Une organisation du travail plus flexible peut-elle être source de croissance économique ?

Résumé du document

Les manifestations de mars 2006, à l'encontre de la loi instaurant les contrats première embauche (CPE), ont traduit l'inquiétude des jeunes face à la flexibilité de l'emploi. Ces contrats qui, dans les textes, devaient permettre aux entrepreneurs d'embaucher sans contraintes liées aux contrats à durée indéterminée (CDI), ont été accusés par les jeunes d'accroître en fait la précarité en généralisant des contrats à durée déterminée (CDD) (...)

Extraits

[...] Une organisation du travail plus flexible favorise donc la croissance par le biais des gains de productivité qui sont affectés aux agents économiques. Mais cette relation n'est pas systématique. En effet, aux USA, alors que la part de l'emploi à temps partiel dans la population active diminue de points de pourcentage de 1983 à 2000 la productivité progresse de en moyenne par an durant la période 1990-99 et le PIB de en moyenne par an durant la même période : une organisation du travail moins flexible peut donc induire des gains de productivité permettant de soutenir la croissance économique. [...]

[...] Une flexibilité externe ne permet pas de maintenir une compétitivité hors- prix car elle réduit les dépenses de formation aux salariés permanents de l'entreprise et à ceux des sous-traitants : les coûts de formation pouvant aussi s'avérer trop élevés pour les sous-traitants. La compétitivité hors- prix qui soumet les entreprises à des exigences de qualité et d'innovation peut ainsi nuire à la compétitivité- prix ce qui est défavorable à la croissance économique. Dans la théorie du salaire d'efficience les salariés en situation précaire peuvent être démotivés ce qui peut détériorer leur efficacité productive et peser sur la productivité. [...]

[...] En conclusion, la mise en place d'une organisation du travail plus flexible a permis de résoudre les deux crises du fordisme dans les années 80 en augmentant les gains de productivité favorables à la croissance. Cependant les entreprises qui ont misé sur leur compétitivité-prix grâce à une flexibilité quantitative interne et externe ont influé négativement sur leur compétitivité hors-prix en délaissant la flexibilité qualitative ce qui nuit à la croissance : la compétitivité-prix et la compétitivité hors- prix étant indissociables face à la contrainte extérieure. [...]

[...] Une organisation du travail plus flexible peut être source de croissance économique Relation entre flexibilité et gains de productivité Une organisation du travail plus flexible permet de dégager des gains de productivité. En effet : - une flexibilité quantitative interne (avec le recours aux heures supplémentaires à l'annualisation du temps de travail et au temps partiel) et externe (avec le recours à l'intérêt des contrats à durée déterminée et à la sous-traitance) est une réponse aux fluctuations de la demande et permet la mise en place d'une nouvelle organisation du travail, le toyotisme basée sur le juste à temps et les cinq zéros (c'est à dire la chasse aux gaspillages), - une flexibilité qualitative interne avec la mise en place de l'autonomisation des travailleurs (c'est à dire la création d'équipes semi- autonomes et l'enrichissement des tâches) et la polyvalence des salariés est une réponse à la crise sociale. [...]

[...] Les gains de productivité sont donc favorables à la croissance et profitent : - aux ménages sous forme de baisse de prix et l'augmentation du pouvoir d'achat ce qui permet une augmentation de la demande facteur de croissance, - aux salariés sous forme d'augmentation de salaires nominaux ce qui permet, couplée à la baisse des prix d'augmenter leur pouvoir d'achat (salaires réels) et la demande fadeur de croissance, - aux entreprises sous forme d'augmentation du profit ce qui permet de réaliser des investissements et des dépenses en recherche-développement facteurs de croissance, - aux actionnaires (entreprises, ménages) sous forme de dividendes ce qui peut être favorable à l'investissement et à la consommation, principales composantes de la demande. Entre 1980-90, la productivité au Japon a augmenté de en moyenne par an ce qui a induit une augmentation de la croissance de en moyenne par an. [...]