale. [...]
[...] Ce sont ces dimensions sociales qui expliquent l'importance accordée à la part du salaire dans la valeur ajoutée. Or, comme soumise à la conjoncture économique, la répartition du partage ajoutée a fluctué en France de manière importante, suivant deux mouvements, tout d'abord à l'avantage du salariat, puis à l'entreprise, notamment du fait d'interventions du pouvoir politique, ce qui souligne une fois encore l'importance de cette répartition. Les évolutions actuelles des modalités de fixation du salaire pourraient rendre encore plus floue l'éventuelle linéarité d'évolution du partage ajoutée. [...]
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