Euro, bilan, échec, monnaie unique, Europe, identité européenne
Napoléon dans sa « dictée à Sils Maria », sorte d'ode à l'Europe en juillet 1815, prophétisait en ces termes : « la monnaie à elle seule va forcer l'Europe à former un ensemble ». L'euro a en effet rendue l'Europe plus cohérente par sa nouvelle indépendance prise face à la suprématie du système monétaire international dominé par le dollar, mais l'euro a aussi cimenté l'Union en ce qu'il a créé des mécanismes d'interdépendances entre pays et exacerbé les échanges. L'Europe a traversé des crises économiques autrement plus sévères du temps où l'euro n'existait pas, il est donc réducteur de dire que l'idée de monnaie unique est le nœud du problème et l'origine de tous nos maux économiques. C'est l'utilisation que l'on a fait de l'euro, c'est le manque institutionnel, le non-respect certains critères d'optimalité et une idéologie libérale-monétariste phagocytant toutes les alternatives possibles, notamment en terme de plans de relances, qui orientent la monnaie unique vers une mauvaise acception et une image très contestée, qui plus est dans notre contexte de récession ou de stagnation. Ainsi, l'euro contient le germe du pire comme du meilleur, tout dépend de la manière dont on l'utilise et nous pouvons penser ici à l'enjeu non négligeable d'un fédéralisme. Mais il est certain qu'abandonner cette monnaie unique reviendrait à se défaire du vœu d'une finance et d'une économie plus puissantes car pouvant disposer de leviers synergiques.
[...] L'euro n'est pas encore un échec. Mais s'il devait l'être, ce serait d'abord celui de la doctrine ordolibérale appliquée à une zone hétérogène dominée par des intérêts nationaux. En effet, jusqu'à présent, l'Union a voulu résoudre la quadrature du cercle en conciliant l'existence de l'euro et le maintien des souverainetés budgétaires nationales. Pour avancer, elle a choisi une BCE indépendante arc-boutée sur l'inflation et un encadrement rigoureux des finances publiques. Il en est résulté une dépolitisation de l'Europe et une méfiance envers une construction qui fait peser le poids de l'ajustement sur les plus faibles en cas de crise. [...]
[...] Un consensus s'établit en effet autour de l'idée que le policy mix « à la Keynes » est désormais dépassé. Toutefois, des économistes pointaient déjà la fragilité d'une construction qui face à des chocs se prive de la réactivité des politiques budgétaires. La crise actuelle tend à leur donner raison car les politiques de relance sont bridées par les contraintes des traités européens. Les chocs économiques : Un choc économique est un évènement qui affecte de façon brutale et pour une longue durée une économie nationale. Lorsque plusieurs économies subissent le même choc, on parle de choc symétrique. [...]
[...] Les épargnants en ont aussi profité : leurs économies ne fondent plus comme neige au soleil, comme c'était encore le cas dans les années 1970 et 1980. De plus la stabilité des prix favorise les exportations en maintenant la compétitivité par les prix sur les marchés internationaux des biens et services. Des avantages externes : Vis-à-vis du monde extérieur, l'euro nous protège. Si le franc avait encore existé en 2003, il n'est pas certain que la France aurait pu avoir une position aussi affirmée contre les Etats Unis à propos de l'Irak. [...]
[...] L'Etat, les institutions et la loi doivent fournir le cadre qui assure son existence et son bon fonctionnement. Le traité de Lisbonne et le traité de Maastricht vont dans ce sens en instaurant une forme de constitutionnalisation de l'économie et de la monnaie. Alors que le libéralisme anglo-saxon se fonde sur un « ordre naturel » qu'Adam Smith décrit comme une « main invisible », l'ordolibéralisme veille à ce que la recherche des intérêts individuels ne s'oppose pas à l'intérêt collectif. [...]
[...] Si le dollar reste la principale monnaie de transaction à l'échelle globale, les voisins de l'Union européenne utilisent de plus en plus l'euro : c'est le cas de l'Europe centrale et orientale dans les Balkans. Un jour peut-être il sera possible d'acheter pétrole et gaz en euros : ce sera alors un grand progrès pour l'Europe de ne plus subir les fluctuations du dollar. Plus sérieusement, l'euro représente aussi pour l'Europe l'espoir de peser plus dans les instances financières internationales. Si les européens n'allaient pas au Fond monétaire international en ordre dispersé, ils seraient mieux entendus. CONCLUSION: QUELLES PERSPECTIVES ? [...]
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