L’Europe se fera par la monnaie ou ne se fera pas, Jacques Rueff, construction monétaire européenne, système de Bretton Woods, coopération monétaire européenne
Le 1er janvier 2012, l'euro a fêté ses dix ans. Cependant, le bilan est mitigé : un anniversaire oublié, une construction monétaire qui parait stagner, une population peu attachée à la valeur de sa monnaie dans un contexte d'Euroscepticisme. La construction monétaire européenne semble se trouver dans une impasse avec la multiplication des crises de la dette.
En 1949, alors que les Etats sont en pleine reconstruction, ce qui provoqua une pénurie de dollars (dollar gap) et alors que les monnaies des Etats européens n'étaient plus convertibles entre elles, Jacques Rueff, ministre de l'Economie annonçait déjà que « L'Europe se fera par la monnaie ou ne se fera pas ». L'intégration monétaire européenne est le résultat d'un long processus qui a commencé dans les années 1970. En 1972, le serpent monétaire est mis en place. Il imposait aux membres de l'Europe un encadrement de la fluctuation de leur monnaie de 2,25%. En 1979, le Système monétaire européen (SME) entre en vigueur et succède au serpent monétaire. Les monnaies se fixent les unes par rapport aux autres et doivent se tenir à cette parité déterminée. La construction monétaire connaît son apogée avec le traité de Maastricht en 1992 qui prévoit la mise en œuvre d'une monnaie unique avec le Système Européen des Banques Centrales (SEBC). L'euro est finalement adopté en 1999 comme unité de compte et en 2002 comme monnaie unique. La construction monétaire est le prolongement de la construction économique.
[...] Néanmoins, l'Europe doit faire face en son sein à des positions divergentes. Le Royaume-Uni s'oppose à une stabilité du taux de change par un « sacrifice » de sa croissance lié au changement de monnaie. La RFA quant à elle soutient la « thèse du couronnement » où la question de l'union monétaire ne doit se poser qu'après avoir fait converger les indicateurs macroéconomiques essentiels alors que la position italo-franco-belge estime que l'approfondissement monétaire doit avant tout passer par une refonte institutionnelle. [...]
[...] Pour ce faire, l'idée émise est celle d'une monnaie internationale capable de concurrencer le dollar. Ainsi en 1979, malgré ce contexte de méfiance et de différentiels d'inflations élevés (en 1979 : 12% en France alors que l'Allemagne est à seulement est créé le SME (Système monétaire européen), ce SMI (système monétaire international) à l'échelle régionale a pour objectif de répondre à une volonté de stabilité monétaire par la mise en place de 3 axes : la mise en œuvre de taux de change fixes entre les monnaies européennes, ces taux sont néanmoins ajustables pour une monnaie nationale si le besoin se fait sentir ; la définition d'indicateurs de convergence afin de tout faire maintenir la parité fixée ; et un rôle du FECOM (Fonds européen de coopération monétaire) qui prend de l'importance avec la gestion d'une réserve commune (chaque BCN apporte 20% de ses réserves en or ou en devises et reçoit en échange une dotation en ECU). [...]
[...] En effet, incapable de rembourser l'intégralité des prêts qu'elle a contracté suite à l'annonce de sa dette abyssale, le SME a été victime d'un effet domino : l'action de différentes banques européennes telles que la Société Générale et BNP Paribas qui possédaient une partie de la dette du pays a fortement chuté, remettant en cause la confiance des investisseurs en l'euro et en sa stabilité. De plus, malgré la monnaie unique, la France et l'Allemagne ne sont pas perçues de la même manière sur les marchés financiers. En effet, avant même que la note française soit dégradée par dégradée par l'agence Standard & Poor's, la France empruntait déjà sur les marchés à des taux plus élevés que sa voisine allemande. D'où la preuve que la monnaie unique n'est pas facteur de convergence des situations économiques au sein de la zone. [...]
[...] Cependant les défaillances du système, déjà visibles lors de la mise en place du Pool de l'or en 1961, semblent remettre en cause cette stabilité. Le Paradoxe de Triffin met en lumière l'impossibilité d'avoir un dollar stable et abondant pour garantir les échanges tout en conservant sa valeur de monnaie de réserve car pour cela elle devrait être rare. Afin de répondre aux dépenses de guerre qui nécessitent une création importante de dollar, le gouvernement américain annonce la fin de sa convertibilité avec l'or en 1971 et, la même année, lors des accords de Washington, le « Groupe de Dix » annonce l'élargissement des marges de fluctuations à ± Cela constitue un danger pour les échanges intra-européens car l'écart dans le temps entre les monnaies, toujours fixés par rapport au dollar, pouvaient attendre lorsque la trajectoire entre les monnaies du cours plafond et du cours plancher s'inversait. [...]
[...] Une première impulsion voit le jour à travers le plan Barre (du nom du vice président exécutif de la commission monétaire du marché commun, Raymond Barre). Ce plan poursuit deux objectifs principaux : l'interdépendance entre intégration économique et intégration monétaire et la convergence des indicateurs économiques. Le but principal est donc la coordination entre États européens, et ce, dès 1969. Ce plan, non retenu, est cependant repris par l'intermédiaire du plan Werner en 1970, adopté un an plus tard à Bruxelles, et qui sert de support à la commission qui y siège. [...]
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