En 1975, les trois principales confédérations syndicales (la CGT, la CGT-FO, et la CFDT) totalisaient 45% des suffrages des salariés aux élections prud'homales ; en 2002, ce résultat s'est effondré à 24%. Cette perte d'influence des principales organisations syndicales suggère qu'elles ne parviendraient plus à représenter le salariat dans le capitalisme contemporain, où la PCS des « ouvriers » décline (37,3% des actifs en 1975 ; 27,7% en 2000), et où les statuts et les emplois se renouvellent rapidement (...)
[...] 2-La base de nouveaux conflits sociaux Ce vécu du travail ne cadre pas directement avec les revendications qui sont la vocation des syndicats. Mais ils font de la centralité de l'emploi dans la conscience sociale, et les identités collectives qui se révèlent dans le conflit : lorsque l'emploi est menacé, ou que les conditions salariales sont interprétées comme dégradantes, etc. Les conflits salariaux sont menés pour non pas seulement des revendications matérielles, mais aussi (surtout) l'exigence de voir reconnu l'investissement des salariés. [...]
[...] Malgré ces conditions très défavorables, les syndicats demeurent cependant la principale force organisée participant aux actions collectives des salariés. Quels facteurs expliquent cette relative résistance ? II - UN DECLIN PROBABLEMENT REVERSIBLE Ce contexte très favorable au syndicalisme n'a pas supprimé sa raison d'être : la prééminence du travail dans la vie sociale. Par ailleurs, l'extériorité des nouvelles classes moyennes au syndicalisme n'est peut- être pas définitive. A. Le travail demeure le coeur de l'identité sociale 1-La culture du travail La condition première de la vitalité des syndicats professionnels et la centralité du travail dans nos sociétés. [...]
[...] La recomposition des identités de classe 1-La prolétarisation des classes moyennes Par ailleurs, les nouvelles catégories salariées que nous avons évoquées plus haut ne sont pas inéluctablement rétives au syndicalisme ; au contraire, avec le recul, grandit le sentiment d'une prolétarisation des classes moyennes Techniciens, employés, etc., se considèrent de moins en moins comme des privilégiés dont les intérêts divergeraient de ceux des autres salariés. Les salaires et l'insécurité de l'emploi qui connaissent les employés sont équivalents à ceux des ouvriers ; les membres des professions intermédiaires occupent un statut analogue à celui des ouvriers qualifiés du passé. Les inégalités s'élargissent de nouveau, en terme de salaire, d'insécurité de l'emploi ou de logement . 2-Vers une revitalisation du syndicalisme ? Sans doute cela explique-t-il le relatif retour en grâce du syndicalisme de ces dernières années. [...]
[...] Ce paradoxe, qui sape le principe même du syndicalisme, est particulièrement actuel : l'instabilité des collectifs de travail réduit le contrôle social et la confiance dans ses collègues tandis que la menace du chômage accroît le risque associé à l'engagement militant. 2.Des enjeux extérieurs à l'entreprise L'affaiblissement des liens internes à l'entreprise réévalue les enjeux extérieurs : mouvements de chômeurs, pour l'accès au logement, etc. Or les syndicats ont moins pris sur ces mouvements sociaux qui correspondent moins à leur implantation militante et à leurs traditions. Quelques tentatives d'organisation des chômeurs ont néanmoins vu le jour (à Marseille, notamment), mais ce sont surtout des associations indépendantes qui s'activent sur ce terrain. [...]
[...] Une conséquence en est une moindre présence militante sur le terrain, une distanciation vis-à-vis de leur base bien avant la crise des années 1970. Les effets de la mutation du capitalisme de la fin du XXème siècle ont déstabilisé un mouvement syndical fonctionnarisé déjà fragilisé, et de surcroît déjà divisé au cours de l'Histoire (CGT/CGT-FO/CFDT) L'identité floue des nouvelles classes moyennes En quoi consiste ce bouleversement du salariat ? En premier lieu, les bastions historiques du syndicalisme, qui entretenaient la tradition d'une identité ouvrière revendicatrice et fournissaient la plupart des militants, sont frappés de plein fouet par le déclin de l'emploi industriel : automobile, sidérurgie, mines . [...]
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