L'Algérie reste, pour beaucoup d'économistes, le modèle absolu de l'échec du modèle d'« État rentier ». Au sortir de la guerre d'indépendance, le pouvoir algérien a bénéficié de recettes importantes provenant de la production et de l'exportation d'hydrocarbures (gaz et pétrole) pour mettre en œuvre un nouveau modèle de développement, basé sur une industrialisation massive. Cette « manne financière » lui a permis en outre de pratiquer une politique sociale généreuse et une redistribution clientéliste le dispensant d'une légitimation sa légitimité politique.
Le phénomène de rente entraîne donc incontestablement des effets pervers. En Algérie, au lieu de permettre un décollage économique, elle a favorisé le développement d'une fonction publique pléthorique et a accentué la dépendance de l'État par rapport au pétrole en aboutissant, avec la chute du prix du pétrole à la fin des années 1980, à la paupérisation soudaine de l'ensemble de la population. Cette crise financière a poussé le régime à engager le pays dans un processus de démocratisation et de réforme économique. Mais, malgré la volonté de libéralisation et de transparence affichée par le régime, les intérêts des élites au pouvoir, ainsi que la persistance de la corruption maintiennent le processus de rente au cœur de l'économie algérienne.
[...] Mais, en favorisant le développement d'une économie de rente, le pétrole est en même temps, un facteur de déstabilisation ou d'entretien des conflits En effet, l'or noir algérien a d'indéniables qualités. Le Sahara Blend est connu comme étant d'une excellente qualité et l'un des meilleurs pétroles du monde. Sa faible concentration en soufre le rend particulièrement facile à raffiner. De plus, le coût de son extraction est faible. Enfin, la proximité avec les marchés européens en fait un produit aisé à exporter (l'Europe absorbe 97% des exportations d'hydrocarbures)[2]. [...]
[...] Théorie du Paradoxe de l'abondance (Karl) : la dépendance vis-à- vis d'une exportation spécifique affecte non seulement les classes sociales et les types de régimes, mais aussi les institutions étatiques, les structures de décision et les choix des responsables politiques. LOWI Miriam R., op. cit. François Perroux cité par STORA Benjamin, Histoire de l'Algérie depuis l'indépendance tome 1 1962-1988 (Repères La Découverte) STORA Benjamin, op. cit. HADDAD Saïd, Une économie entre rente et immobilisme in MOHSEN- FINAN Khadija (dir.), L'Algérie une improbable sortie de crise ? [...]
[...] cit. HADDAD Saïd, op. cit. HADDAD Saïd, op. cit. [...]
[...] Le schéma de développement mis en place par le pouvoir algérien a débouché donc sur une triple dépendance : technologique, alimentaire et financière, soutenue par une quatrième dépendance, celle de la manne pétrolière, qui, tout en renforçant ses dépendances, assure la cohérence du modèle[14]. Certes, le pétrole est un facteur essentiel d'intégration des Etats producteurs dans l'économie mondiale (le pétrole et le gaz constituent 90% des exportations algérienne et 60% des revenus de l'Etat), mais c'est surtout une cause de dépendance de l'économie nationale par rapport à la conjoncture mondiale. [...]
[...] Or, même après avoir retrouvé des revenus élevés, le pays va être soumis à des tensions sociales constantes. La chute vertigineuse des revenus entre 1986 et 1996 a fait perdre sa cohérence au discours rassurant du pouvoir qui a montré son incapacité à préserver la prospérité pour l'ensemble de la population. L'appauvrissement de la majeure partie des Algériens qui contraste avec l'enrichissement considérable de proches du pouvoir a contredit le discours égalitariste de ce dernier. Le pétrole joue un rôle amplificateur parce que les distorsions de l'économie sont difficilement supportables pour la population qui est ainsi conduite à protester et à se révolter, d'autant plus que l'Etat redistributeur des années 1970 avait contribué à élever le niveau de leurs attentes, ce qui rend d'autant plus grandes leurs revendications. [...]
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