Dans nos sociétés fondées sur la consommation de masse et les loisirs, la valeur travail est souvent ressentie comme une tâche obligatoire, qui s'oppose à la liberté individuelle. L'emploi, c'est-à-dire le travail reconnu par l'Etat et rémunéré, est cependant essentiel à l'intégration de l'individu : le chômeur court des risques de marginalisation voire d'exclusion. D'où le paradoxe souvent souligné par les grands penseurs entre la difficulté et la nécessité du travail pour l'homme.
Avec l'émergence du rôle syndical dès la fin du XIXème siècle, c'est davantage sur la quantité et la qualité du travail que l'on s'interroge. Ainsi, les conditions des travailleurs n'ont cessé de s'améliorer, notamment au niveau de la durée du temps de travail, qui a poursuivi sa réduction.
[...] Par ailleurs, la baisse du temps de travail peut avoir des effets néfastes au niveau social et psychologique. Ainsi, chez Volkswagen, depuis que les ouvriers ne travaillent que quatre jours par semaine avec une rémunération proportionnellement moindre, on a pu voir une montée des divorces et des tensions conjugales. Par ailleurs, la réduction du temps de travail peut faire augmenter le stress des salariés, étant donné que certains emplois doivent réaliser la même quantité de travail en un temps plus court. [...]
[...] Il s'agit surtout pour les pays développés d'augmenter le nombre de travailleurs dans les domaines des soins et des services aux personnes âgées, dans lesquels les gains de productivité, et donc de temps, sont impossibles ou très difficilement réalisables. Le temps de travail collectif ne peut en ces cas être réduit, au contraire, il devrait s'accroître. Le vieillissement entraîne un autre défi à surmonter : celui des retraites. En France actifs déjà cotisent pour 7 inactifs : le système de redistribution devra alors, pour éviter que ce ratio ne diminue, augmenter l'âge légal de la retraite. [...]
[...] La tertiarisation des économies semble donc avoir bouleversé la notion de travail, car la baisse du temps de travail dans les services est irréductible et devrait même s'amplifier. Mais peut-être assiste-t-on à une redéfinition du travail, basée avant tout sur le contact humain et la solidarité. C'est ce que montre Dominique Méda dans Le travail, une valeur en voie de disparition : dans une société où les secteurs tertiaires et quaternaires sont en plein essor, les frontières entre travail et activités extraprofessionnelles s'obscurcissent, et l'essentiel de l'activité prend la forme de service plutôt que de travail Cette réduction du travail est, selon la philosophe, la condition sine qua non, pour qu'un véritable espace public, une véritable sociabilité, se crée. [...]
[...] Nous pouvons donc dire que si la valeur travail a légèrement perdu de son sens, elle n'est pas vouée à disparaître. Peut-être faudrait-il lui donner un nouveau sens, qui corresponde mieux aux besoins démographiques et culturels de la société. Si les pays développés ont connu une baisse de la durée de travail, celle- ci devrait s'arrêter rapidement, tandis que celle des pays émergents et en voie de développement pourrait se poursuivre jusqu'à l'atteinte de la dernière phase de leur transition démographique. [...]
[...] Cette amélioration de la productivité du travail reflète alors une transformation de la société, et donc de ses valeurs. Elle reflète une démocratisation de l'enseignement et par conséquent des travailleurs plus qualifiés, mieux formés. Mais c'est surtout au niveau des mentalités que les transformations sont les plus fortes : le travail est devenu aliénant : les méthodes de production qui assimilent l'homme à une machine sont par exemple nettement dénoncées par Charlie Chaplin dans Les temps modernes. D'autre part, la notion de vacances, de tourisme fait véritablement son apparition en 1936, lorsque le Front populaire crée les deux semaines de congés payés par an. [...]
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