Sur des études sociologiques menées sur les populations de chômeurs, la première impression, et non des moindres, est l'épreuve traversée par ceux qui ont connu le chômage : l'intégrité morale et physique sont atteintes (on observe une nette surmortalité des populations au chômage). Si le chômage intéresse tant, c'est bien qu'au-delà d'un traumatisme individuel, il relève d'un coût social important qui peut se mesurer par la perte des richesses non-produites par l'individu augmenté du coût de l'indemnisation qu'il perçoit. Surtout, les études se multiplient à son sujet car il est un des traits les plus saillants de nos sociétés développées : depuis une trentaine d'années, le chômage ne cesse de croître, la crise de 2008 n'approuvant qu'une tendance de fond engagée depuis le début des années 1980. Il ne sera question que du chômage dans les grandes zones développées : les autres seront vaguement invitées dans certaines réflexions mais resteront exemptes tout simplement parce que la notion de chômage nécessite, pour exister, une définition, avant tout une existence propre, du salariat (ce qui n'est pas le cas en dehors des pays développés). Le chômage fait largement politique, tout d'abord dans sa mesure ; comme le souligne Olivier Blanchard, « le problème du chômage n'est pas réductible à une seule dimension ».
Le chômage se définit le plus souvent selon la définition donnée par le Bureau international du Travail (BIT) : il suffit, pour être considéré comme chômeur, de ne pas avoir travaillé une seule heure la semaine de référence, être disponible pour travailler sous moins de deux semaines, et enfin « avoir entrepris des démarches de recherche d'emploi dans les 4 semaines précédant l'enquête ». Au niveau européen, les chiffres du chômage sont harmonisés par Eurostat et par l'OCDE. Les mesures sont effectuées sur un échantillon représentatif de la population nationale. Une autre définition est celle donnée par les services publics de l'emploi, l'ANPE en France : sont considérés au chômage les demandeurs d'emploi en fin de mois (DEFM); là aussi les données sont très relatives, la définition des DEFM différant à l'échelle internationale : ainsi aux États-Unis sont considérés comme DEFM les bénéficiaires d'allocations chômage ; appliquée en France, cette définition réduirait de moitié le taux de chômage. Les écarts entre le taux de chômage au sens du BIT et au sens de l'ANPE peuvent être considérables, l'avantage du second étant d'être fourni mensuellement.
[...] Le processus de déversement peut voir se concilier gains de productivité et hausse de l'emploi. Avec le développement des NTIC, des qualifications plus élevées ont été requises : dans ce cas, on dit que le progrès technique est biaisé en faveur du travail qualifié, selon Daron Acemoglu, c'est-à-dire que la productivité relative du travail peu qualifiée est rendue inférieure à celle des autres facteurs de production, stimulant par-là la substitution des facteurs en défaveur du travail peu qualifié. Pour Krugman elle est la cause principale de la hausse des inégalités aux États-Unis. [...]
[...] Des études ont également montré que le taux de chômage était plus faible dans les pays où les rapports sociaux sont moins conflictuels. IV. Les politiques de l'emploi Les politiques du marché du travail Les politiques du marché du travail visent explicitement à réduire le chômage : elles peuvent être actives (aides à la recherche d'emploi, emplois aidés) ou passives (indemnisation du chômage, préretraite). Ces mesures engendrent des coûts publics différents selon les pays, mais les données sont à prendre avec précaution tant les systèmes nationaux sont différents. [...]
[...] En France, les mesures ont été une réduction des cotisations sur les bas salaires. Les effets négatifs de telles mesures sont la création d'une trappe à bas salaires ; de plus, le coût de ces mesures est très élevé pour l'État, et donc en cas de crise elles tendent à se faire plus réduites et restrictives. Aussi, un haut niveau d'indemnisation du chômage aurait pour risque de créer une trappe à inactivité en rendant peu rentable financièrement la reprise d'un travail par un chômeur ; des mesures très récentes se sont vues fixer comme objectif de rendre le travail rentable en permettant aux travailleurs en reprise d'emploi de cumuler un certain temps une partie de leurs allocations avec leur salaire. [...]
[...] On en déduit que le taux de croissance de la production, c.-à-d. le PIB, est égal à celui de la productivité par tête plus celui de l'emploi, ou encore que le taux de croissance de l'emploi est égal à celui de la production moins celui de la productivité par tête. Au niveau microéconomique donc, si les gains de productivité augmentent, cela peut se faire au détriment de l'emploi puisque les baisses de prix qu'ils permettent peuvent ne pas être compensées par une hausse de la demande (saturation). [...]
[...] La mondialisation revêt des aspects positifs pour l'emploi : en effet, importer signifie produire à moindre coût donc, par un effet de richesse, la hausse de pouvoir d'achat permise est reportée par les consommateurs sur des produits et des services nationaux. Le secteur est donc différemment vulnérable face à la mondialisation : certains y perdent des emplois (textile) d'autres en gagnant. Elle accroit également la concurrence et stimule donc le progrès technique, qui, nous l'avons vu, agit sur le niveau de l'emploi. Enfin, la mondialisation rend possible l'immigration. [...]
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