En février 1993 lors d'un entretien Milton Friedman déclarait « En tant que science positive, l'économie est une tentative de généraliser les relations entre les variables économiques de façon en tirer des implications pouvant être contredites par l ‘expérience mais qui, en fait, ne le sont pas » . Cette phrase résume parfaitement la relation entre le chômage et l'inflation qui est l'une des plus débattue, des plus controversées et des plus importantes de l'histoire des théories économiques. En effet ces deux variables économiques représentent des enjeux énormes en terme social, économique et politique. En ce qui concerne le chômage les impacts sur la société sont patents c'est pourquoi il s'agit de l'indice économique le plus important qui est toujours lié à la politique et aux résultats électoraux comme le prouve à travers l'histoire les cycles politico-économique. Quant à l'inflation qui correspond au taux d'accroissement du niveau général des prix, ses répercutions sociales sont moins importantes que le chômage mais il n'est pas abscons de vouloir absolument le maîtriser. En effet la « pure inflation » c'est à dire l'augmentation égale du niveau des prix et des salaires est utopique. C'est pourquoi l'inflation conduit à des distorsions, certaines catégories sociales perçoivent des revenus non indexés sur l'inflation créant des inégalités. De plus l'inflation étant une variation elle crée des incertitudes qui n'aident pas les entreprises à investir. Il paraît donc normal que la relation entre l'inflation et le chômage a été l'un des sujets les plus enflammées de la macroéconomie. Cette relation ne naît pas en 1958 avec l'étude statistique réalisée par A.W Phillips qui ne mettra qu'un lien entre la théorie macroéconomique pure et la réalité économique et qui donnera la célèbre courbe de Phillips.Elle est plus ancienne et remonte aux théories classiques. Mais c'est John Maynard Keynes qui développe avec sa théorie générale de l'emploi, de l'intérêt et de la monnaie en 1936 les débats macroéconomiques qui sont encore d'actualité. Keynes avec ses théories d'intervention économique de l'état préfigurait la courbe de Phillips, il voyait déjà dans l'inflation un antidote au chômage et les gouvernements n'avaient plus qu'à choisir leur niveau d'inflation et de chômage. Cette vision était complètement en adéquation avec les statistiques de l'après guerre, mais aussi bien avant comme le montre la courbe de Phillips originale qui est une étude réalisée au cours de la période 1861-1957 au Royaume-Uni. Malheureusement « les évènements historiques contredisent souvent les théoriciens, bousculent les théories et conduisent à de nouvelles théories » comme le souligne Gordon en 1993 et c'est pourquoi avec l'apparition de la stagflation dans les années 70, cette vision de la relation inflation-chômage devient obsolète. C'est le nobélisé Milton Friedman et Edmund Phelps qui ne croient pas dans cette courbe à long terme et qui vont émettre de nouvelles théories peu avant l'arrivée de la stagflation.
Mais cette aventure de la relation inflation-chômage ne se résume pas en quelques lignes elle est faite de rebondissements tant au niveau théorique qu'empirique.
Dans une première partie nous montrerons les bases posées par Keynes ainsi que la courbe de Phillips et sa lecture keynésienne, puis dans une deuxième partie nous étudierons la critique des monétaristes et l'évolution de la courbe de Phillips.
[...] Mais il exclut une baisse des salaires nominaux par rapport aux prix, ce que Keynes explique par cette phrase : Alors que la main d'œuvre s'oppose ordinairement à la baisse des salaires nominaux , il n' est pas dans son habitude de réduire son travail à chaque hausse du bien de consommation Au niveau pratique, La baisse des salaires nominaux est trop dure à mettre en place dans la pratique car les salariés s'y opposeraient et que les luttes pour diminuer le salaire nominal seraient trop longues et infructueuses. D'un côté plus théorique la baisse du salaire nominal ne pourrait diminuer le chômage qu' à travers son effet sur le taux d'intérêt . La baisse des salaires entraîne une diminution du niveau des prix qui induira une hausse de la valeur réelle de l'offre de monnaie, une baisse du taux d'intérêt et une stimulation des dépenses d'investissement. Il y a donc une hausse de la demande globale. Mais Keynes va montrer que cet effet est susceptible d'échouer. [...]
[...] Il trouve alors une courbe où il y a une corrélation négative entre le taux de chômage et le taux de variation du salaire nominal . U Graphique la courbe de Phillips originelle Source : La pensée économique moderne, p167 : taux de variation du salaire nominal U : taux de chômage Comme nous le voyons sur le graphique 1 il existe un taux de chômage égal à et pour lequel le taux de variation du salaire nominal est nul. [...]
[...] Ce qui donne : W = P + marge. Si l'on admet que cette marge est fixe, alors le taux de variation du salaire nominal est égal au taux de variation de l'inflation. La courbe de Phillips est donc inchangée. En 1960 Paul Samuelson et Robert Solow font le même diagramme[8] pour les Etats-Unis entre 1900 et 1960. Les résultats de cette étude se trouvent en annexe Ce sont eux qui baptisèrent cette relation courbe de Phillips. Pendant les périodes étudiées par Phillips, Samuelson et Solow le taux d'inflation est en moyenne proche de zéro. [...]
[...] Avec cet axiome il est facile d'expliquer l'existence d'un chômage involontaire(voir annexe 2). Lorsqu'il se produit une baisse de la demande globale alors que l'économie est en situation de plein emploi, les salaires nominaux étant rigides et les prix flexibles, il va se produire un déplacement de l'économie de E0 vers E1(figure annexe correspondant à une baisse du revenu et des prix. Il paraît alors patent que le salaire réel va augmenter, ce qui va avoir comme conséquence d'augmenter l'offre de travail des ménages et de diminuer la demande de travail des entreprises (figure annexe , il va alors y avoir un chômage involontaire équivalent sur le schéma à . [...]
[...] Concrètement ces politiques déflationnistes ont fortement influencé les politiques macroéconomiques du début des années 80 aux Etats-Unis et au Royaume-Uni. Au Royaume-Uni le gouvernement conservateur élu en 1979 avec à sa tête Margaret Thatcher a cherché à réduire le taux de croissance monétaire( en annonçant au préalable des normes de progression pour les quatre ans à venir) dans le but de réduire l'inflation durablement. Aux Etats-Unis en 1979 le taux de chômage était de et le taux d'inflation était très élevé car il s'élevait à Il fallait par conséquent diminuer l'inflation mais de quelle vitesse ? [...]
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