Dans un ouvrage de 1983, « L'État et l'Économie », R. Delorme et C. André ont mis en évidence trois grandes figures de leur relation en France. La figure de l'Ancien Régime est celle d'une économie soumise à l'administration monarchique. La deuxième figure, inaugurée avec la Révolution française, est celle d'un État circonscrit aux nécessités de l'accumulation capitaliste, celle-ci étant conçue comme ayant une logique autonome et l'État devant garantir cette logique. La troisième configuration, qui apparaît après la Libération, est celle d'un État inséré dans l'économie, apportant à celle-ci les instruments de sa régulation. L'État aura pour mission d'amortir les cycles économiques par des politiques conjoncturelles appropriées.
[...] Les impôts ont peu d'adeptes chez les économistes libéraux. C'est par crainte de l'évasion fiscale et de la “désincitation” de l'initiative privée. C'est surtout, dit Keynes, parce que l'on croit que l'investissement dépend de l'épargne et qu'en pénalisant l'épargne, on pénalise l'investissement. Or, selon lui, c'est l'insuffisance de consommation et non celle de l'épargne qui ralentit la croissance (la consommation représente les 2/3 de la demande finale). Cela dit, la lutte contre l'inégalité, pour utile qu'elle soit économiquement, ne doit pas conduire à l'égalité totale ni être une obligation morale. [...]
[...] L'État au service du capitalisme et moteur de sa régulation On peut distinguer deux types d'analyses marxistes du rôle de l'État : l'orthodoxie marxiste et sa thèse de l'État venant résoudre les contradictions du mode de production capitaliste et, d'autre part, les théories de la “régulation” expliquant les rapports entre État et capitalisme dans une dynamique longue. L'orthodoxie marxiste est restée fidèle à la thèse de la “baisse tendancielle du taux de profit”. Cette baisse est liée à la suraccumulation du capital, inhérente à ce mode de production. Pour les théoriciens du “capitalisme monopoliste d'État” (P. Boccara, A. Le Pors notamment) le rôle de l'État serait alors de contrecarrer cette tendance. [...]
[...] La source de ce questionnement est prétendument située dans la réduction des disponibilités financières de l'État. En fait, la crise dite financière se double d'une crise plus générale et plus profonde des rapports de l'État avec la Société : c'est le contrat entre les individus et l'État qui est aujourd'hui ébranlé. L'approche par la norme : Quels domaines et quel degré d'intervention ? La question du domaine d'intervention Elle a été théorisée en 1959 par l'Américain Richard Musgrave (Théorie des finances publiques) qui a fourni une typologie à laquelle on a l'habitude de se référer quand on aborde cette question. [...]
[...] Smith, la théorie moderne du “bien-être collectif” reconnaît trois situations où le marché peut échouer et où, en conséquence, l'État doit intervenir, non pas comme un agent économique spécifique, doté d'une rationalité propre, mais comme un substitut. L'État resterait donc au service de la rationalité individuelle, mais il viserait la satisfaction collective. 1er cas : l'existence d' “indivisibilités” Il s'agit de biens ou de services dont on ne peut individualiser ni la production ni l'usage. C'est le cas d'une route, d'un pont, de l'éducation Ces biens sont dits rivaux car on n'en augmente guère le coût lorsque des usagers supplémentaires viennent l'utiliser. [...]
[...] Barro qui, vingt ans plus tôt, condamnait une fiscalité trop lourde, présentera, en 1990, un modèle de croissance où les dépenses publiques jouent un rôle moteur. L'intervention indispensable de l'État chez J.M. Keynes De la même façon que la théorie libérale est souvent confondue avec la critique radicale de l'État, la théorie keynésienne est présentée comme la justification de l'intervention publique dans n'importe quelle circonstance. Or, pour Keynes, l'intervention de l'État se justifie par la défaillance du marché à exprimer une demande suffisante de biens et de services. [...]
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