« Bruxelles peine à lutter contre le patriotisme économique » titrait le Figaro le 3 février 2010. On voit à travers ce titre que la notion de patriotisme économique occupe plus que jamais le devant de la scène et ne concerne pas uniquement la France, mais toutes les puissances européennes dans ce contexte économique et financier difficile.
Cette notion dépasse également les frontières européennes puisque les États-Unis en appellent également au patriotisme économique dans la défense de leurs intérêts nationaux comme on a pu le voir par exemple avec l'interdiction du rachat du groupe américain Unocal par le chinois Cnooc ou de la prise de contrôle de six ports américains par une société de Dubaï.
Cette notion peut ainsi être définie comme un comportement des consommateurs, des entreprises et des pouvoirs publics qui ont pour objectif de privilégier les biens et services produits dans leur pays ou leur groupe de pays et ce, dans un contexte de mondialisation accrue de l'économie. Ceux qui prônent ce comportement s'appuient sur l'argument de la légitime défense économique.
[...] La solution d'un patriotisme économique plus offensif? La question d'un autre patriotisme économique se pose et a été défendue par certains auteurs. En effet, un patriotisme économique plus offensif permettrait de faire participer les Français à l'organisation du capitalisme français car aujourd'hui, les Français sont les créanciers et non les actionnaires de leurs entreprises Cette thèse est défendue par deux économistes de l'Institut Montaigne, A.Landier et D.Thesmard pour que les épargnants français redeviennent les actionnaires des entreprises françaises En effet, ces auteurs constatent que les Français ne sont pas impliqués dans la bonne gestion financière des entreprises hexagonales, ils se désintéressent des stratégies de croissance et de profitabilité des entreprises françaises ce qui implique logiquement une aversion pour les risques. [...]
[...] * Sources - Quel patriotisme économique? E.Delbecque, Puf, Paris - La méthode Colbert ou le patriotisme économique efficace, O.Pastré, Ed. Perrin, Paris - Entreprise et patriotisme économique, sous la direction de G.Virassamyn L'Harmattan, Paris - Quel patriotisme économique au XXIe siècle, A.Landier, D.Thesmard Institut Montaigne - Dictionnaire d'économie et de sciences sociales, J.Y Capul, O.Garnier, Hatier - Londres redécouvre le patriotisme économique . et ses limites Le Monde, 14/01/2010. - Bruxelles peine à lutter contre le patriotisme économique Le Figaro, 03/02/2010. [...]
[...] Ainsi, face à ces limites, un patriotisme économique plus offensif semble être nécessaire. Des dispositifs d'une utilité relative Le patriotisme économique peut être remis en cause de par ses fondements économiques car il semblerait que le contexte économique et l'exigence d'efficacité ne le justifient pas. Des fondements économiques contestables Il apparaît que le ressenti des Français en matière de conséquences liées à la mondialisation est en décalage avec la situation économique réelle. En effet, les Français ont un sentiment d'expropriation, de perte de contrôle des entreprises nationales et selon C.Harbulot, le patriotisme économique trouve sa justification dans un climat économique incertain où la Chine s'affirme, où les Etats-Unis sont dépendants de cette puissance au niveau financier. [...]
[...] Une notion prônée par de plus en plus de pays européens La plupart des pays européens ont recours au patriotisme économique et notamment dans le contexte actuel. On note que même les plus réticents ont fait appel à cette notion. Ainsi, l'Espagne a dû faire face à une tentative d'OPA dans le secteur de l'énergie et a préféré favoriser une fusion entre deux acteurs du secteur Endesa et Gas natural. Quant à l'Allemagne, elle protège un des fleurons de son industrie, Volkswagen, par l'intermédiaire d'une forte participation des länder et elle mène une politique industrielle active afin de lutter contre l'influence des fonds de pension. [...]
[...] En effet, il semble que le patriotisme économique constitue avant tout une réponse aux défis de la mondialisation et aux bouleversements qu'elle entraîne au niveau social, financier, technologique . Les Etats et notamment la France ont ainsi recours à cet instrument pour défendre leurs intérêts nationaux et promouvoir leur compétitivité. Cependant, cette promotion du patriotisme économique ne doit pas tomber dans les travers du protectionnisme car comme le souligne E.Delbecque: ce que nous devons comprendre, ce qui constitue la mondialisation même, c'est que notre territoire national n'est plus un champ clos mais un espace aux frontières poreuses où la prospérité et la sécurité ne peuvent plus naître de l'interdiction du changement, du mouvement En effet, aujourd'hui, l'ouverture des économies est telle que le repli protectionniste ne peut avoir que des conséquences économiques néfastes. [...]
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