Installée en juin 1998, la Banque Centrale Européenne a un objectif primordial défini par le Traité de l'Union Européenne (TUE, Maastricht): la préservation de la stabilité des prix. C'est dans le cadre de cet objectif essentiel que s'est posée la question de la stratégie à mettre en place pour appréhender toutes les situations possibles de la zone euro.
La BCE, pour atteindre son objectif de préservation de la stabilité des prix, s'appuie donc sur deux « piliers » : un pilier monétaire et un pilier économique regroupant tout un ensemble d'indicateurs. Ces deux piliers ne doivent certainement pas être confondus avec l'objectif principal de la BCE, mais permettent une évaluation générale des risques pesant sur la stabilité des prix, fondant ainsi la prise de décision du Conseil des gouverneurs.
Les critiques faites à la BCE depuis sa création ont porté principalement sur l'objectif principal de stabilité des prix. Pourtant, la stratégie des « deux piliers » sur laquelle il repose n'a pas non plus été épargnée.
[...] La BCE examine donc les évolutions de la production, de la demande, des marchés du travail, du taux de change et de la balance des paiements. Elle examine aussi les évolutions des indicateurs sur les marchés financiers car les variations des prix des actifs peuvent avoir des effets sur les prix au moyen d'effets de revenu et d'effets de richesse ou peuvent servir à déduire les anticipations des marchés financiers. Une telle stratégie est nécessaire dans un monde d'incertitude La BCE agit dans un environnement d'une incertitude considérable (voir les travaux de Knight) qui revêt des formes diverses. [...]
[...] La BCE s'est toujours défendue de privilégier l'un des deux piliers par rapport à l'autre. Pourtant, il apparaît assez clairement que la simplicité de compréhension du pilier monétaire, et sa réduction assez simpliste au taux de croissance annuel de M3 semblent indiquer aux acteurs que la BCE privilégie ce pilier dans la mise en place de la politique monétaire. En effet, le deuxième pilier n'apparaît que comme un vaste regroupement d'indicateurs économiques et financiers déjà souvent divergents. Un exemple simple : des entrepreneurs, en ouvrant le bulletin mensuel de la BCE se rendent compte d'une augmentation supérieure à de M3 (première donnée statistique dévoilée) et dans le même temps d'une certaine confiance dans le pilier économique, mais le tout caché dans des dizaines d'indicateurs différents. [...]
[...] Cela a donc encouragé les acteurs économiques à voir dans la politique monétaire de la BCE un effet de sa préférence pour le pilier monétaire. Dans le même temps, la réforme du contenu du deuxième pilier n'a toujours pas été mise en œuvre. L'OCDE, dans une publication du 14 janvier 2009 intitulée l'Etude Economique de la zone euro a elle-même très clairement regretté l'absence de réelle communication, de transparence et de compréhensibilité de la stratégie à deux piliers, alors même que ce sont ces objectifs qui sont à l'origine de cette stratégie. [...]
[...] Pourtant, la stratégie des deux piliers sur laquelle il repose n'a pas non plus été épargnée. I La stratégie à deux piliers distincts de la BCE fonde une politique monétaire robuste dans un environnement incertain La BCE a adopté une stratégie reposant sur deux piliers bien séparés Le pilier monétaire La BCE s'est, pour ce premier pilier, inspirée de l'expérience d'autres banques centrales et a décidé de donner un rôle de premier plan à la monnaie, qu'elle considère donc comme étant son premier pilier Ce choix reflète avant tout les théories économiques monétaristes et, plus généralement, les observations empiriques de nombreux économistes, qui donnent une origine avant tout monétaire à l'inflation à moyen et à plus long terme. [...]
[...] La stratégie même de la BCE incarne donc cette approche en termes d'information totale prenant en compte différentes interprétations d'informations. Ce cadre réduit donc les risques d'erreurs de décision et facilite l'adoption d'une politique monétaire robuste dans un environnement incertain. II La complémentarité des deux piliers est une véritable innovation qui n'est sans doute pas exempte de critiques. Les deux piliers se complètent de manière innovante Raisonner sur un seul pilier semblerait aujourd'hui tout à fait inadéquat. Ainsi, les décisions de la BCE ne pourraient d'abord pas reposer uniquement sur le pilier monétaire. [...]
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