En posant la question de cette manière le sujet ne considère paradoxalement pas comme évident que l'économie politique soit une science. Pour savoir si ces deux termes entrent en coïncidence il va donc falloir, à travers leur définition et leur évolution, établir les éléments qui les assimilent ou peut-être les différencient. L'économie est-elle une science 'dure' comme le suggère parfois sa formalisation mathématique, ou à l'inverse une science 'molle'? La question plus générale sous-entendue par le sujet est de savoir dans quelle mesure les sciences humaines sont des sciences, et même peut-être de définir ce qu'est une science
[...] L'aspect anxiogène du passage à l'Euro montre bien que l'incertitude reste une variable incontournable. Un récent article publié dans les échos 18.508 du 12/10/01 fournit à ce titre une excellente synthèse de cette remise en question de l'universalité scientifique. Pour reprendre l'exemple du prix d'équilibre on s'aperçoit que bien loin d'être une simple intersection sur une courbe il devient à la fois le rapport entre l'offre et la demande, le comportement des agents qui l'offrent et de ceux qui le demandent ainsi que les institutions qui encadrent son marché. [...]
[...] L'attribution du prix Nobel d'économie depuis 1962 est bien la marque de reconnaissance de l'économie politique comme véritable science. Mais qu'en est-il quand l'incertitude vient se placer dans cet axiomatique, quand la théorie économique rentre directement en interaction avec la réalité ? 2 L'axiomatique face à la réalité A L'incertitude en économie Il n'est pas question de remettre en cause ici la rationalité et la logique des différentes théories économiques comme par exemple celles sur les lois d'offre et de demande(d'ailleurs un récent livre intitulé Expériments with Economic Principles de Théodore C.Bergstrom et John H Miller montre comment dans une classe ,en attribuant la meilleure note à celui qui réalisera le meilleur profit ,les différentes théories économiques comme celle de l'offre et de la demande ,du monopôle, des effets externes, etc. [...]
[...] nous pouvons clairement répondre par l'affirmative. L'économie n'est pas de la magie ou de l'astrologie, c'est une science avec ses évolutions, ses révolutions, ses contradictions comme le suggère l'article de Izraelewicz. C'est tout simplement la plus dure des sciences molles Ainsi la formalisation mathématique n'est qu'un habillage simplificateur, l'efficacité thérapeutique apparaît bien aléatoire et si les connaissances actuelles peuvent expliquer hier elles ne peuvent que partiellement décrire le lendemain. Mais attention cela ne veut pas dire que tout discours économique est à rejeter mais qu'ici plus qu'ailleurs il n'y a pas de vérité objective Paradoxalement en intégrant l'incertain à sa base paradigmatique, et en dépassant l'angoisse du doute, l'économie ouvre une porte sur la redécouverte, l'imagination, la liberté et le désir, et peut-être même la poésie Comme le disait H Matisse la vérité n'est pas l'exactitude ! [...]
[...] Ex :Un article de JP Maréchal publié dans la revue Esprit de juillet 2001 et intitulé : Critique d'un lieu commun : l'économie comme science développe cette remise en question de la scientificité de l'économie politique : Ainsi avancer la thèse selon laquelle les vaches sont des invertébrés n'entraîne aucune transformation anatomique de ces ruminants. Il n'en va pas de même en économie ou les modèles économiques appartiennent à la réalité économique elle-même et contribuent, via les représentations dont ils sont porteurs, à sa transformation Il parle alors de façonnage mutuel Cet aspect fondamental ne permet donc pas de placer l'économie dans la catégorie des sciences dures. Il apparaît alors que l'économie, bien loin de décrire une vérité universelle est plus une construction du réel. [...]
[...] L'autonomie individuelle développé par l'individualisme méthodologique ne prend pas en compte les différents facteurs relationnels des décisions économiques qui dépend autant du contexte culturel, historique, social ou idéologique que de la raison. Le postulat rationnel, s'il n'est pas remis en question, est en tout cas complexifié par la prise en compte de l'incertitude ; de toute évidence l'écart entre théorie et réalité(comme l a montré la relativité des différents modèles macro-économiques et notamment les solutions keynésiennes) ne permet de confier à l'économie politique le statut de science dure. La simplification des comportements humains à l'intérêt et l'égoïsme ne rend pas compte d'une certaine réalité. [...]
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