Les décisions publiques sont-elles rationnelles ?

Résumé du document

En 2009, l'Etat Français met en place une politique publique concernant une campagne de vaccination massive afin de lutter contre l'épidémie de grippe A. Ce choix va très vite être critiqué au vue de l'échec de cette campagne. L'Etat se défendra en avançant l'argument de la prévention, mais plus que l'échec d'une politique publique, cet exemple nous pousse à nous interroger sur la rationalité des actions publiques.

Nous pouvons définir une politique publique comme étant l'intervention d'une autorité investie de puissance publique et de légitimité gouvernementale, ce qui signifie qu'elle dispose de moyens d'actions particuliers qui lui permettent d'imposer des décisions de manière plus simple qu'un autre acteur.

Pour ce qui est de la rationalité, nous pouvons dire qu'une décision rationnelle est un terme générique utilisé pour désigner différentes théories de l'action développées en économie notamment. De manière générale ces théories attribuent aux agents un comportement rationnel qui en raison d'un certain nombre de préférences montrent un comportement visant le plus grand profit ou le moindre mal.

Ces décisions publiques vont découler de différents processus aussi bien individuels que collectifs et sa rationalité va être mise à l'épreuve à chacune de ces étapes.

Extraits

[...] Un avantage initial existait pour US Air Force mais les Etats-Unis se devaient de définir la probabilité de réussite des frappes chirurgicales. Au final, ceci s'est avéré mission impossible. Le choix de la solution est donc donné à l'US Navy qui applique sa solution de débarquement. Le blocus maritime n'était que la phase préparatoire de sa solution, une solution d'attente. Nous pouvons donc voir que la solution adoptée repose sur des ralliements successifs par défaut et que le blocus est le moins mauvais des six solutions. [...]

[...] Grâce à tous ces éléments nous pouvons donc nous demander si les décisions publiques sont rationnelles, et même plus précisément si les politiques publiques peuvent être rationnelles. Nous nous intéresserons premièrement aux différentes interprétations de la rationalité et à ces différentes mises en œuvre en abordant deux points de vue. Tout d'abord nous étudierons le principe de rationalité absolue et ses applications pour nous tourner par la suite vers l'interprétation de la rationalité relative avec la dépendance de la décision par rapport aux acteurs. [...]

[...] Nous allons commencer par resituer la crise des missiles de Cuba dans le temps et préciser son contexte. Cette crise est une série d'événements survenus du 16 au 28 octobre 1962 et qui a opposé les Etats-Unis et l'Union Soviétique au sujet de missiles nucléaires soviétiques pointés sur le territoire des Etats-Unis depuis l'île de Cuba. Cette crise plaça le monde au bord d'une guerre nucléaire et constitue un riche terrain d'étude des processus décisionnels. Tout d'abord, il faut voir ce qui ressort de cette crise. [...]

[...] A chaque phase du processus sont présents de multiples acteurs qui seront amenés à faire des choix. Cette explication du processus décisionnel et sa décomposition par Jones pourraient nous faire conclure que la décision publique est rationnelle mais plusieurs arguments vont venir contredire cette théorie. Cette vision de Charles Jones est souvent jugée trop naïve et une analyse trop linéaire du processus. En effet toutes les étapes ne s'enchainent pas obligatoirement de cette façon et certaines d'entre elles peuvent même être imbriquées les unes dans les autres ou même manquées. [...]

[...] Voyons maintenant les théories de l'incrémentalisme. C'est une théorie de la rationalité limitée développée par Charles Lindblom. Elle tend à démontrer que les politiques publiques évoluent simplement à la marge (par incréments) du fait de contraintes inhérentes à l'action publique qui entravent la rationalité des décideurs. Tout en s'appuyant sur les travaux de Simon, il reprend l'idée que la rationalité des acteurs est limitée en raison du manque d'information dont ils disposent au moment de formuler leur choix. Mais il ajoute à ceci une caractéristique en soulignant le fait que toute décision doit faire l'objet de marchandages et de compromis entre les acteurs privés et publics. [...]