W.J. Baumol définit l'entreprise moderne comme un triangle de forces. En effet, elle est composée de trois types d'acteurs complémentaires : d'une part des actionnaires qui sont propriétaires de l'entreprise, mais qui ont une connaissance limitée de ses modalités de fonctionnement. D'autre part, des managers qui sont recrutés pour leur savoir-faire permettant d'exécuter une stratégie pour arriver aux résultats escomptés par les actionnaires. Et enfin, des salariés qui exécutent des tâches bien précises afin de réaliser la production du bien ou du service en question.
[...] Conclusion Pour conclure, nous pouvons dire que l'affaire Enron a fortement marqué l'histoire financière récente à la fois en termes de ses conséquences financières que de ses conséquences morales. Elle a montré les limites du fonctionnement du capitalisme moderne où les actionnaires cherchant des profits élevés font des choix risqués et orientent ainsi les activités des firmes vers une prise de risque croissante. Ainsi, les managers ont succombé aux tentations de frauder afin de garder leur place et de sauvegarder leurs fortunes. [...]
[...] En effet, ses liens avec l'administration et les politiques (notamment la famille Bush) vont permettre d'empêcher le vote de certaines lois (par exemple une loi limitant le placement de plus de des salariés en actions de l'entreprise), de faciliter des opérations risquées grâce à l'influence et au pouvoir politique, d'influencer la presse et les médias pour qu'ils ne jouent pas ou peu leur rôle de surveillance des entreprises, finalement de freiner les opérations de contrôle sur les activités risquées d'Enron. De plus, le cabinet chargé de la vérification des comptes d'Enron, Arthur Andersen, travaillait aussi pour la firme. Le contrôle était difficile, car il s'agissait d'un instrument financier complexe nouveau. Les risques pris ne sont pas apparus au bilan, ce qui a maintenu l'illusion un certain temps. L'alerte n'a pas été donnée à temps. Outre ces aspects internes, l'entreprise a disposé d'un soutien dans sa diversification à l'international. [...]
[...] Les actionnaires et notamment les fonds de pension exigeaient des taux de rendement à deux chiffres. La barre était de 15% pour la majeure partie des gestionnaires de fonds. L'utilisation croissante de l'actionnariat par les entreprises a conduit à la formation cadres supérieurs hyper agressifs tentant constamment d'impressionner les analystes en se fixant des objectifs ambitieux de croissance de la valeur des actions. Lorsque les objectifs étaient atteints, les analystes montaient la barre encore plus haut, et il arrivait que les attentes ne puissent être satisfaites sans recourir à des pratiques financières et comptables équivalentes à la prise de stéroïdes La cause première du comportement à risques d'Enron est «l'arrogance croissante de gestionnaires certains que personne ne regardait par-dessus leur épaule et ne comprenait ce qu'ils faisaient». [...]
[...] La cascade de révélations de fraudes comptables qui ont suivi la faillite d'Enron, de WorldCom à Xerox, ont fait plonger les marchés financiers en jetant le doute sur les comptes des firmes. Or, la crédibilité des informations financières est un véritable bien public. En l'absence d'une information fiable, les marchés se dérèglent et les investisseurs boudent ! La réforme adoptée le 25 juillet 2002 aux États-Unis (les lois que nous avons mentionnées auparavant), renforçant les sanctions contre les dirigeants malveillants et jetant les bases d'une nouvelle régulation des activités d'audit, témoigne d'une prise de conscience des risques. [...]
[...] C'est ce qui fut fait, en particulier aux États-Unis : votée au cours de l'été 2002, la loi SARBANES-OXLEY a profondément bouleversé les règles de fonctionnement du «gouvernement d'entreprise» américain. Avec cette loi, les États-Unis disposent désormais d'un cadre réglementaire plus stricte assorti de sanctions précises en cas de violation de la loi (jusqu'à 20 ans de prison pour présentation de faux bilans). Les principales mesures de la loi SARBANES-OXLEY en matière de gouvernement d'entreprise adoptée par le Congrès américain le 30 juillet 2002 sont : d'une part, la création d'un nouvel organe de régulation, le Public Company Accounting Oversight Board (PCAOB) composé de cinq membres (dont deux experts-comptables au plus) et chargé de la surveillance des auditeurs (établissement des règles et standards de la profession et inspection des sociétés d'audit). [...]
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