Exposé sur l'hyperinflation brésilienne des années 1985-1995 et les politiques de stabilisation mises en oeuvre.
Dans le langage courant, l'hyperinflation est une hausse des prix extrêmement forte, accompagnée d'un effondrement de la valeur de la monnaie. L'économiste américain Cagan a précisé cette notion et sa définition est généralement retenue : l'hyperinflation commence lorsque la hausse des prix dépasse le rythme de 50% par mois. Derrière ce seuil arbitraire de 50%, trois caractéristiques de l'hyperinflation doivent être mises en évidence : d'une part, une hausse de prix à la fois exponentielle, incontrôlable et imprévisible, d'autre part une perte de cohérence des prix relatifs qui contribue à l'accélération de la hausse des prix, et enfin la perte des fonctions de la monnaie. La situation économique brésilienne à la fin des 1980 et au début des années 1990 répond à ces critères tout comme l'Autriche, la République de Weimar et la Hongrie entre 1921 et 1923. Cependant puisque les cas d'hyperinflation des années 1920 sont dus aux conditions de la défaite, comment expliquer l'hyperinflation brésilienne et comment est-on parvenu à l'enrayer ?
[...] Les doutes sur cette stabilisation restent cependant encore présents, et les faiblesses de l‘économie brésilienne, encore nettement visible après la crise argentine (2001) ne permettent pas d'assurer que la menace d'hyperinflation soit définitivement écartée. Bibliographie - Bresser Pereira L. C., «Economic crisis and state reform in Brazil Lynne Riener publishers - Bresser Pereira L. C. et Nakano Y., De l'hyperinflation à l'hyperstagflation in Tiers-Monde, mars-juin 1991 - Broué Pierre, Le Brésil de l'affaire Collor, L'harmattan - PALERMO V. et GOMES SARAIVA M., La gestion du Plan Réal et la crise financière au Brésil in Problèmes d'Amérique latine, avril-juin 1999 - SALAMA P. [...]
[...] C'est pourquoi on doit relativiser le succès du plan réal. La présidence Lula, pour l'instant, corrige ce déséquilibre budgétaire et pérennise la stabilisation monétaire en réduisant la dette publique au-delà des exigences du FMI. Conclusion : L'hyperinflation brésilienne est assez significative, avec ses propres particularités, du phénomène hyperinflationniste Sud-Américain qui d'ailleurs lui est contemporain (Argentine en 1991 ou Mexique en 1987). L'existence d'une inflation inertielle est mal comprise par les autorités politiques brésilienne, qui oscillent entre une planification rigoureuse et une pratique populiste (plan Cruzeiro en 1986) ; ainsi que par les autorités monétaires internationales qui privilégient une politique orthodoxe de libéralisation du commerce et de privatisations (Plans Collor I et II). [...]
[...] Mais la conséquence perverse de cette indexation généralisée est que toute hausse entraîne une hausse des autres prix et par conséquent l'inflation s'entretient elle-même : on parle d'inflation inertielle. Ceci explique en partie cette persistance d'une hyperinflation rampante. Mais qu'est-ce qui provoque soudainement une envolée des prix aussi marquée que le pic de la fin des années 80? - D'une part, la prise en charge par l'Etat fédéral de la dette extérieur du Brésil : 135 milliard de $ ce qui fait du Brésil le pays en développement le plus endetté vis-à-vis de l'étranger. [...]
[...] Son plan de stabilisation, le 9e depuis 1986, innove sur un point fondamentale : il s'attaque à la circularité de l'indexation de l'économie : les prix alignés les uns sur les autres dans une spirale inflationniste sans fin. Il brise cette circularité en instaurant un indice unique : toute l'économie est dès lors indexée sur l'URV (unité réelle de valeur), un indice dont la valeur en cruzeiros est déterminée quotidiennement en fonction du taux de change mois plus tard, l'URV est remplacée par une nouvelle monnaie, le real, défini à parité avec le dollar américain. Le premier mois du réal connaît une inflation de seulement (je vous renvoie au document 2). [...]
[...] Enfin le plan Collor promut une politique de consommation et non de réduction de la demande, qui est généralement employée pour maîtriser l'inflation. L'échec du plan fut rapide jours après le lancement du plan Collor le choc provoqué sur la production n'avait pas entraîné une reprise aussi rapide que prévue et l'inflation reprenait, Le plan Collor I était essentiellement orthodoxe, car le blocage (mesure hétérodoxe) des prix fût très rapidement abandonné. Il ne prenait pas en compte le caractère inertiel de l'inflation brésilienne et le déséquilibre des prix qui découle du caractère échelonné de l'ajustement des prix dans ce cas. [...]
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