L'hypothèse des anticipations rationnelles et le régime de politique économique

Résumé du document

La nature même de ces anticipations a été l'objet d'un large débat qui a abouti à la consécration dans le champ théorique de l'hypothèse d'anticipations rationnelles (1). Ce débat était d'autant plus âpre que le choix de l'hypothèse d'anticipations rationnelles aboutit à une révision totale de l'efficacité des politiques économiques dans le cadre de ce qu'on a appelé la Nouvelle Economie Classique (2)

Extraits

[...] Ainsi, une anticipation est dite rationnelle si elle résulte d'une utilisation optimale de l'information disponible : les agents utilisent au mieux toute l'information disponible. A cette fin, les agents disposent du même schéma interprétatif du fonctionnement de l'économie qui est supposé être le bon (c'est-à-dire, dans la bouche des tenants de la Nouvelle Ecole Classique, le modèle néoclassique : économie à l'équilibre, prix flexibles, etc.). Les agents peuvent donc parfaitement anticiper les effets d'une politique économique, c'est-à-dire totalement et sans retard. [...]

[...] La politique monétaire A la suite des travaux de Phillips (1958), Samuelson et Solow (1960), les économistes de la synthèse, en se fondant sur la courbe de Phillips qui est une relation inverse entre taux de chômage et taux d'inflation, concluent en la possibilité d'un arbitrage entre inflation et chômage. Ainsi en menant une politique monétaire expansive, on génère certes de l'inflation, mais on aboutit à une diminution du taux de chômage. Friedman (1957) en introduisant les anticipations adaptatives indique que l'arbitrage est possible à court terme, mais qu'à long terme, du fait des anticipations des agents, la courbe de Phillips devient verticale, empêchant tout arbitrage entre chômage et inflation. Sargent et Wallace (1975) radicalisent cette critique grâce à l'apport des anticipations rationnelles. [...]

[...] Aussi, les règles de droit doivent-elles s'appuyer sur des règles de comportement. Les règles de comportement permettent d'acquérir auprès des agents une bonne réputation en matière de lutte contre l'inflation, cassant ainsi les anticipations de forte inflation. Ainsi si l'on reprend le modèle de Barro et Gordon et que l'on répète un très grand nombre de fois la situation de jeu, le fait pour la Banque centrale d'adopter sur le long terme une stratégie de faible inflation, conduit les agents à avoir confiance dans les promesses de la Banque centrale et à adopter des anticipations de faible inflation, ce qui permet de sortir de la situation non-optimale de biais inflationniste. [...]

[...] Bien que le débat concernant la nature des anticipations ne soit pas clos, force est de constater que c'est l'hypothèse d'anticipations rationnelles qui est aujourd'hui le plus souvent retenue. Elle a en effet pour mérite d'être la seule à être en accord avec le postulat de rationalité des agents économiques qui est au fondement de la théorie économique dominante. Cette hypothèse d'anticipations rationnelles a été introduite pour la première fois dans un cadre macroéconomique cohérent par Lucas (1972) ce qui a conduit à l'émergence de la Nouvelle Economie Classique qui a revisité l'efficacité des politiques économiques Les anticipations rationnelles et la politique économique La politique économique est réductible à deux objectifs principaux : assurer le plein-emploi et la stabilité des prix. [...]

[...] Enfin, un gouvernement peut crédibiliser son comportement, en fondant sa réputation sur une personnalité conservatrice Rogoff (1985) estime ainsi qu'il faut nommer à la tête de la Banque centrale un conservateur, ayant une préférence pour l'inflation inférieure à la moyenne nationale. Ayant conscience de cela, les agents anticipent une faible inflation qui sera effective car le gouverneur ne souhaite pas une inflation supérieure à celle anticipée par les agents comme le supposait le modèle de Barro et Gordon. En conclusion, l'hypothèse d'anticipations rationnelles a conduit à une remise en cause radicale des politiques keynésiennes de relance et à la recherche d'une plus grande crédibilité des politiques de lutte contre l'inflation. Pourtant, les résultats obtenus reposent sur des hypothèses extrêmement fortes. [...]