L'État ingénieur, l'État libéral, l'État providence, l'État keynésien, l'État néo-libéral, statistique, historiciser l'action publique, Desrosières
La statistique, entendue comme les mécanismes d'analyse des problèmes économiques, apparait, pour la majorité de la doctrine, comme une fatalité imperméable aux changements extérieurs. Cependant, au vu de la montée numérique des diverses études commandées par les différents corps de métier, des politiciens aux astrophysiciens, la statistique n'a jamais été aussi en vogue dans une société actuelle où savoir rime avec pouvoir.
Pourtant, en amont des questions de légitimité, il convient de se demander en quoi l'essor des outils statistiques est lié à l'histoire de la pensée économique ainsi qu'à la mise en oeuvre des politiques qui en découlent ?
Ainsi, Alain Desrosières développe la thèse selon laquelle si ces histoires peuvent être recoupées, elles sont également très fortement liées les unes aux autres, influences réciproques qui démontrent une véritable coopération entre l'art du maniement des chiffres et les manières « de penser le rôle de l'État dans la direction de l'économie » .
Il semble donc opportun, bien que peu original, d'embrasser le développement de l'auteur par l'analyse des cinq formes étatiques qu'il propose, en négligeant l'aspect temporel de leurs existences qui, précise-t-il, est irrégulier.
[...] Ce dernier prône une régulation de l'économie à un échelon macroéconomique, ceci afin d'éviter les crises que la totale liberté du marché par le passé, engendré mais aussi pour permettre l'équilibre entre une offre et une demande massive. Il finit par voir le jour, notamment, grâce à l'effectivité des tableaux de comptabilité nationale qui permettent un regard d'ensemble sur les divers flux et vont donner naissance à diverses techniques statistiques, comme le Produit Intérieur Brut (PIB) ou les enquêtes de consommation globale, qui vont assurer à l'Etat une intervention qu'il juge propice à la société. [...]
[...] 1 « Historiciser l'action publique : l'État, le marché et les statistiques » par Alain Desrosières La statistique, entendue comme les mécanismes d'analyse des problèmes économiques, apparait, pour la majorité de la doctrine, comme une fatalité imperméable aux changements extérieurs. Cependant, au vu de la montée numérique des diverses études commandées par les différents corps de métier, des politiciens aux astrophysiciens, la statistique n'a jamais été aussi en vogue dans une société actuelle où savoir rime avec pouvoir. Pourtant, en amont des questions de légitimité, il convient de se demander en quoi l'essor des outils statistiques est lié à l'histoire de la pensée économique ainsi qu'à la mise en œuvre des politiques qui en découlent ? [...]
[...] Le second défend l'idée selon laquelle la force de travail des individus est devenue monnayable, le prix étant le salaire. Ce marché spécifique doit être régulé pour rompre le cycle de pauvreté dans lequel les ouvriers sont enlisés, régulation que seul l'État semble être capable d'effectuer, la confiance ayant fuit de ces individus marginalisés. Ainsi, la statistique du travail se développe et offre une renaissance à la rhétorique du nombre. De nouveaux axes sont étudiés, comme les salaires ou le chômage, et d'inédites méthodes sont utilisées dont, principalement, le sondage probabiliste, longtemps mis de côté en raison, justement, de son caractère approximatif. [...]
[...] A l'inverse, apparait l'État libéral, entendu comme propice à l'économie de marché et à la libre concurrence. Ainsi, les prix, résultats de cette confrontation souveraine entre les producteurs et les consommateurs, sont supposés opportuns du fait de la « main invisible » du marché. De fait, ces prix doivent, théoriquement, révéler toute l'information nécessaire, ces derniers étant le fruit d'échanges désormais transparents. Donc, s'ils contiennent en eux tous les renseignements que le public comme les professionnels sont en droit d'attendre, toute forme de statistique devient inutile. [...]
[...] Ici, tous les acteurs économiques sont « égaux », y compris l'État, et sont tour à tour soumis aux exigences statistiques d'évaluation de leur efficacité, conception héritée de la théorie des anticipations rationnelles qui prône l'idée selon laquelle ces acteurs vont perturber le bien fondé d'une politique publique dès lors qu'ils sont capables d'en anticiper les effets. Ainsi, les différents centres sont équivalents devant la statistique, que la nouvelle politique incitative de la puissance publique renforce. Ainsi, A. Desrosières, au terme d'un développement qui regorge d'informations pertinentes, démontre, en toute impartialité, solidement que les histoires de la statistique et des formes d'Etats dans leurs politiques économiques ne peuvent être dissociées. [...]
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