Depuis la fin des années 1970, y a-t-il une crise économique de l’Etat ?

Résumé du document

Le terme "Etat" désigne une institution, moins détentrice du monopole de la violence légale comme le disait M. Weber, qu'une instance économique qui édicte les règles ou administre des dispositifs au sein desquels les individus se coordonnent. C'est l'agent économique qui nous intéresse ici, administrations publiques dans le vocabulaire de la Comptabilité nationale.

En suivant R. Musgrave, il a trois fonctions : production, redistribution et régulation. Il agit au niveau régalien, conjoncturel et structurel en menant des politiques économiques, combinaisons de politiques règlementaires, budgétaires et monétaires.

Depuis la fin des années 1970, y'a-t-il une crise économique de l'Etat ? La crise est un moment pathologique mais aussi, en suivant K. Marx, un moment de réécriture d'un avenir, sorte de « Janus bifrons ». L'économie est communément caractérisée comme en crise depuis les années 1970, voire de façon larvée pour certains auteurs (Ecole de la Régulation par exemple).

Mais ici, c'est de l'Etat dont il s'agit : on s'intéresse aux dysfonctionnements éventuels de cette institution dans ses missions, aux difficultés de cet agent économique pour remplir ses missions, voire dans la définition de ses missions.

Extraits

[...] 1ère partie : Depuis la fin des années 1970, le processus de mondialisation accélère la perte d'autonomie des Etats. A. Le processus de mondialisation affaiblit l'efficacité de mesures prises par un Etat seul. Que ce soit le GATT (General Agreement on Tariffs and Trade) ou l'OMC (Organisation Mondiale du Commerce) ou depuis les années 1980 avec la mondialisation financière (3D : Désintermédiation, Décloisonnement, Dérèglementation), la mondialisation des économies rend difficile une régulation dans le cadre de l'Etat comme pendant des décennies. [...]

[...] Il y a des éléments de crise de l'Etat producteur. L'analyse néoclassique de Marshall et de Pigou indique depuis les années 1920 que l'Etat doit pallier les défaillances du marché dans les cas de fournitures de biens publics et de présence d'externalités afin de ramener l'économie vers une situation Pareto optimale. Ceci est parfois difficile dans le cas où les phénomènes dépassent le cadre national, comme par exemple face aux questions climatiques et de rejet de dioxyde de carbone (CO2). [...]

[...] Depuis la fin des années 1970, y a-t-il une crise économique de l'Etat ? La place de l'Etat dans nos économies est une question récurrente : au Moyen-âge, par exemple, les corporations d'artisans avaient conquis, parfois les armes à la main, la possibilité de s'organiser librement, avant de disparaître à la fin du XVIIème siècle au fur et mesure que les sociétés rentraient dans la révolution industrielle. L'Etat désigne ici une institution, moins détentrice du monopole de la violence légale comme le disait M. [...]

[...] C'est plus largement un siècle après le retour de la question sociale de façon variable selon les pays. C. Il y a des éléments de crise de l'Etat régulateur. Le thème de la crédibilité (Kydland et Prescott, Nouvelle Economie Classique diminue actuellement la possibilité de mener des politiques économiques conjoncturelles. C'est le credo dominant mais rien ne garantit que cela dure. Déjà la crise des subprimes a sérieusement écorné cette croyance qui, depuis plus de vingt ans, a servi à justifier l'abandon de véritables politiques de plein-emploi. [...]

[...] Pour les pays de l'Union Economique Monétaire l'existence du Pacte de stabilité et de croissance ainsi que l'obligation de respect des critères dits de Maastricht sont une contrainte pour les Etats. Depuis la fin des années 1970, le processus de mondialisation accélère la perte d'autonomie des Etats. Aussi, en suivant la typologie proposée par R. Musgrave, plusieurs éléments de dysfonctionnement de l'Etat sont notables. En suivant K. Polanyi, en 1944, dans La grande transformation l'économique a peut-être eu tendance à se désencastrer de la vie politique et sociale et l'Etat à se défausser un peu facilement de ses responsabilités sur le dos de soi-disant forces du marché alibi bien commode. [...]