Partage, Etat-providence, inégalités, salaires, travailleurs, inégalités salariales
En France, la progression du salaire moyen des 0,01% de travailleurs les plus aisés s'est établie à 100% entre 1998 et 2006, tandis que cette progression n'atteignait que 4% pour 90% des travailleurs en bas de la pyramide des salaires. Ces données interpellent lorsque l'on sait qu'à partir de la fin de la Première Guerre mondiale, cette progression était totalement inversée puisque les bas salaires rattrapaient les plus élevés. Aujourd'hui donc les inégalités salariales se creusent, amenant beaucoup à penser qu'un plus grand partage des ressources et des fruits des activités humaines serait indispensable à la survie de la société française. En effet, de trop grandes inégalités peuvent faire naitre des conflits, de l'exclusion et donc amener à une remise en cause de la démocratie. Le partage peut s'entendre comme la division de quelque chose en plusieurs parties ou plusieurs éléments afin d'en faire une distribution ou une répartition entre les individus. Aujourd'hui, le partage peut concerner aussi bien la valeur ajoutée, le travail, les connaissances ou les risques. Le terme de société, du latin socium c'est-à-dire un compagnon ou un allié, peut quant à lui être défini comme un ensemble d'individus entretenant des relations durables et organisées. Ainsi, dans quelle mesure un plus grand partage des résultats des activités humaines constituerait un remède aux maux de la société française ? La société française est actuellement en proie à des inégalités croissantes entre les individus, pouvant être en partie expliquées par la remise en cause de l'Etat-providence des années 1970-80. Il apparait donc qu'un plus grand partage du produit des activités humaines soit une condition pour faire société, toutefois, ce partage semble devoir connaitre des limites au risque de voir la société s'ankyloser.
[...] Ainsi, faute de partage total, la société doit se tourner vers une redistribution équitable du produit des activités humaines. Cette redistribution équitable est la plus juste et celle qui permet à l'homme de se dépasser. Toutefois deux préalables sont indispensables dans cette optique. Tout d'abord limiter les effets de la société de consommation et la publicité qui lui est liée. En effet, ce mode de consommation fait naitre des frustrations, des envies de distinction et de la jalousie qui opposent les citoyens entre eux. [...]
[...] L'autre préalable est celui distingué par Pierre Rosanvallon dans La société des égaux ; selon lui, les mécanismes de redistribution ne peuvent reparaitre que si l'on redonne du sens à l'idée d'une société de semblables, de « communalité ». Ainsi, pour lui, « l'égalité-relation » est un préalable à « l'égalité-redistribution ». [...]
[...] La création, la volonté de se dépasser sont effectivement influencés par les bénéfices qu'ils peuvent générer, or une société totalement égalitaire ne permet pas de mettre en place ces conditions. Ce fut par exemple le cas de l'U.R.S.S. pendant la guerre froide, dont tous les secteurs économiques souffraient d'un grave manque d'investissement, excepté le seul secteur exposé à la concurrence : le domaine militaire. C'est pour cette raison que John Rawls dans Théorie de la justice insiste sur le fait qu'une société juste peut tolérer des inégalités à trois conditions. La première est qu'il doit exister un principe d'égale liberté entre les individus composant une société. [...]
[...] Le partage est-il une condition de survie de notre société ? En France, la progression du salaire moyen des 0,01% de travailleurs les plus aisés s'est établie à 100% entre 1998 et 2006, tandis que cette progression n'atteignait que pour 90% des travailleurs en bas de la pyramide des salaires. Ces données interpellent lorsque l'on sait qu'à partir de la fin de la Première Guerre mondiale, cette progression était totalement inversée puisque les bas salaires rattrapaient les plus élevés. Aujourd'hui donc les inégalités salariales se creusent, amenant beaucoup à penser qu'un plus grand partage des ressources et des fruits des activités humaines serait indispensable à la survie de la société française. [...]
[...] Les politiques redistributives conditionnent ainsi le modèle de société que l'on souhaite trouver. C'est en ce sens que Gosta Esping Endersen, dans Les trois mondes de l'Etat-providence, fait référence à l'Etat-providence social-démocrate – des pays d'Europe du Nord – comme seul capable de créer les conditions d'une société égalitaire par d'importantes prestations sociales et des impôts fortement progressifs capables de financer ces prestations. De même, pour ce qui est de la connaissance et de l'éducation, il apparait que le partage soit également indispensable en vue de créer une société d'égaux capables de vivre ensemble. [...]
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