La relation entre progrès technique et emploi est un phénomène complexe : on a d'abord vu dans le progrès technique une source d'emploi. Mais l'abolition des poor laws en Angleterre au XIXème siècle montre d'emblée que l'emploi créé par les innovations a conduit à la pauvreté et à la précarité des individus. Aujourd'hui dans un monde de mondialisation des échanges et de globalisation des marchés, le progrès technique est un facteur majeur de l'emploi et donc de l'équilibre de la nation tel qu'il est défini par R. Musgrave. C'est justement la croissance agencée par le progrès technique qui permet l'emploi (...)
[...] Plusieurs cycles d'innovations sont à mettre en évidence pour expliquer la relation progrès technique et emploi. On remarque précisément que depuis la révolution industrielle l'innovation fonctionne par cycle. Ainsi le premier cycle à distinguer était celui du textile et de la machine à vapeur. Depuis plusieurs cycles ont eu lieu : celui du chemin de fer et de l'acier, de l'électricité, du nucléaire et plus récemment encore les nouvelles technologies d'information et de communication. De fait il est pertinent de les mettre en relation avec les cycles économiques de Juglar économiste français et de Kondratiev qui expliquent le taux d'emploi par des cycles sur des périodes plus ou moins longues. [...]
[...] Nous voyons donc que le progrès technique modifie les liens sociaux et qu'il est à l'origine de l'emploi précaire. Il peut aller au-delà et tendre vers le chômage. Bien que Daniel Cohen remarque et souligne de manière opiniâtre que le progrès technique détruit des emplois, l'économiste autrichien Joseph Aloïs Shumpeter (1883-1950) met en relief l'effet pourvoyeur d'emploi du progrès technique. Il existe un système de déversement tel qu'il est décrit par A. Sauvy. D'un côté des emplois vont être détruit par le progrès technique mais de l'autre côté des emplois vont être créés dans les nouveaux secteurs. [...]
[...] Certes le progrès technique conduit à l'emploi. Mais à quel type d'emploi ? Le progrès technique a effectivement modifié profondément l'organisation du travail. En plus du travail précaire, le progrès technique peut aussi être source de chômage. L'emploi précaire ou le travail en miette apparait à la suite des idées de Taylor qui modifie fondamentalement l'organisation du travail. Le taylorisme se définit par les principes suivant : utilisation maximum de l'outillage, chronométrage et division des taches, incitation des employés au rendement. [...]
[...] On voit donc clairement les limites du progrès technique comme créateur d'emploi. Le progrès technique propose donc bien une nouvelle organisation du travail et la crise contemporaine a démontré à l'envi que le progrès technique peut-être la cause d'un chômage massif : les ouvriers sont remplacés par les machines sans vouloir paraître pessimiste. C'est alors que de nouveaux acteurs sont à prendre en considération dans la relation progrès technique et emploi. Le premier de ces acteurs est l'Etat. Celui-ci fait des choix nets. [...]
[...] * * * Le lien entre progrès technique et emploi est complexe. Depuis la révolution industrielle jusqu'aujourd'hui plusieurs cycles se sont succédé et tous ont été suivis d'une création d'emploi. Ce constat est évidemment à nuancer face à la montée du chômage et à sa persistance dans le temps qu'il connait actuellement. Par ailleurs, il semble que l'Etat et derrière lui la politique ne soit plus le maître des horloges qu'il était. Le choix d'une croissance intensive a profondément modifié le rapport au travail : précarité, chômage sont les nouvelles donnes à prendre en compte. [...]
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