Depuis le 1er janvier 1999 (début de la phase III du passage à l'euro), la mise en place de la monnaie unique modifie considérablement les conditions d'exercice des politiques économiques des pays de la zone euro. Désormais, la politique monétaire européenne est menée par le système européen de Banques centrales (SEBC), composé de la Banque centrale européenne (BCE), qui remplace l'Institut monétaire européen (IME), et des Banques centrales nationales. Par définition, les pays membres de l'Union perdent toute autonomie en matière de politique monétaire. Ainsi, la BCE impose ses décisions à l'ensemble des pays européens et détermine le taux d'intérêt directeur commun à toute la zone monétaire. Le traité de Maastricht stipule que la mission première de la BCE est de maintenir la stabilité des prix en Europe.
[...] Les pays européens ont été contraints de suivre la politique monétaire du pays ayant la monnaie la plus stable, à savoir l'Allemagne. Ainsi la Bundesbank prenait en matière de politique monétaire des décisions reprises ensuite par les autres Banques centrales de l'Union, qui disposaient donc d'une marge de manœuvre assez étroite. L'union monétaire européenne permet de rééquilibrer les pouvoirs monétaires des banques centrales européennes, alors que jusque-là, la Bundesbank imposait ses choix. Certains pays étaient contraints de suivre une politique monétaire inadaptée à leur conjoncture économique dans le but de suivre la politique de l'Allemagne. [...]
[...] La BCE n'a pas à ses côtés une autorité politique comparable à un gouvernement. A ce sujet, plusieurs interprétations étaient envisagées. La première préconisait le renforcement du Conseil des ministres (Ecofin) afin de contrebalancer le pouvoir monétaire de la BCE. La seconde prônait une organisation précise de la circulation des informations entre les Etats nationaux et la BCE ; elle combinait la centralisation de la politique monétaire avec la décentralisation des politiques budgétaires et fiscales. Aujourd'hui, les six membres du Directoire ne font pas le poids face aux onze banquiers centraux nationaux dans des votes à la majorité simple. [...]
[...] Le traité de Maastricht prévoit des contacts entre la BCE et le Parlement européen. Lors de son discours du 26 mai 1998 au Parlement européen, Y. T. de Silguy (membre de la Commission institutionnelle du Parlement européen) explique que les membres du Directoire "pourront être entendus par les commissions compétentes du Parlement européen, à l'instar des auditions du Président de la FED [Federal reserve system] devant le congrès américain". Par ailleurs, les membres du Directoire sont nommés pour huit ans non renouvelables, ce qui exclut les attitudes de complaisance dans le but de voir renouveler son poste. [...]
[...] En réalité, la BCE est encore plus indépendante (nous l'avons vu dans la première partie) ; en effet, contrairement à elle, la Bundesbank peut financer les déficits publics et la FED peut stimuler la croissance lorsque cela est nécessaire. La BCE a pour seul objectif la maîtrise de l'inflation. D'autre part, Jean Paul Fitoussi parle d'une "incertitude quant au comportement des autorités monétaires et quant au comportement des autorités politiques, dans la mesure où l'on ne sait pas encore quel sera le contrepoids politique à la BCE"(1996). [...]
[...] En effet, une politique budgétaire expansionniste peut, en entraînant une hausse de l'inflation, obliger la BCE a maintenir des taux d'intérêt élevés. Par ailleurs, l'Union Européenne peut être confrontée à des divergences d'objectifs entre la politique de change définie par le Conseil de l'Europe et la politique monétaire définie par la BCE. Les différences de réactions des pays de la zone euro face à des mesures monétaires de la BCE constituent le second obstacle à l'efficacité de la politique monétaire européenne. [...]
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