Le concept de productivité fait son apparition dans l'histoire de la pensée économique à la fin du XVIIIe siècle avec l'avènement de l'économie moderne. En introduisant les préceptes de la division sociale du travail dans son ouvrage “La Richesse des Nations”, le père fondateur de l'école classique, Adam Smith, s'attarda en 1776 sur les raisons qui ont permis le perfectionnement des facultés productives du travail (Smith, 2001). Les théories de cet économiste anglais ouvrirent la voie à ses confrères qui cherchèrent ensuite à mieux appréhender les tenants et les aboutissants d'un concept synonyme de croissance. Ainsi, depuis plus de deux siècles maintenant, la productivité fait l'objet de nombreux travaux théoriques et statistiques visant à en comprendre les logiques. Cependant, quand la productivité n'est pas exclusivement la chasse gardée des économistes, elle est en proie aux commentaires de tous bords et notamment de ceux qui lui opposent les effets pervers du développement de nos sociétés. La productivité est donc devenue un concept dont la définition n'échappe à personne mais qui fait l'objet de nombreuses interprétations et dont les conséquences sont allègrement discutées.
Ces considérations sur la productivité interviennent dans un contexte où l'équilibre économique mondial est bousculé. La Chine est devenue la seconde puissance du monde en terme de production de biens et de services et représente pour les entreprises occidentales un marché colossal qu'elle se doivent de pénétrer pour y capturer durablement des parts de marché. Malgré l'exaltation qui règne autour d'elle, la Chine est néanmoins la source d'un grand nombre de craintes pour les entreprises étrangères, qui n'ont toutefois d'autre choix que de s'y installer compte tenu de sa potentialité. “Anxiogène” est d'ailleurs le terme employé par Izraelewicz et coll. au sujet de la Chine lors de l'université d'été 2004 du MEDEF (Mouvement des Entreprises de France), pour qualifier le rythme effréné des transformations de l'empire du milieu dont les logiques supplantent les modèles occidentaux établis. Au regard d'une étude du cabinet d'audit KPMG (2008), les entreprises étrangères sont plus que jamais dubitatives quant aux performances de leurs opérations sur ce marché. L'origine de ce phénomène réside dans les effets conjugués du renforcement de la concurrence des entreprises domestiques, de l'envolée des prix des facteurs de production (plus exactement des prix des matières premières et des salaires), de l'omnipotence des autorités nationales et locales et de l'impénétrabilité de la culture chinoise.
Ce constat sur la situation de l'économie chinoise peut nous interpeller sur bien des aspects et faire l'objet de multiples interrogations. Toutefois, un élément attire particulièrement l'attention : la culture chinoise. Il est en effet légitime de s'interroger sur le bien-fondé d'une hypothèse suggérant que la culture chinoise pourrait compromettre l'efficacité des investisseurs étrangers dans la gestion de leurs opérations. De ces observations émerge la problématique suivante : peut-on trouver dans la culture nationale des facteurs explicatifs de la productivité des entreprises ?
Si les concepts de productivité et de culture nationale ont tous deux fait l'objet de nombreux travaux, rares sont ceux qui ont cherché à étudier l'éventualité d'une relation entre ces deux paramètres. Une étude récente (Pagell et coll., 2005) s'est néanmoins efforcée de trouver dans la culture nationale des facteurs explicatifs des prises de décisions au sujet de la gestion des opérations des entreprises. En écho à l'appel lancé par Pagell et coll. sollicitant de nouvelles recherches sur les effets de la culture nationale vis-à-vis des opérations des entreprises, nous tenterons très modestement de mener une étude exploratoire sur l'existence de forces astreignantes exercées par la culture nationale sur la productivité.
[...] Cependant, plus encore que les stratégies elles-mêmes, c'est la façon dont elles sont planifiées et clairement communiquées puis suivies qui importe. C'est ainsi dans la culture organisationnelle qu'une entreprise pourra trouver des leviers durables à l'accroissement de la productivité. L'objectif pour l'entreprise est de catalyser une culture interne vouée à la performance globale, en mobilisant les énergies de toutes ses fonctions. Selon Solvay (2001), la culture organisationnelle détermine “l'efficience par laquelle l'expérience et les idées nouvelles sont traduites en résultat concret, c'est-à-dire en croissance de la productivité au sein de l'entreprise”. [...]
[...] Kudyba, S. (2002) “Information Technology, Corporate Productivity and the New Economy”; Westport, USA: Greenwood Publishing Group, Incorporated. Law, K.S., Tse, D.K., Zhou, N. (2003) “Does Human Resource Management Matter in a Transitional Economy? China as en Example”; Journal of International Business Studies 255-265. Lieberman, M.B., Kang J. (2008) to measure company productivity using value-added: A focus on Pohang Steel Asia Pacific Journal of Management 209-224. Livian, Y.-F. [...]
[...] Steers, R.M., Nardon, L. (2006) “Managing in the Global Economy”; Armonk, USA: M.E.Sharpe. Thibierge, C. (2007) “Analyse financière, 2e édition” ; Paris, France : Vuibert. Trompenaars, F. (2003) “L'entreprise multiculturelle” ; Paris, France : Maxima. Voss, C., Blackmon, K. (1998) “Differences in manufacturing strategy decisions between Japanese and Western manufacturing plants: the role of strategic time orientation”; Journal of Operation Management 147-158. [...]
[...] Là encore, la distance hiérarchique joue un rôle déterminant pour les individus qui ont pour prérogative de prendre les décisions. En effet, si les cultures qui privilégient une forte distance hiérarchique engendrent auprès des entreprises qu'elles abritent des structures organisationnelles verticales et centralisées, elles conduisent également à centraliser leurs prises de décisions. Par conséquent, les entreprises issues de cultures qui refusent les inégalités de répartition du pouvoir délèguent plus volontiers les prises de décisions. Tous les échelons peuvent alors être amenés à prendre des décisions dans la mesure de leurs compétences. [...]
[...] Cependant, au-delà de la mesure de la productivité, c'est son évolution qui est critique pour l'organisation. L'intérêt des ratios de productivité et de leurs comparaisons est donc de souligner l'existence de marges de manœuvre vis-à-vis de l'accroissement du niveau d'efficience productive. Le challenge que représente la productivité pour l'organisation et ses managers est, par conséquent, d'apprécier les conditions qui permettront de l'améliorer et de mettre en place des pratiques tenant compte de ces dernières Les conditions de l'amélioration de la productivité C'est au travers des théories microéconomiques que l'organisation trouve les mécanismes explicatifs du fonctionnement de la productivité et, de facto, de son amélioration. [...]
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