Politiques monétaires, crise financière, banques centrales, communauté financière, Fed
Jeudi 7 avril, la BCE a augmenté son principal taux directeur de 0,25 point à 1,25%, mettant ainsi fin à près de deux ans de stabilité des taux à 1% en réaction à la crise financière. Même si la BCE avait préparé la communauté financière à cette décision justifiée par le regain de l'inflation et par la santé retrouvée de l'économie allemande, principal moteur de la zone euro, ce mouvement constitue une véritable rupture. C'est la première fois depuis sa création que la BCE opère une remontée de son taux directeur avant la Réserve Fédérale. Le fait est d'autant plus significatif que la Fed a encore récemment affirmé, malgré un retour à une croissance enfin créatrice d'emplois aux USA, que la politique de taux zéro perdurerait ces prochains mois. Après la coordination ayant présidé pendant une crise où les banques centrales avaient adopté une même politique de mesures conventionnelles et non-conventionnelles (parfois simultanément voire concomitamment), les divergences de vue semblent ainsi renaître entre une BCE soucieuse de lutter contre l'inflation et une Fed davantage préoccupée par la croissance. Est-ce à dire que le vieux débat entre inflation et croissance resurgit après avoir semblé définitivement évacué par la crise ? Les défis auxquels les banques centrales sont aujourd'hui confrontés sont-ils les mêmes que hier ou sont-ils révolus ?
[...] Ainsi certaines banques centrales se sont engagées à maintenir leurs taux directeurs à un très bas niveau pendant un certain temps. C'est ce qu'a fait la FED en décembre 2008, en déclarant qu'elle était prête à laisser les taux d'intérêt inchangés pendant une période indéterminée. Le 2e type de mesures est constitué par un assouplissement du crédit (ou Credit Easing Le principe est que la banque centrale se substitue aux banques commerciales et au marché pour financer directement l'économie. L'une des mesures classiques de ce Credit Easing est l'élargissement des titres refinancés par la banque centrale : c'est une des mesures adoptées par la BCE puisque la liste des titres et des créances que les banques doivent apporter à l'Eurosystème pour bénéficier de ses prêts a été considérablement élargie, ce qui a presque doublé la capacité de refinancement de ces banques. [...]
[...] En effet, à long terme, les politiques budgétaire et monétaire sont interdépendantes. Mais à court terme, celles-ci sont totalement indépendantes et il n'y a donc pas de consensus au sein des économistes. C'est pourquoi on a pu imposer des banques centrales indépendantes. Les tenants de la coordination ont toutefois deux arguments importants : D'un point de vue politique, sans coordination, le gouvernement et la banque centrale peuvent jouer l'un contre l'autre et rejeter la faute sur l'autre lorsque les indicateurs macroéconomiques sont dans le rouge : c'est ce qui a eu lieu dans les années 2000, lorsque les gouvernements ont fortement critiqué la politique de la BCE. [...]
[...] Toutes ces mesures non conventionnelles ont permis aux banques centrales de conserver des instruments efficaces de politique monétaire. Néanmoins, se pose aujourd'hui un défi pour les banques centrales Comment lutter contre les effets négatifs de ces mesures et comment appréhender le retour à la normale ? En effet, la création monétaire porte en elle-même le risque d'inflation. On voit là le paradoxe : les banques centrales ont adopté pendant des années des politiques conventionnelles visant à lutter contre l'inflation et ont eu recours aujourd'hui à des mesures non conventionnelles qui, au contraire, la favorisent. [...]
[...] Les défis auxquels les banques centrales sont aujourd'hui confrontés sont-ils les mêmes que hier ou sont-ils révolus ? Nous verrons dans une première partie que les banques centrales ont été confrontées avec la récente crise à quantité de défis conjoncturels largement inédits qui les ont contraintes à innover en adoptant des mesures non-conventionnelles. Nous verrons ensuite dans une deuxième partie que l'unanimité autour des réponses à la crise contraste avec les divergences sur les moyens et la cadence du retour à la normale, révélant des problèmes d'ordre structurels déjà présents avant la crise et qui seront au cœur de l'après crise. [...]
[...] Mais ils sont aussi marqués par la demande d'obligation par les non-résidents. L'appétit chinois pour les obligations US est ainsi un des facteurs d'explication du fameux conundrum de 2005/07 (inversion de la courbe des taux aux US) et pourrait ainsi priver d'efficacité la politique monétaire (sauf sanction des excès d'endettement) Sans être remise en cause, l'indépendance des banques centrales pose le problème de la coordination entre politique monétaire et politique budgétaire La banque centrale doit-elle coordonner son action avec le ou les gouvernements, ou du moins doit-elle entretenir un dialogue permanent avec eux ? [...]
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