Dans les années 1930, le paradigme keynésien s'impose, et avec lui l'idée que les politiques économiques conjoncturelles sont indispensables pour créer un marché efficace et propice à la croissance. Le marché connaît en effet des déséquilibres internes durables, et les keynésiens ne croient pas en l'autorégulation du marché : il faut donc que l'Etat intervienne en proposant des politiques économiques, budgétaires ou monétaires, capables de rééquilibrer le marché. Jusque dans les années 1970, les politiques conjoncturelles s'adaptent aux situations et y répondent en conséquence, et cela semble fonctionner et procurer une croissance élevée aux économies de marché : on parlera de l'âge d'or des politiques de régulation conjoncturelles.
Mais lorsque le paradigme keynésien s'effondre dans les années 1970, en lien avec les désordres économiques de ces années-là, on en vient à remettre en cause les politiques conjoncturelles, on doute de leur efficacité. Un large consensus est établi sur le fait que les politiques discrétionnaires de régulation des gouvernements sont dépassées : le marché est régi par des forces endogènes, il s'autorégule. Il n'est donc pas besoin d'intervention étatique, et les autorités gouvernementales doivent se contenter de politiques économiques structurelles pour améliorer les institutions encadrant le marché. Dans cet article d'Alain Beitone, nous allons donc analyser l'âge d'or des politiques conjoncturelles, puis leur récente remise en question, tout en discutant de leurs enjeux et fondements théoriques.
[...] La hausse de l'activité économique induite par la relance budgétaire provoque une augmentation de la demande de monnaie pour motif de transaction, ce qui fait augmenter le taux d'intérêt. *Une politique monétaire expansive (augmentation de la masse monétaire) provoque un déplacement de LM vers le bas, avec un taux d'intérêt plus faible et une production Y augmentée. Le choix entre une politique budgétaire ou monétaire se fait en fonction de la conjoncture. *Introduisons par exemple ici l'effet de la trappe à liquidité : On présente généralement la courbe LM croissante, mais elle peut être enrichie d'une partie horizontale et d'une partie verticale. [...]
[...] En économie ouverte, il convient d'ajouter une troisième droite au schéma IS-LM, la droite BP qui représente une balance des paiements en équilibre. *Cette relation dépend des transactions courantes et des mouvements de capitaux. La position de BP dépendra de si les capitaux sont parfaitement immobiles, parfaitement mobiles ou imparfaitement mobiles. Avec la forte mobilité des capitaux observée dans l'économie de nos jours, on considère que la droite BP a une pente plus proche de l'horizontale que de la verticale : cela correspond à une mobilité imparfaite mais forte des capitaux. [...]
[...] *Une remise en question des politiques conjoncturelles ? C'est à la fin des années 1970 et au début des années 1980 que l'efficacité des politiques de régulation conjoncturelles est remise en cause. En effet, on assiste alors à un ralentissement marqué de la croissance et à une augmentation de l'inflation due à la conjoncture économique. Les politiques de régulation connaissent leurs premiers grands échecs. On accuse alors le modèle de keynésien de ne plus faire ses preuves, en raison notamment de l'ouverture des économies qu'il ne prévoyait pas ou peu, et un nouveau paradigme néo-libéral s'installe. [...]
[...] Le débat sur les politiques conjoncturelles retrace donc la controverse existant depuis les années 1930 entre libéralisme et keynésianisme, entre efficience d'un marché autorégulateur et régulation délibérée des économies par les autorités publiques. [...]
[...] La politique conjoncturelle va être conçue dans le cadre du modèle IS-LM promu par Hicks : une économie fictive représentant l'équilibre entre le marché des biens et services et celui de la monnaie (LM). *Sur le marché des biens, on se trouve en situation d'équilibre s'il y a égalité entre l'épargne S et l'investissement I. La relation IS est décroissante : plus le taux d'intérêt est élevé, plus l'investissement sera faible, et donc la production s'en ressent négativement. *Sur le marché de la monnaie, on considère l'offre de monnaie M exogène (donnée par l'Etat), et donc l'équilibre dépend de la demande L. [...]
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