inflation, dette publique, indexation des prix
"Nous sommes dans une situation intermédiaire où des pressions inflationnistes et déflationnistes coexistent » a déclaré il y a peu M. Bezbakh, chroniquer au « Monde économie » et maître de conférence à l'université Paris-Dauphine. « Il est difficile de prévoir lesquelles vont prendre le dessus. L'inflation ne se décrète pas pour alléger la dette, mais on peut ne pas prendre de mesures restrictives en espérant… qu'elle va l'alléger.»
Pierre Bezhbakh décrit ainsi les tensions qui pèsent sur notre économie et la nécessité d'un choix qui doit se porter à l'échelle d'une dette qui prend aujourd'hui des proportions considérables en sortie de crise. La dette publique se définit comme l'ensemble des engagements financiers pris sous forme d'emprunts par l'État,les collectivités publiques et les organismes qui en dépendent.
En un an, entre la fin du troisième trimestre 2008 et celle du troisième trimestre 2009, celle-ci a bondi de près de 14 points en France, en pourcentage du produit intérieur brut (PIB). La zone euro et d'autres puissances économiques comme les États-Unis ont connu une progression similaire :
32% en Espagne, 45% en Irlande, 58% au Danemark, etc.
Si les États peuvent continuer à s'endetter car ils disposent encore de grandes marges de manoeuvre, il semble pourtant acquis aujourd'hui qu'il faudrait freiner la course à l'endettement.
Celui-ci pourrait, en effet, se traduire par des tensions sur les taux d'intérêt de long terme.
La question de son remboursement se pose alors : les perspectives d'une baisse des dépenses publiques et d'une hausse des impôts semblant difficile pour les ménages, le scénario de l'inflation comme allègement de la dette se profile dans les esprits. Il faut donc s'intéresser au mécanisme en question comme solution à la conjoncture actuelle mais surtout vers la compréhension de ce que sous-entend cette idée : l'inflation peut-elle se porter comme solution viable à la dette publique sans être préjudiciable à l'économie et à la croissance ?
[...] De plus, dans une économie française où le moteur de la croissance se trouve encore être la consommation, une hausse des prix risque de rogner le pouvoir d'achat des ménages, de désinciter l'investissement et ainsi de réduire les effets des politiques de relances qui visent à stimuler la demande. L'inflation comme issue à la dette publique pourrait-elle donc conduire à une impasse ? En effet, le mécanisme nécessite d'être relativement encadré pour être efficace. Il est difficile de déterminer s'il est possible d'aller au delà du dogmatisme et du mandat antiinflationniste prôné par la BCE ( Banque Centrale Européenne). [...]
[...] En effet selon Véronique Riches -Flores tant que ceux ci n'anticipent pas une hausse des prix, tout mouvement significatif d'une hausse des taux d'intérêt à long terme risque de couper court à toute reprise du crédit et donc de la croissance. De plus, dans l'hypothèse où celle-ci se réalise, le remboursement de la dette est loin d'être évident : en France de la rémunération de la dette publique est indexée sur l'inflation ( un retour de l'inflation se traduirait alors par une augmentation du coût des emprunts à taux variable). L'inflation comme remboursement de la dette aurait donc des chances de se cantonner à un mythe. [...]
[...] De plus, cette politique est alimentée par la crainte reconnue et le consensus anti-inflationniste présents en Allemagne. Ces sensibilités différentes par rapport à l'inflation risqueraient donc fort de freiner quelconque stratégie inflationniste. Le mécanisme de l'inflation est également difficile à décréter, en témoigne l'expérience économique japonaise de ces dernières années et plus encore à maitriser. Si la hausse des prix devient incontrôlable , une forte tension sur les marchés obligataires (celui des taux d'intérêt à long terme) surviendrait imposant alors aux banques centrales d'agir immédiatement et de remonter leurs taux. [...]
[...] Caroline Martinez 1 Économie Sciences Po Rennes 2010-2011 Argumentation : L'inflation est-elle la solution de la question de la dette publique ? "Nous sommes dans une situation intermédiaire où des pressions inflationnistes et déflationnistes coexistent a déclaré il y a peu M. Bezbakh, chroniquer au Monde économie et maître de conférence à l'université Paris-Dauphine. Il est difficile de prévoir lesquelles vont prendre le dessus. L'inflation ne se décrète pas pour alléger la dette, mais on peut ne pas prendre de mesures restrictives en espérant qu'elle va l'alléger. [...]
[...] De ce fait, les salaires ne suivant plus aujourd'hui automatiquement les prix, il en résulte une certaine pression salariale, accrue par le faible coût de la main-d'œuvre des pays émergents. De plus, il semble peu probable aujourd'hui qu'une spirale à la hausse des salaires puisse s'enclencher dans un tel contexte de montée du taux de chômage actuel. Si l'inflation est belle et bien une tentation, elle n'en est donc pas tout à fait une solution. Ce phénomène semble également aller à l'encontre d'une économie portée par la consommation et d'une société caractérisée par le vieillissement démographique ( en particulier, en France et dans la zone euro). [...]
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