chômage, économie, Cahuc et Zylberberg, croissance, France, marché du travail
Depuis une trentaine d'années, la France connaît un chômage endémique. Malgré l'accumulation d'études et d'analyses économiques, il n'existe en France aujourd'hui aucune instance indépendante pour évaluer l'intervention des pouvoirs publics sur le marché du travail : on peut parler ainsi de « déficit démocratique français ». Les auteurs constatent que « sans véritable connaissance des faits et sans évaluation objective indépendante, toute tentative de diagnostic du fonctionnement du marché du travail est assimilée à une prise de position politique ». Ils se proposent donc de présenter les connaissances acquises concernant l'emploi et le chômage afin de mieux analyser et trouver des mesures pour lutter contre le chômage.
[...] La quantité totale de travail n'est pas fixée, mais dépend d'une série de variables, à commencer par le coût du travail. Les auteurs analysent très finement le rapport entre coût du travail et emploi, et montrent que le salaire minimum, selon le niveau auquel il est fixé, peut soit avoir un effet bénéfique soit un effet nuisible à l'emploi. George Stigler en 1946 est l'un des premiers à affirmer qu'une hausse du salaire minimum n'induit pas forcément une hausse du chômage, mais au contraire, peut augmenter les embauches, car, non seulement la marge entre la productivité du travailleur et son salaire reste toujours positive malgré une augmentation du salaire minimum, mais cette augmentation sert aussi d'incitation à la recherche d'un emploi. [...]
[...] Inefficace, car elle ne permet pas de maintenir le volume global de l'emploi et évite, à un coût élevé, certaines destructions d'emplois. Cela ne veut pas dire que la protection de l'emploi est inutile, mais qu'elle doit être pensée différemment. La protection de l'emploi a trois objectifs : réduire les destructions d'emplois, diminuer les risques pour les salariés et inciter les entreprises à tenir compte de la valeur sociale du travail. Néanmoins, elle a des effets ambigus : la rigueur de la protection n'incite pas les entreprises à créer des emplois, et donc accroît la durée du chômage. [...]
[...] Enfin, l'évidence voudrait que la réduction de la durée du temps de travail soit à l'origine de la baisse du chômage. Seulement, le marché du travail est très fluctuant et dépend de la compétitivité des entreprises. Même si les études manquent en ce qui concerne la réforme des 35 d'autres analyses de la réduction du temps de travail ont montré que cela ne favorisait pas le partage du travail, mais pouvait au contraire conduire à la perte d'emplois. Selon les auteurs nous avons une conception erronée du marché du travail. [...]
[...] En revanche, les subventions à l'emploi dans le secteur privé[7] donnent de très bons résultats. La raison est que dans le dernier cas, la personne occupe un poste qui existe de manière permanente et se trouve donc dans une vraie situation de travail, à la différence d'un emploi créé de toute pièce dans le secteur public[8] qui diminue les chances de retour vers l'emploi régulier de celui qui en bénéficie de environ ! On en conclut que les aides à l'emploi sont d'autant plus efficaces que l'emploi est proche d'un emploi régulier et les auteurs plaident ainsi pour le développement de programmes dans le secteur privé tels que les contrats de qualification ou les contrats d'apprentissage. [...]
[...] Le manque d'évaluation a pour conséquence une méconnaissance du marché du travail, voire un aveuglement typiquement français. Pour remédier à cette ignorance du marché du travail, il faut affronter le réel, s'assurer de l'indépendance des évaluations afin d'établir leur crédibilité et combler la grave lacune de notre pays concernant les moyens à mettre en œuvre pour lutter de manière efficace contre le chômage. Cf Schumpeter dans les années 1940 Entendue ici dans les deux sens : les personnes inactives qui ne font aucune démarche de recherche d'emploi et celles au chômage qui cherchent du travail, mais n'en trouvent pas ou refusent des postes où les salaires sont faibles. [...]
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