Confrontés à une forte vague de révolte de l'opinion générale provenant de divers milieux (étudiant, professionnel mais aussi politique), les pouvoirs publics ont dû plier, face à une pression soutenue et régulière : Dominique DE VILLEPIN s'est vu contraint de retirer le « Contrat Première Embauche ». François MITTERAND déclarait, un soir de juillet 1993, que « contre le chômage, on a tout essayé ». Le gouvernement a refusé un même aveu d'impuissance. Il a fait passer une loi dite de « l'égalité des chances », dont l'un des amendements était le « Contrat Première Embauche ». Le but explicite de ce contrat était d'institutionnaliser plus de flexibilité sur le marché du travail. Mais, loin de considérer la flexibilité comme une solution, le peuple a organisé de nombreuses manifestations autour
d'un thème : la précarité. Alain FINKIELKRAUT note cependant que l'abrogation du CPE est un retour à la situation antérieure, où la condition des jeunes est déjà précaire.
Il est vrai qu'aujourd'hui, en France, sur les 2.6 millions des actifs au chômage les jeunes y sont statistiquement très représentés. Mais un sentiment d'agacement plane autour de la question du chômage. Le peuple français ne croit plus au plein emploi et la défense de ses droits semble être son dernier rempart contre un « capitalisme sauvage ».
Alors, que penser des politiques de lutte contre le chômage ? Quoiqu'il en soit, quand Olivier BLANCHARD, directeur du département de sciences économiques du MIT, apprend les manifestations et leur mot d'ordre, il parle d' « ignorance économique». Pourtant, à l'aube du 21ème siècle, l'histoire nous enseigne que, la revendication n'est pas nouvelle; le débat sur les
méfaits du capitalisme existait déjà au 19ème siècle.
En tout état de cause, au regard des récentes manifestations, on se dit que les protestations à
l'encontre de l'économie de marché ont encore de beaux jours devant elles… Il reste que beaucoup de pays européens sont confrontés à une situation de chômage élevé et stable, seuls l'Angleterre et quelques pays nordiques semblent y échapper. Pour les libéraux, le modèle anglo-saxon est un exemple à suivre, mais cela n'a pourtant pas toujours été le cas. En 1973, le chômage français s'élevait tout au plus à 3%, tandis qu'aux Etats-Unis, il était de 6%. Mais, depuis, les choses ont bien changé…
On parle, actuellement en Europe, de chômage de masse. Les néophytes en concluent que ce sont toujours les mêmes personnes qui sont au chômage. Ils voient le chômage comme un état, alors que c'est plus souvent un parcours. En partant de cette vision erronée, le chômeur est parfois considéré comme atteint d'une maladie contagieuse et incurable qu'il faudrait bien se garder d'attraper ! Gérard MERMET évoque alors les « solidarités restreintes ». Le
chômage de masse doit-il être perçu comme une fatalité ?
Entre 1970 et 1994, le taux de chômage français passe de 2 à près de 12% ! Depuis, il semble se maintenir autour de 9% pendant qu'aux Etats-Unis, il est à peine de 4.5%. Quel diagnostic doit on donner sur cette situation ? Quelles sont les causes de l'ampleur du chômage en Europe ainsi que de sa stabilité ? Quels en sont les remèdes ? Comment se fait-il que les pays européens restent visiblement impuissant ? Ce rapport n'a pas la prétention d'apporter les solutions miraculeuses permettant de résoudre cet épineux problème, mais de rendre compte des avancées faîtes dans le domaine de la recherche.
Ainsi, ce dossier traitera des structures du marché du travail et du chômage en France selon deux axes : Dans une première partie, nous en évoquerons les faits et les différents cadres d'analyse destinés à l'étude du fonctionnement du marché du travail. Par la compréhension des mécanismes qu'ils décrivent, nous tenterons d'identifier la nature et les causes du
chômage français. La deuxième partie est consacrée à l'aspect normatif qu'un tel type de travail requiert. Elle consistera, d'abord, à présenter, étudier et critiquer certaines des politiques menées afin de comprendre si, oui ou non, elles sont en mesure de répondre au problème du chômage actuel. Et l'objectif de cette partie sera d'aboutir sur les préconisations
des économistes, qui ont accompli un important travail de recherche sur le sujet.
[...] Les structures du marché du travail et le chômage de long terme en France 45 Dans le modèle institutionnel, l'Etat doit permettre à tous les agents de se réaliser pleinement ; l'Etat propose des services pour répondre à tous les besoins des hommes en société que le marché ne peut satisfaire. Or, le niveau de ces besoins dépend de la classe sociale à laquelle ils appartiennent. C'est en ce sens que l'Etat social possède une fonction redistributive. On peut distinguer dans ce modèle deux variantes de politique social : le premier est fondé sur l'assurance sociale professionnelle contributive obligatoire (dit bismarckien) ; tandis que le second (dit beveridgien) vise à assurer la sécurité sociale minimale de tous les citoyens par le biais d'une contribution forfaitaire. [...]
[...] Pour expliquer le chômage des jeunes, deux thèmes sont classiquement mis en avant : Coût du travail et existence de minima salariaux Formation initiale inadaptée aux caractéristiques des offres d'emploi. Cependant, les fondements empiriques de ce double diagnostic sont loin d'être établis. Emploi des jeunes et cycle économique Phénomène de sur-sensibilité des jeunes au cycle économique (Fondeur, 2001) qui peut se repérer sur la courbe du chômage. Les structures du marché du travail et le chômage de long terme en France 42 CONCLUSION : Les jeunes sont plus employables, mais aussi fortement vulnérables On explique la vulnérabilité18 des jeunes par leur faible ancienneté sur le marché du travail. [...]
[...] D'après leurs estimations, un contrat du type CNE-CPE, s'il était accessible à l'ensemble des entreprises du secteur marchand, créerait environ emplois. Le taux de chômage baisserait d'un demi-point Contrat première embauche Contrat Nouvelle embauche Les structures du marché du travail et le chômage de long terme en France 59 Certes emplois, ce n'est pas rien pour une mesure qui ne coûte rien aux finances publiques. Néanmoins, les demandeurs d'emploi subissent le coût du CNE et du CPE, c'est- à dire plus exactement l'augmentation de l'instabilité des emplois remettant en cause leur bien être malgré la légère recrudescence d'embauches. [...]
[...] La deuxième partie est consacrée à l'aspect normatif qu'un tel type de travail requiert. Elle consistera, d'abord, à présenter, étudier et critiquer certaines des politiques menées afin de comprendre si, oui ou non, elles sont en mesure de répondre au problème du chômage actuel. Et l'objectif de cette partie sera d'aboutir sur les préconisations des économistes, qui ont accompli un important travail de recherche sur le sujet. Les structures du marché du travail et le chômage de long terme en France 5 I. [...]
[...] Les modalités de ce dernier axe de réforme fait l'objet de notre dernière sous section. La responsabilisation financière des entreprises doit avoir deux composantes (CAE 44) : a. D'une part, des taxes sur le licenciement b. Et d'autre part, des indemnités de licenciement a. Le premier dispositif est voisin du système d'experience rating des Etats-Unis. Comme nous l'avons vu, à l'heure actuelle, les entreprises paient des cotisations proportionnelles à leur masse salariale. Nous avons vu en quoi ce système de mutualisation trop poussée était injuste, à la fois pour l'employeur et pour le salarié. [...]
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