Dans la litanie économique actuelle, on trouve deux positions tranchées quant à l'euro. Certains voient en la monnaie unique, ou plus en la transition vers la monnaie unique, la cause de tous les problèmes économiques actuels, eu égard à la politique monétaire restrictive qu'elle impose. D'autres pensent au contraire que la politique monétaire n'est plus un instrument efficace car l'autonomie des politiques monétaires nationales a déjà largement été entravée par la mise en place du marché unique et des quatre libertés. Selon cet argument, la liberté de mouvement des capitaux associés à un système de taux de change quasi fixe (SME) signifie la perte de toute autonomie monétaire. Ainsi, l'Union européenne s'est transformée en une vaste zone Mark et par conséquent, faire l'UEM ne serait pas un coût mais au contraire l'unique opportunité de partager la décision monétaire avec l'Allemagne.
Ainsi, le débat sur l'euro est toujours d'actualité et il semblerait que la réponse à la question posée se situe, comme bien souvent en économie, non pas dans l'une ou l'autre de ces positions maximalistes mais plutôt dans une voie médiane. L'enjeu de la monnaie unique dépasse le strict cadre de la théorie économique ; il convient en effet de replacer le débat sur les répercussions de l'euro au sein d'une réalité plus complexe qu'est celle de l'intégration européenne dans son ensemble. En outre, les coûts et avantages de l'euro ne seront analysés ici que de manière statique, c'est-à-dire une fois celui-ci mis en place.
Nous analyserons donc respectivement les coûts et avantages d'une monnaie unique européenne ; puis nous les comparerons grâce à deux modèles qui nous permettront de synthétiser les enseignements de cette comparaison, avant de conclure sur le bien-fondé ou non de cette vaste entreprise européenne qui représente à n'en pas douter le principal objectif de l'Union européenne au tournant du troisième millénaire.
[...] - L'Euro peut pénaliser les Etats-membres à forte croissance Taux de croissance du PIB en Europe, 1981-1990 et chiffres 1996 Source: Commission européenne Ces différentiels de taux de croissance peuvent engendrer des problèmes importants en termes de balance commerciale dans le cadre de la formation d'une union monétaire. En effet, soient deux pays A et B dont les importations ont des élasticités revenu similaires. A taux de croissance différents, le pays à forte croissance connaît un déficit de sa balance commerciale. La seule solution est alors la désinflation compétitive, avec les coûts de court terme qu'elle implique. [...]
[...] Dans ce cas, puisqu'ils n'ont plus le pouvoir de créer de la monnaie, ils ne sont plus à l'abri de la faillite! S'il ne s'agit que d'un cas d'école, ce scénario a le mérite de souligner de façon radicale la logique d'un système de monnaie unique. Ainsi, à l'intérieur d'un pays où circule une même monnaie, il n'y a que deux issues aux contre performances systématiques de certains agents: la faillite ou l'intervention d'un prêteur de dernier ressort qui exprime ainsi l'existence d'une certaine solidarité financière entre les membres de la Communauté. [...]
[...] Ces Etats peuvent utiliser l'instrument du taux de change pour pallier ces différences mais il existe aussi des alternatives. Ces alternatives étant souvent plus coûteuses que l'utilisation du taux de change, la formation d'une union monétaire pourrait avoir plus d'inconvénients que d'avantages. Les principales critiques adressées à la théorie de Mundell A. Les différences qui existent de facto entre les pays sont-elles assez importantes pour représenter un obstacle à une union monétaire? - Doit-on redouter l'apparition d'un choc asymétrique de demande? [...]
[...] Ceci étant, les gouvernements disposent d'autres moyens de relance que la voie monétaire. Dès lors, l'Euro ne contraint pas forcément un gouvernement dans sa capacité à s'accommoder des demandes syndicales et l'on peut donc s'attendre à différents comportements de la part des syndicats, même si les différences seront sans doute moins prononcées qu'auparavant. En outre, les structures syndicales européennes sont loin d'être identiques et centralisées dans leur ensemble. On peut donc conclure, à l'encontre du modèle Solow-Mac Donald, que les différences institutionnelles sur les marchés nationaux du travail continueront d'exister avec l'Euro. [...]
[...] Une mobilité des travailleurs suffisante 2. Une flexibilité des salaires suffisante Un autre facteur important permet de lisser les difficultés potentielles: la présence d'un système fiscal centralisé qui permet d'organiser des transferts d'une "région européenne" à une autre. Eu égard à la faible probabilité qu'aucun de ces trois mécanismes ne fonctionnent efficacement dans le cas européen, on serait donc tenté de conclure qu'une union monétaire entre deux pays européens faisant face à un choc asymétrique n'est pas souhaitable C. L'Euro contraint les spécificités nationales: - L'Euro impose aux Etats-membres de renoncer à leurs préférences en termes d'arbitrage inflation/chômage: Deux pays sont liés entre eux par la parité de leur pouvoir d'achat: E = PI P All , avec e = taux de dépréciation de la lire par rapport au mark Si l'Allemagne et l'Italie décident former une union monétaire, alors ce taux de dépréciation doit être nul, ce qui implique que leurs taux d'inflation doivent être équivalents. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture