La doctrine musulmane est imprégnée dans l'ensemble du tissu social, elle régit les actes publics et privés des croyants, pour assurer l'unité et la cohésion sociale. C'est plus qu'une religion, c'est une façon de vivre pour les musulmans, en arabe « din wa dounia ». L'ouvrage, l'Islam et le monde des affaires, de Lachemi Siagh, publié en 2003, porte essentiellement sur l'organisation des entreprises et des institutions bancaires dans le monde arabo-musulman.
Le système socialiste s'étant effondré et le système capitaliste étant aux antipodes d'éthique islamique, il n'existait pas de système bancaire répondant aux attentes et aux valeurs des musulmans, alliant besoins matériels et spirituels. La prise de conscience d'une identité islamique, avec un mouvement d'indépendance après la Seconde Guerre mondiale, a conduit à l'instauration progressive d'une économie islamique. C'est en Égypte que la première banque islamique, la Ghmar Savings Bank, apparaît en 1963. L'impulsion est réellement donnée avec la création de la Banque Islamique de Dubaï en 1976 qui fonctionne comme une Banque Mondiale des pays musulmans. Le système bancaire islamique se développe rapidement et présente des taux de croissance importants, car c'est le seul système qui répond aux besoins des croyants et des religieux fortunés. Le droit musulman a permis la transposition et l'adaptation d'institutions occidentales dans le monde arabo-musulman, où la religion est incontournable.
[...] Une entreprise, prenons l'exemple d'une compagnie aérienne qui aurait besoin de nouveaux avions, va faire part à la banque de son besoin de financement. Au lieu de prêter l'argent directement et de percevoir un intérêt dessus comme le ferait une banque classique, la banque va elle même acquérir les nouveaux avions puis les louer à l'entreprise pendant une période définie au terme de laquelle le titre de propriété sera transféré à la compagnie. Les avions étant soumis à la dépréciation et le loyer restant fixe, la banque se garantit une plus-value nécessaire à son fonctionnement. [...]
[...] D'ailleurs, dans l'article 2 de la Constitution égyptienne, il est mentionné que les principes de la Chari'a islamique sont une source principale de la législation (1971) ainsi que la source principale de la législation (1980). Au-delà du corpus de lois écrites, l'Islam est porteur de valeurs telles que la justice, l'égalité sociale, la générosité. La plus importante est la solidarité et le sentiment d'appartenance au groupe. L'individu n'existe que par et pour son groupe et toutes les activités sont fondées sur la coopération et le consensus. La foi religieuse est l'élément moteur de réussite et l'accomplissement personnel passe par la contribution individuelle au processus social. [...]
[...] Devant la quantité d'argent qui transite par ces banques, le monde occidental est en effet obligé de reconnaître son existence. La FSA que nous citions tout à l'heure a adouci ses positions à partir des années 2000, reconnaissant que les problèmes de dépôts et du rôle du comité de la Chari'a n'étaient pas si insurmontables qu'elle l'avait indiqué. Conclusion L'émergence du droit musulman et son application dans le monde financier ont montré que l'on pouvait très bien allier religion et monde moderne. [...]
[...] La Chari'a, comme interprétations de règles écrites, influence l'organisation des institutions, mais aussi, et surtout des entreprises dans le monde arabo-musulman, où l'Islam est souvent religion d'État. Cela forme ce que l'auteur appelle l'environnement intangible C'est un environnement dont les principales dimensions relèvent du domaine des idées, dons intangibles. C'est tout le système idéologique, religieux, dogmatique, le système juridique, culturel et social (p. 219). Les institutions commerciales ou financières évoluent dans un espace de culture intensive et doivent adapter leurs organisations à l'environnement intangible, pour être légitimement acceptées et prospérer. [...]
[...] Nous reviendrons, plus en détail, sur ces points dans la seconde partie Un processus d'unification jurisprudentielle encore inachevé Instituer l'étude du Coran comme jurisprudence du droit islamique implique de fonder le droit sur des interprétations. Il existe plusieurs écoles de pensée pour l'interprétation et l'étude des textes. Les écoles Hanafi, Maliki, Hambali et Chafi'i qui proposent des interprétations divergentes du Coran. Cela révèle que les sources du droit manquent d'uniformité. Le sujet principal de l'ouvrage de Lachemi Siagh étant les banques islamiques et leur fonctionnement, nous prendrons cet exemple. En effet, elles appliquent différentes normes réglementaires dans différentes juridictions, cela pose un problème de comparabilité et de transparence. [...]
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