Le Produit Intérieur Brut (PIB) est la mesure la plus connue des performances économiques dans le monde. Depuis maintenant plus de cinquante ans, la comptabilité nationale établit une évaluation de la richesse nationale à travers cet indicateur, et son niveau fonde la place du pays dans la hiérarchie des nations. Ses variations, passées ou prévues influencent les projets des chefs d'entreprise, des ménages et les négociations sociales.
Pour autant, cet indicateur est aujourd'hui vivement critiqué. Certes, c'est une bonne manière de mesurer la production, mais on note un consensus croissant selon lequel de nouveaux outils sont nécessaires pour calculer le progrès, le bien-être et notre empreinte écologique sur la planète.
[...] Ainsi, ce qui est absurde est que les dégâts engendrés par la croissance participent à l'augmentation du PIB ! Par exemple, les accidents de la route enrichissent l'économie, via les activités qu'ils engendrent : services de secours, frais d'hôpitaux, réparation automobile . Enfin, le PIB néglige les conditions sociales dans lesquelles les richesses mesurées sont produites. Le PIB n'est pas affecté par les inégalités de production, ni par les inégalités dans la consommation. Le PIB comporte donc de nombreuses lacunes qui ne permettent pas d'en faire un indicateur infaillible lorsqu'il s'agit de calculer la richesse d'un pays. [...]
[...] Il ne faut pas céder à la logique même du marché, qui est de tout réduire au quantitatif, à un ensemble de valeurs fongibles, alors que ce qui fait la richesse même de la vie, c'est le qualitatif, lequel ne peut être réduit à une évaluation monétaire et a vocation à demeurer hors du champ de l'économie. Il ne faut donc pas tomber dans la facilité de comparer les pays avec les seuls outils quantitatifs. I. La mesure de la richesse ne peut se réduire à une évaluation monétaire. [...]
[...] Mais l'espérance de vie ne fait pas tout : il est bon de vivre longtemps, mais c'est mieux de vivre longtemps en bonne santé, d'où l'indicateur d'espérance de vie en bonne santé qui s'est développé. En ce qui concerne l'éducation, le pourcentage de diplômés du supérieur parmi les 25 54 ans est un indicateur objectif intéressant qui peut être croisé avec l'origine sociale des diplômés dans une optique d'encouragement de l'égalité des chances. De plus, afin d'appréhender au mieux la qualité de la vie, ces mesures objectives doivent s'accompagner de mesures subjectives. [...]
[...] Alain Caillé, dans son ouvrage intitulé L'idée même de richesse nous rappelle que l'on peut faire à l'heure actuelle trois constats : - l'atteinte de limites écologiques - la dissociation manifeste entre la croissance économique et le progrès social - la remise en cause de l'existence de liens de causalité entre la richesse matérielle et le bonheur subjectif. Ces constats nous invitent aujourd'hui à remettre en cause nos conceptions de la richesse, en englobant les volets qualitatif et environnemental. En effet, la richesse a trop longtemps été enfermée dans son carcan matérialiste, comme on l'a vu, c'est-à-dire que l'on considérait que la croissance de la production de biens et de services marchands ou assimilables était le but ultime de nos sociétés. Dès lors, il faut repenser les indicateurs à travers lesquels nous la mesurons. [...]
[...] Mais il est difficilement pensable qu'on puisse compenser la dégradation de l'environnement par une bonne éducation par exemple ! De plus, il est difficile de mesurer précisément le capital humain, notamment par rapport au capital économique qui est basé sur des valeurs empiriques. Et puis il convient d'ajouter que la soutenabilité est une question internationale, qui ne peut pas se mesurer qu'avec un indicateur national. Par exemple, l'évolution du climat est un enjeu planétaire. Face à tous ces problèmes, les experts de la Commission ont préféré séparer la soutenabilité économique et la soutenabilité environnementale. [...]
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