Chaque jour, la culture gratuite conquiert de nouveaux territoires. Les échanges Peer to Peer (P2P) vient rappeler aux économistes que le don n'a pas disparu de nos sociétés. Le développement fulgurant du P2P a créé une véritable panique. L'industrie du disque a été la première touchée, celle du cinéma commence de l'être. Le secteur du livre semble mieux résister.
La gratuité ne date pas d'aujourd'hui. Le principe de gratuité prend son origine dans l'héritage des Lumières, qui nous ont légué une certaine idée de l'éducation démocratique. La gratuité de l'enseignement dans les écoles primaires publiques a été acquise en 1881. Le projet de Jules Ferry, qui s'inscrivait dans la ligne droite de la pensée de Condorcet, s'est organisé autour d'une opposition frontale entre le principe de charité et celui d'égalité.
À côté du savoir, l'accès à la beauté, librement, pour tous les citoyens a aussi été l'objet de débats. Le souci est autant politique et social qu'il est moral. La question de la gratuité des musées et de ses effets pervers a été relancée à la suite de l'élection de Nicolas Sarkozy à la présidence de la République. La musique, elle, connaît la gratuité depuis longtemps avec la radio.
Jusqu'au XIXe siècle, la création a été financée par les mécènes. Puis, il y a eu une double révolution à la fin du XIXe siècle : une révolution démocratique, avec l'invention de techniques de diffusion de masse et une révolution économique avec l'irruption de l'économie de marché dans le monde de la culture. On est alors passé de l'accès des seules élites à la culture à un régime de consommation de masse et d'un régime où les artistes étaient financés par leurs mécènes à un régime dans lequel ce sont leurs œuvres qui les rémunèrent (mécanisme juridique de la propriété intellectuelle).
Une période de transition est en cours : notre système s'oriente vers un troisième régime dans lequel les biens culturels seraient gratuits, il faudrait alors chercher d'autres mécanismes de financement des artistes et des œuvres.
[...] L'Internet a une emprise énorme sur notre vie quotidienne et marquera de son empreinte de plus en plus un monde de moins en moins matérialisable. Le réseau finira par s'échapper des ordinateurs pour se connecter à tous les objets du quotidien. L'Internet qui est aujourd'hui essentiellement des flux d'informations deviendra alors un Internet des objets. On parle de communautés de l'Internet, ces communautés se sont organisées autour de la notion d'échange gratuit. Parce que cela était possible. Un formidable moteur de croissance C'est un média en pleine croissance. C'est devenu un moteur de croissance pour l'ensemble des économies. [...]
[...] Les artistes vont-ils devoir vivre de la vente de produits dérivés ? Cela risque de jouer en défaveur de la diversité et de la qualité artistiques. Cette gratuité ne prépare donc pas à apprécier les œuvres, opprime les créateurs, favorise les best-sellers aux dépens de qui est neuf, fécond pour la suite Le gratuit n'est pas gratuit Un transfert interne des ressources au sein de l'économie de marché Il y a un transfert interne de ressources au sein de l'économie de marché. [...]
[...] La fin de l'économie de la Sierra Madre ? Les producteurs de contenus numérisables tentent de donner mauvaise conscience aux utilisateurs du P2P. Les majors du disque et du cinéma s'ingénient à inventer des moyens de dissuader ou faire payer ce que le progrès technique a rendu quasiment gratuit : l'échange de fichiers numériques. Ce que met en danger le P2P c'est l'économie de la Sierra Madre qui caractérise les industries culturelles (selon Pierre-Noël Giraud). C'est un concept économique apparu dans les années 1990 pour désigner les processus où le gagnant rafle tout C'est avant tout pour l'extrême concentration des gains dans les industries culturelles que le P2P est un danger puisque les fichiers copiés sont en grande majorité ceux des œuvres les plus médiatisées. [...]
[...] Face à la culture de la gratuité qui accompagne le développement de l'Internet, l'accès payant, ne semble plus être, à l'exception de quelques niches, un modèle rentable encore très longtemps. Pourquoi retarder l'inéducable gratuité puisque c'est un modèle qui ne fait plus école ? Un nouveau rapport à l'art et aux biens culturels est en train d'émerger Pourquoi retarder l'inéducable gratuité ? Un nouveau business model pour les industries culturelles L'Internet permet de créer de nouvelles applications et de nouveaux services. [...]
[...] Le téléchargement à sens unique n'est pas la norme. En matière de presse en ligne, la gratuité semble s'imposer à mesure que les budgets publicitaires se dirigent de plus en plus vers le Net. Le New York Times a rendu l'accès à son site Internet complètement gratuit. Sa stratégie fut motivée par les gains escomptés de la publicité en ligne qui permettrait au site d'être rentable sans les abonnements des lecteurs. Les majors de la musique rendent peu à peu les armes. [...]
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