La Société de Défiance : comment le modèle social français s'autodétruit (Yann Algan et Pierre Cahuc)

Résumé du document

Fiche de lecture du livre des économistes Yann Algan et Pierre Cahuc "La Société de Défiance : comment le modèle social français s'autodétruit", récompensé par le Prix du Livre d'Economie 2008. L'objectif de ce livre est d'illustrer le cliché selon lequel lequel les Français sont défiants, et d'évaluer les coûts économiques et humains de ce déficit de confiance.

Extraits

[...] Ce corporatisme peut conduire à une très forte défiance des Français vis-à-vis des uns les autres. La France est le pays qui a le plus de systèmes de retraite spécifiques (l'Italie a fait sa réforme dans les années 2000, ce qui fait qu'elle a laissé sa première place à la France). Les individus ont tendance à faire confiance aux autres s'ils savent que chacun contribue. Exemple : l'état du Minnesota a engagé une lutte contre la fraude fiscale et a fait une expérience pour tester le comportement de ses administrés. [...]

[...] Autrefois, le risque était déjà présent (avec la mort notamment, qui était très présente), mais il était lié à des phénomènes naturels, et c'était compensé par la foi. Alors qu'aujourd'hui, il s'agit du risque que l'homme crée envers d'autres hommes (OGM etc). * * * Les voies de réforme possibles Si la défiance est si prégnante en France, c'est parce que les institutions sont mal adaptées. Les réformes proposées par les auteurs sont : Aller vers une redistribution plus universaliste ; mieux réguler la concurrence ; sécuriser les parcours professionnels ; réformer le dialogue social. [...]

[...] Dans les pays scandinaves, la contrepartie de la confiance mutuelle serait un contrôle social très fort, et donc cela pourrait avoir un effet négatif sur le bonheur. C'est l'hypothèse avec laquelle les auteurs ont commencé, mais elle ne s'est pas vérifiée. En fait, on a une grande individualisation dans les pays scandinaves : les enfants partent plus tôt de chez leurs parents, l'autonomie est plus valorisée que l'obéissance. Les scandinaves se sentent plus concernés par des problèmes à étendue géographique large, alors que dans les pays méditerranéens : l'attache locale au village est forte. [...]

[...] L'état a mené trois expériences successives. Première expérience : au groupe on envoie une lettre de mise en garde signalant que de nombreuses fraudes fiscales ayant été signalées l'année précédentes, les sanctions vont être plus fortes l'année en cours. Au groupe test, on n'envoie aucune lettre. On ne constate aucune modification de comportement. Seconde expérience : au groupe on envoie une lettre mettant l'accent sur l'altruisme, précisant tout ce qu'il est possible de faire avec les impôts pour la collectivité. [...]

[...] Leurs comportements ont eu tendance à se dégrader après la deuxième guerre mondiale. En France, on note ce déficit de confiance déjà dans les 1980 mais on cherche à savoir s'il a toujours existé. Pour cela, les auteurs font le suivi de l'évolution des attitudes dans les pays d'origine en fonction des vagues d'immigration. Les réponses aux questions sont fortement influencées par le pays d'origine, et cette influence persiste sur la deuxième, la troisième, voire la quatrième génération. Pour savoir s'il y a eu un renversement des attitudes, les auteurs comparent les parents arrivés aux Etats-Unis avant la deuxième guerre mondiale et les parents arrivés après la deuxième guerre mondiale. [...]