Depuis plus d'un demi-siècle, l'inflation est une préoccupation permanente des pays capitalistes industrialisés. Après avoir été explicitement considérée comme une complice de la croissance dans les années 60-70, la hausse durable du niveau des prix a été interprétée ensuite comme néfaste, ce qui a motivé les politiques de désinflation compétitive des années 80, en France notamment. La stabilité des prix semble aujourd'hui assurée puisque le taux d'inflation de la zone Euro pour 1999 culmine à 1,7 % (1,3 % pour la France). Dans la mesure où la lutte contre l'inflation constitue encore une priorité pour la plupart des pays développés, il convient de s'interroger sur la pertinence de cet objectif de politique économique dans un contexte de forte stabilité des prix. La lutte contre l'inflation est-elle encore raisonnable et justifiable alors qu'elle semble avoir atteint le but fixé et que des problèmes plus marqués s'imposent avec de plus en plus de vigueur tels que le chômage, le déficit budgétaire et la faible croissance ?
Il nous faudra voir dès lors que si la lutte prioritaire contre l'inflation se justifiait pleinement dans un contexte d'instabilité des prix (I), les effets pervers de la désinflation et le risque de la déflation amènent aujourd'hui à une remise en cause de cet objectif de politique économique (II).
[...] transition: les déséquilibres induits par le dérapage inflationniste ont conduit les pays développés à mettre en place des politiques monétaires restrictives réclamées, de plus, par les penseurs néoclassiques et monétaristes B. Les politiques restrictives, justifiées par les théories néoclassiques et monétaristes, ont conduit à la désinflation contemporaine Les justifications théoriques de la politique de lutte contre l'inflation - Pour les monétaristes et leur chef de file M. Friedman, la courbe de Phillips est une droite verticale. Toute politique de relance ne fait qu'accélérer l'inflation car le chômage est naturel (inadéquation des individus et des offres d'emplois) et en partie volontaire. [...]
[...] Conclusion La politique de lutte contre l'inflation apparaît aujourd'hui largement comme un combat d'arrière-garde. L'extraordinaire stabilité des prix que connaissent les pays développés depuis 1995 semble en effet démontrer que nos sociétés sont entrées dans une phase prolongée de désinflation. Le retour de la croissance depuis 1997 en Europe et la persistance d'un chômage de masse militent pour une redéfinition des objectifs de politique économique et pour l'abandon de l'objectif prioritaire de lutte contre l'inflation. Ce n'est pourtant pas la voie qui est suivie par la majorité des banques centrales indépendantes, qui à l'image de la Banque Centrale Européenne continuent de faire de la stabilité des prix leur cheval de bataille. [...]
[...] La lutte prioritaire contre l'inflation se justifiait pleinement dans un contexte d'instabilité des prix A. L'accélération de l'inflation affectait l'efficacité des économies des pays développés La montée inexorable de l'inflation de 1955 à 1981 - Des années 50 au début des années 70, l'inflation augmente régulièrement de à Les politiques de lutte contre l'inflation ne sont jamais draconiennes car l'inflation est considérée comme un phénomène naturel qui accompagne logiquement la croissance. - A partir des années 70, l'inflation s'accélère et atteint des niveaux élevés ( en moyenne dans les pays de l'OCDE). [...]
[...] La lutte contre l'inflation demeure-t-elle un objectif de politique économique pertinent ? Introduction Depuis plus d'un demi-siècle, l'inflation est une préoccupation permanente des pays capitalistes industrialisés. Après avoir été explicitement considérée comme une complice de la croissance dans les années 60-70, la hausse durable du niveau des prix a été interprétée ensuite comme néfaste, ce qui a motivé les politiques de désinflation compétitive des années 80, en France notamment. La stabilité des prix semble aujourd'hui assurée puisque le taux d'inflation de la zone Euro pour 1999 culmine à ( pour la France). [...]
[...] - Mais la lutte contre l'inflation et son résultat, la désinflation, ont pénalisé la croissance et l'emploi à cause de taux d'intérêts élevés qui ont encouragé les placements non-productifs (financiers). La modération de la demande des ménages et de l'État a restreint les débouchés des entreprises ce qui les a dissuadés d'embaucher. Enfin ces dernières ont préféré réaliser des investissements de productivité plutôt que des investissements de capacité en raison de la restriction des débouchés. - Il en est résulté une hausse importante du chômage (en France le nombre de chômeurs est passé de 1,5 million en 1981 à 2,9 millions en 1999) et une faible croissance (négative en 1993 mais qui atteint aujourd'hui 1,5 Les effets pervers de la désinflation n'ont pourtant pas conduit à un réaménagement des objectifs de politique économique - Le Système Européen des Banques Centrales (SEBC) crée par le traité de Maastricht a toujours pour "objectif principal la stabilité des prix" (article 105) et n'apporte son soutien aux politiques de la Communauté - en terme de croissance durable ou de niveau d'emploi- que dans la limite du respect de la stabilité des prix. [...]
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