La France est le 5ème pays industriel au monde : l'industrie représente environ 30% de la population active (pour moitié en emplois directs manufacturiers et pour moitié via les services à l'industrie), elle assure 75% des exportations et l'essentiel des gains de productivité. Enfin, si l'on considère l'industrie au sens large (avec les services qui lui sont directement liés mais qu'elle a externalisés, les industries agroalimentaires, l'énergie et les industries de construction), elle est responsable de 43,7% du PIB.
Pourtant, ce secteur doit faire face à des défis considérables. Depuis les années 1970, l'emploi industriel recule, en France comme dans l'ensemble des pays industrialisés, et l'indice de la production industrielle est quasiment stagnant. Ce déclin persistant a conduit les économistes à parler d'un processus de désindustrialisation. Les causes en sont multiples : la mondialisation et les délocalisations, l'externalisation vers les services mais aussi le manque d'investissement et surtout le manque de stratégie industrielle, en d'autres termes, l'insuffisance de la politique industrielle.
La politique industrielle peut être définie comme l'ensemble des actions publiques ayant pour objectif d'agir directement ou indirectement sur la création, le développement et la diffusion de la production industrielle, dans le but final d'améliorer les performances du système productif.
Un éclairage doit toutefois être fait, la notion de politique industrielle désignant deux conceptions différentes :
- une conception volontariste et sectorielle, selon laquelle la politique industrielle « vise à promouvoir des secteurs qui, pour des raisons d'indépendance nationale, d'autonomie technologique, de faillite de l'initiative privée, de déclin d'activités traditionnelles, d'équilibre territorial ou politique méritent une intervention » (Rapport du CAE « Des politiques industrielles aux politiques de compétitivité en Europe », 2000). Cette approche a été celle de la France de 1945 jusqu'aux années 1980, avec le soutien à de grands programmes technologiques et industriels, dans le nucléaire, l'espace, l'aéronautique, l'électronique. A partir du « tournant de la rigueur » de 1983, la politique industrielle a été redéfinie, le soutien sectoriel étant progressivement abandonné et l'accent étant mis, dans le cadre de la construction européenne, sur le libre fonctionnement des marchés.
- une conception horizontale, la politique industrielle reposant alors avant tout sur le libre fonctionnement des marchés, permettant le développement de ce que les anglo-saxons nomment un « level playing field », c'est-à-dire des conditions de jeu égales pour les entreprises, agissant sans entraves. Dans cette conception, l'intervention publique en matière industrielle doit se limiter à l'élimination de toutes les difficultés règlementaires, notamment
celles qui empêchent les entreprises de se développer, ainsi qu'à la correction des défaillances du marché, lorsque celui-ci ne permet pas de financer la recherche et développement, par exemple.
Or, face aux évolutions inquiétantes, décrites précédemment, pour l'avenir de l'industrie française, il est légitime de s'interroger sur le rôle des autorités publiques. On peut ainsi se demander si l'heure n'est pas à l'émancipation vis-à-vis des modèles théoriques et exclusivement libéraux du « tout-marché » pour remettre en selle la politique industrielle de la France. En effet, les théories économiques standard ont prôné une politique industrielle minimaliste, se réduisant à la lutte contre les imperfections de marché. Or, face aux nouveaux enjeux de la mondialisation, on remarque depuis quelques années une réelle prise de conscience pour le renouveau de la politique industrielle dans notre pays. En effet, l'action des pouvoirs publics en matière de structuration et de développement de l'industrie apparaît comme légitime face aux risques engendrés par la désindustrialisation en terme de perte de compétitivité.
Il va donc s'agir de « refonder » la politique industrielle de la France : celle-ci doit viser à créer les conditions macroéconomiques et structurelles favorables à l'industrie, dans le respect du libéralisme économique. La politique industrielle doit donc consister en une politique d'environnement favorable aux entreprises, notamment en terme de concurrence, tout en mettant l'accent sur l'innovation et la R&D.
Ainsi, le déclin du secteur industriel en France semble s'expliquer du fait d'une politique industrielle minimaliste et limitée, ainsi que le prônent les théories standard et le modèle économique de l'UE (cf : politique de concurrence communautaire). Toutefois, face aux risques engendrés par ce déclin industriel, une politique industrielle en France semble légitime dès lors que celle-ci consiste en une politique d'environnement favorable aux entreprises, notamment en terme de concurrence, tout en mettant l'accent sur l'innovation et la R&D.
[...] - L'Etat doit participer au capital d'un certain nombre d'entreprises, lorsque les intérêts nationaux sont en jeu. - Réviser et assouplir le cadre de la politique européenne de la concurrence : toute l'action économique de la Commission est fondée sur un modèle rigoureux du tout concurrence Ce modèle, qui a fait ses preuves, n'est plus adapté à la nouvelle donne mondiale. Il convient, en conséquence, d'introduire dans les traités européens, le concept de politique industrielle, pour contrebalancer les articles relatifs aux règles de la concurrence interprétés de manière trop dogmatique par la Commission. [...]
[...] En effet, l'accent a été mis très tôt sur des mesures de type horizontal notamment par l'outil de la politique de concurrence. Dans le Traité de Rome, le chapitre consacré aux règles de concurrence dresse la liste des obstacles, interdits ou restrictions à des pratiques relevant de la mise en œuvre de mesures verticales comme les transferts ou la protection réglementaire. Dès lors, la marge de manœuvre des Etats est apparue fortement réduite par cette priorité absolue accordée à la concurrence, au détriment de la coopération inter-entreprises et des aides d'Etat. [...]
[...] On constate en effet pour la France que la croissance des services à l'industrie est particulièrement dynamique en 2005, contre pour les services en général). L'industrie a un effet d'entraînement sur l'ensemble de l'économie. Elle joue un rôle déterminant dans l'innovation, qui a des répercussions sur les autres secteurs (par exemple dans le domaine des technologies de l'information). Il serait donc faux de penser que la désindustrialisation peut être compensée par une spécialisation dans les services. L'industrie joue un rôle essentiel dans l'économie et l'économie nationale ne peut développer ses services à l'industrie sans qu'ils soient fondés sur une forte industrie manufacturière. [...]
[...] politique de concurrence communautaire). Toutefois, face aux risques engendrés par ce déclin industriel, une politique industrielle en France semble légitime dès lors que celle-ci consiste en une politique d'environnement favorable aux entreprises, notamment en terme de concurrence, tout en mettant l'accent sur l'innovation et la R&D. Le déclin du secteur industriel en France semble s'expliquer du fait d'une politique industrielle minimaliste et limitée, ainsi que le prônent les théories standard et le modèle économique de l'UE Le déclin du secteur industriel français s'accélère depuis une vingtaine d'années Le déclin (ou décrochage) de l'industrie française se caractérise par plusieurs faits marquants : - une baisse de l'emploi industriel tendancielle (emplois directs manufacturiers): de 1990 à 2004, la part de l'emploi industriel en France est passée de 19,5% à 14,8%. [...]
[...] Néanmoins, toute politique industrielle en France doit se faire dans le cadre de l'UE. Or, actuellement, la configuration historique de la politique industrielle communautaire limite les marges de manœuvre nationales. La situation de l'industrie nécessite donc une révolution conceptuelle : la Commission, au premier chef, et certains Etats de l'Union doivent remettre en cause leurs certitudes et leur dogme pour faire face à la réalité de la mondialisation. La pérennité de l'industrie européenne commande obligatoirement le renouveau de la politique industrielle. [...]
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