Faut-il craindre un retour du protectionnisme ? - avantages et risques face au libre-échange

Résumé du document

Le gouvernement espagnol lançait en 2009 une campagne d'information destinée aux consommateurs espagnols basé sur un message des plus clairs : si vous « achetez local », 120 000 emplois pourront être sauvés. Ce type de chantage faisant appel au patriotisme économique est officiellement vivement critiqué; pourtant des mesures semblables, voire protectionnistes, ont été prises dans de nombreux pays depuis le déclenchement de la crise économique.

Il y a protectionnisme lorsqu'un pays cherche à protéger son marché de la concurrence internationale à travers différents outils tels que les droits de douane, les quotas, les normes techniques ou encore les subventions. Faut-il craindre alors un retour du protectionnisme avec la crise ? Peut-on réellement parler d'un retour ? Des mesures protectionnistes sont-elles automatiquement néfastes ?

Extraits

[...] Ces théoriciens d'un protectionnisme européen ont toutefois le mérite de mettre en question ce que E.Todd appelle la doctrine panglossienne du libre-échange dans son ouvrage Après la Démocratie et de poser la question de sa pertinence actuelle. Ramener le problème à un choix radical entre tout protectionnisme et tout libre-échange est simpliste et constitue un aveuglement idéologique à proscrire en temps de crise. Dans cet ouvrage il revient aussi sur la nécessaire correspondance entre espaces économiques, sociaux et politiques, ce qui n'est pourtant pas le cas aujourd'hui. Le libre-échange ne pourra pourtant que fonctionner dans le cadre d'une aire politique avec des règles respectées par tout le monde. [...]

[...] En ces temps de crise, les économies les plus puissantes du monde sont en effet tentées par un retour au protectionnisme après avoir prôné le libre-échange pendant des années. Les faits parlent d'eux-mêmes : le Buy American Act proposé par le Congrès américain, le plan de sauvetage de l'automobile française; et surtout, pour la première fois depuis 1982, le commerce mondial devrait chuter. Si ce recul est principalement imputable à l'effondrement de la demande mondiale, il pourrait être amplifié par un réveil des tensions protectionnistes, d'où la récurrence de cette thématique en des termes négatifs dans les médias. [...]

[...] De plus si les subventions accordées par les États à certains secteurs ont été très critiquées au nom du libre-échange (par exemple dans le domaine agricole), nous assistons au développement de subventions indirectes sous forme d'avantages fiscaux beaucoup plus difficiles à détecter et à évaluer. Nous remarquons donc que les États sont depuis longtemps tentés par les mesures protectionnistes, cependant ce retour de la thématique de la tentation protectionniste est-il seulement justifié ? En effet comme nous venons de le voir le protectionnisme a toujours existé, ses formes sont simplement devenues plus subtiles. [...]

[...] Avec un protectionnisme européen ciblé et ponctuel, il serait possible d'éviter la tentation d'un protectionnisme national et xénophobe. Néanmoins, ces théories sont vivement critiquées. Elles sont en effet souvent accusées d'être éloignées de la réalité et de n'avoir su cerner le vrai problème. La situation de l'emploi en France est-elle seulement liée aux importations des pays à bas salaires ? Ces dernières ne représentent qu'un peu plus de 10% de nos importations (dont la plupart pour des biens qui ne pourraient être produits en Europe). [...]

[...] Faut-il craindre un retour du protectionnisme ? Le gouvernement espagnol lançait en 2009 une campagne d'information destinée aux consommateurs espagnols basés sur un message des plus clairs : si vous achetez local emplois pourront être sauvés. Ce type de chantage faisant appel au patriotisme économique est officiellement vivement critiqué; pourtant, des mesures semblables, voire protectionnistes, ont été prises dans de nombreux pays depuis le déclenchement de la crise économique. Il y a protectionnisme lorsqu'un pays cherche à protéger son marché de la concurrence internationale à travers différents outils tels que les droits de douanes, les quotas, les normes techniques ou encore les subventions. [...]