La patrimonialisation se conçoit en termes de processus activé par un questionnement permanent et une dialectique opposant conservation et destruction de vestiges patrimoniaux, ici de biens immobiliers religieux jugés obsolescents. Ce Patrimoine religieux, en surnombre, est vécu ou dénié dans un espace ; et soumis à des politiques de réaménagements spatiaux...
Dans le contexte actuel de profondes transformations économiques et sociales, la conservation et la transmission des héritages matériels (mais aussi immatériels) revêtent selon Vincent VESCHAMBRE,3 un enjeu mémoriel et identitaire de plus en plus affirmé. Le Patrimoine constitue en effet le support privilégié de construction de mémoires collectives, permet d'inscrire les références identitaires dans l'espace et donc dans la durée, par delà les ruptures, les crises, les mutations. Le Patrimoine est l'un des vecteurs privilégiés pour accéder à ce que Michel VERRET a appelé le « conservatoire de l'espace », où se joue l'affirmation, la légitimation des groupes sociaux. La patrimonialisation s'impose aux géographes comme une grille de lecture essentielle pour analyser les processus actuels de valorisation, d'appropriation et de transformation des espaces.
[...] Il faut un acte posé et des raisons solides ! Ainsi les lieux de culte fermés définitivement sont peu connus. André BOUDIER peut au moins citer la chapelle de l'hôpital à Cholet43 qui a été désaffectée et transformée en salle de spectacle et auditorium. A Angers, nous pouvons citer aussi le cas de la chapelle des Ursules derrière la mairie, qui a été désaffectée. De même, la chapelle des Adoratrices du Saint Sacrement, rachetée par un commerçant, est devenue un restaurant ; l'auberge angevine Pour conclure, le problème de la démolition d'églises n'a pas encore pris une ampleur démesurée, les destructions restent des exceptions. [...]
[...] Le Patrimoine, en définitive, se définit comme une construction sociale et n'existe pas a priori. C'est un processus de reconnaissance qui est initié et porté par certains groupes sociaux qui expriment leurs normes, leurs intérêts, le développement de leurs stratégies. C'est aussi un processus qui provoque des conflits DESCHAMBRE Vincent, Traces et mémoires urbaines, enjeux sociaux de la patrimonialisation et de la démolition, Presses Universitaires de Rennes (changement de propriétaire, projet de démolition). Apparaissent alors des points de vue différents sur le traitement de cet héritage et des intérêts contradictoires 149 sur l'usage de cet espace. [...]
[...] Dans cette zone, tout un Patrimoine religieux se trouve inséré dans le tissu urbain. Le champ religieux s'imposait d'office, pour mon travail de recherche, dans le cadre d'une ville ornée d'innombrables édifices cultuels. Je voulais observer la façon dont ce Patrimoine évoluait et les rapports que la population de cette ville entretenait avec ces édifices. Plus tard, j'étendis le territoire de mes futures recherches au département du Maine et Loire, jouissant d'une tradition religieuse marquée et ancienne. De plus, ce sujet de mémoire en germe trouvait une actualité confirmée, sinon confortée par les articles de presse et les reportages de fin d'année. [...]
[...] L'assurance de la consécration patrimoniale porte en son revers l'impossibilité de maîtriser le futur. Que feront les générations futures de cet ensemble patrimonial légué ? Elles ne seront pas obligées d'en accepter le choix. Le processus de révélation d'objets et de pratiques patrimoniales par son élévation au rang de patrimoine, s'opère sous l'action de différents énonciateurs et entraînent inévitablement les questions de la réception et de l'appropriation. Quand tout devient objet d'histoire, le monument perd sa principale spécificité qui était de donner sens aux circonstances, aux endroits, aux hommes exceptionnels. [...]
[...] Partie IV Acteurs et stratégies de la patrimonialisation Dans le cadre de cette dernière partie de nos travaux de recherches, nous aborderons trois profils d'acteurs146 impliqués dans le traitement des édifices religieux laissés en héritage. Les membres du clergé seront les premiers interrogés : l'Eglise souhaite elle conserver à tout prix ce Patrimoine religieux? Si les prêtres rencontrés en entretien reconnaissent à ces édifices cultuels délaissés par la pratique religieuse ou menaçant de tomber, un intérêt historique, il devient impératif de se conformer aux nécessités actuelles pour l'Eglise, à savoir faire vivre une église qui est moins un lieu, un édifice avec sa patine pluriséculaire regroupés autour d'une même foi. [...]
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