Avant-propos
L'humanité gagnera davantage à laisser chaque homme vivre comme bon lui semble qu'à le contraindre à vivre comme bon semble aux autres.
John Stuart Mill.
Le libéralisme consiste en une morale politique constitutive qui est demeurée à peu près la même à travers l'histoire et qui continue à avoir de l'influence en politique. Cette théorie définit ce qu'est une « bonne » société ou « juste », celle où chacun est le meilleur juge de ses intérêts et de la conduite de sa vie, est laissé aussi libre que possible, tant qu'il ne nuit pas à autrui et n'attente aux intérêts vitaux de personne. Le seul pouvoir politique légitime alors est celui qui respecte ces deux fondements normatifs de la théorie libérale : les principes de liberté et d'égalité des personnes.
Le libéralisme est avant tout présenté comme le défenseur de la liberté du commerce et de l'esprit d'entreprise et la conception normative ci-dessus exprimée n'a pas grand-chose à voir avec l'histoire et très peu de formes politiques ou économiques du libéralisme ont effectivement correspondu à ces principes. D'où le paradoxe évident.
Le libéralisme en question.
C'est le libéralisme qui aujourd'hui fournit les termes dans lesquels européens et américains formulent les problèmes de la vie sociale, c'est lui qui donne le ton (…) les principes libéraux reçoivent une adhésion plus ferme et générale que jamais.
Pierre Manent.
L'antipathie française à l'égard du libéralisme est bien connue, elle se nourrit du contraste entre deux visions incompatibles des sociétés modernes et de leur avenir : l'une française et républicaine, l'autre anglo-saxonne et libérale.
Ces deux visions, caricaturales, résument assez bien le fossé qui semble séparer la culture politique française du libéralisme anglo-saxon. Pourtant, le libéralisme ne se réduit pas à la protection du monde marchand ou le républicanisme à l'amitié civique.
Aux Etats-Unis, le libéralisme occupe à peu près le terrain de la gauche au sens européen et il est représenté par l'aile socio-démocrate du parti démocrate défendant l'état-providence et les interventions étatiques en matière de santé, d'éducation, d'urbanisme, d'environnement et des impôts élevés. Pour les conservateurs en revanche le libéralisme, héritier de la libéralisation des mœurs de l'après-68 est destructeur de la famille et du principe d'autorité.
En Europe la situation est inverse : le libéralisme se voit honni, mais pour des raisons inverses et essentiellement par la gauche. Il est ainsi assimilé aux ravages du capitalisme avancé, de la globalisation, des politiques économiques qui ont visé à détruire les avancées de l'état-providence. Il est perçu comme l'ennemi de toutes les forces du progrès social et de justice.
Si donc le désaccord règne sur le terme de libéralisme, il règne aussi sur son bilan. Et bien que le libéralisme semble triompher partout comme politique économique, ce triomphe est remis en cause par la crise financière de 2008 et il a cessé d'être une force politique majeure. Pour certains, tout se passe comme si les valeurs libérales étaient devenues tellement assimilées à la modernité, comme une sorte de méta-idéologie diffuse, qu'elles ne pourraient plus être la base d'une idéologie particulière et nettement définie, pouvant animer une formation politique et inspirer des programmes précis. Dès lors, il n'existe plus nulle part sur la planète un parti politique clairement identifiable par ses idées libérales, aussi bien économiques et politiques que sociales.
Le libéralisme contemporain semble donc paradoxalement omniprésent et introuvable.
Le libéralisme anglais ou américain du 19ème siècle et du 20ème siècle demeurent moins bien connus aujourd'hui. Tandis que le libéralisme est présenté en France comme un phénomène historique et politique que comme une théorie normative, dans le monde anglophone, il est davantage perçu comme un ensemble d'enjeux normatifs qui continuent à exercer leur influence politique. Les idées libérales, profondément ancrées dans la sensibilité morale et politique des gens ordinaires, font désormais partie de leur culture, de leur identité collective, comme le républicanisme pour la France.
[...] La lutte pour la reconnaissance est bien une lutte politique et sociale. C'est une lutte pour une meilleure représentation politique, c'est une lutte pour changer les conditions d'accès aux études, à la formation, c'est une lutte pour améliorer les conditions d'accès à l'emploi. Une politique démocratique doit dès lors se soucier non seulement de la citoyenneté, mais aussi de l'accès à la sphère publique en fournissant les moyens adéquats. La solidarité internationale : un impératif moral et politique pour le libéralisme La situation internationale actuelle est particulièrement difficile pour les valeurs libérales et illustre cruellement le décalage entre le libéralisme comme politique économique et la philosophie libérale. [...]
[...] Et dans tout cela, la libre activité des individus va permettre la prospérité puisque les hommes travaillant pour eux-mêmes seront beaucoup plus diligents et productifs. La passion compensatrice modèle de la régulation sociale L'idée de la passion compensatrice. La domestication des conflits et des passions politiques peut se faire autrement que par le recours à la force : par la passion compensatrice, qui est la grande idée du 18e siècle. Pour le libéralisme, le bien commun découle des intérêts personnels, il ne s'y oppose pas. [...]
[...] Une sphère publique, mais non politique se développe comme jamais auparavant, en concurrence avec les valeurs de la sphère politique. Un secteur nouveau se développe alors, qui n'est ni privé ni public, mais qui exprime les aspirations nouvelles des individus à prendre en charge leur existence dans d'innombrables secteurs sans dépendre de personne. La sphère éthique (Hegel, 1820). À l'opposition antique entre la sphère domestique et la sphère politique, la société civile des Modernes substitue une conception résolument moderne du social. [...]
[...] Les demandes culturelles doivent en conséquence être intégrées dans la notion de justice sociale. Il est essentiel de tenir compte des formes d'interaction avec autrui parce que la confirmation de soi par autrui est indispensable pour être soi-même. C'est l'importance des identifications culturelles dans la construction morale de la personne. Le sens du débat autour du multiculturalisme est donc de savoir si l'appartenance culturelle est un élément constitutif de l'identité culturelle des individus. Toute l'histoire du libéralisme nous suggère une autre direction que celle de l'universalisme des Lumières. [...]
[...] Pour les conservateurs en revanche le libéralisme, héritier de la libéralisation des mœurs de l'après-68 est destructeur de la famille et du principe d'autorité. En Europe la situation est inverse : le libéralisme se voit honni, mais pour des raisons inverses et essentiellement par la gauche. Il est ainsi assimilé aux ravages du capitalisme avancé, de la globalisation, des politiques économiques qui ont visé à détruire les avancées de l'État- providence. Il est perçu comme l'ennemi de toutes les forces du progrès social et de justice. [...]
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