Anne-Marie Guillemard est professeur de Sociologie à l'université Paris V Descartes. Elle fait également partie de l'Institut Universitaire de France et est chercheur au Centre d'Etude des Mouvements sociaux. En 2003, elle publie "L'âge de l'emploi. Les sociétés à l'épreuve du vieillissement " dans lequel elle met en lumière la seconde partie de carrière des salariés qu'elle estime peu étudiée par rapport à l'insertion des jeunes dans le marché du travail. Elle évite d'étudier le vieillissement sous le seul prisme des retraites qui est selon elle une vision trop réductrice du vieillissement démographique.
Pour elle le véritable enjeu du vieillissement est l'emploi des salariés « âgés ». Pour son analyse elle procède par comparaison de la situation sociale de différents pays comme la France, le Japon, le Royaume-Uni ou la Suède, en étudiant la mise en relation des acteurs de la protection sociale comme l'État et les entreprises, car comme elle le dit, « l'âge est précisément une donnée relative, qui prend son sens dans un ensemble social ». Il est donc nécessaire d'étudier comment les politiques publiques définissent « l'âge de l'emploi ».
Comment la vieillesse institutionnalisée par les systèmes de protection sociale a-t-elle confronté les sociétés industrielles au défi de l'emploi des actifs avançant en âge et plus précisément à leur maintien ou leur insertion sur le marché du travail ?
En 2001, la France était le seul pays d'Europe avoir une variation négative avec -15%, évoluant de 37% en 1971 à 32% en 2001, mais passant par des taux plus faibles comme 28% en 1993.
Pourtant, malgré cette stagnation apparente, le taux d'emploi féminin est lui aussi en décroissance. La baisse est significative pour la cohorte des 60-64ans. Si entre 55 et 59 ans, les femmes sont encore bien insérées dans le marché du travail avec les cas du Royaume-Uni avoisinant les 60% en 2001 et de la Suède avec 76%, le cas des 60-64 ans est plus préoccupant.
En effet, seuls la Suède, le Japon et les Etats-Unis atteignent des taux raisonnables respectivement de 45%, 38% et 39% en 2001. La France, l'Allemagne, la Belgique et l'Italie se retrouvent en fin de liste avec par exemple des taux allant de 13% pour la France à 7% pour la Belgique et l'Italie. La France fait à nouveau figure de mauvaise élève avec une variation entre 1971 et 2001 de -60%.
Le problème qui se pose est que la baisse générale du taux d'activité à partir de 55 ans chez les hommes comme chez les femmes a des effets sur la génération suivante qui correspond à la cohorte des 50-54 ans. Souvent, ces salariés atteignant la cinquantaine sont soumis aux préretraites ou aux congés de fin de carrières. Les pays des groupes 3 et 4 c'est-à-dire la France, l'Allemagne, l'Italie ont perdu environ 10 % de leurs actifs âgés de 50 à 54 ans entre 1971 et 2001.
Le problème, c'est qu'à très long terme cet « effet ricochet » comme le qualifie A-M Guillemard peut avoir des répercussions sur les générations suivantes. Qui sait si dans plusieurs décennies le taux d'emploi des 40-49 ans ne sera pas lui aussi en recul ?
Conjointement à l'allongement des études, la durée de vie au travail pourrait se faire de plus en plus courte ce qui poserait des problèmes quant au système des retraites qui exige une certaine période de cotisation avant de toucher sa pleine pension. Il faut donc peut-être prendre plus en considération l'allongement de la vie et donc proposer une nouvelle répartition des temps de la vie.
Cette logique de départs anticipés est stimulée par une pratique devenue courante : la préretraite qui est le signe que de moins en moins de salariés « âgés » passent directement de l'emploi à la retraite. C'est une vraie « culture » qui s'est construite autour de l'inactivité entre l'emploi et la retraite comme le montre A-M Guillemard.
[...] Les salariés âgés depuis 2003 : une place prépondérante dans l'agenda politique Depuis 2003, l'emploi des salariés âgés occupe une place centrale dans les politiques du travail. En France d'abord, en 2003 la retraite fut réformée. Cette réforme témoigne d'une véritable prise de conscience des pouvoirs publics vis-à-vis de l'attitude des générations futures face aux retraites. La loi du 23 août 2003 en ce sens, deux objectifs : d'une part, la garantie du financement des retraites fondé sur le contrat intergénérationnel, et d'autre part envisager le futur des retraites selon les éventuels défis démographiques qui risquent de se poser. [...]
[...] Par exemple, on peut noter la performance de la Suède en matière d'emploi féminin passant de 44% en 1971 à 64% en 2001. En 2001, la France était le seul pays d'Europe avoir une variation négative avec évoluant de 37% en 1971 à 32% en 2001, mais passant par des taux plus faibles comme 28% en 1993. Pourtant, malgré cette stagnation apparente, le taux d'emploi féminin est lui aussi en décroissance. La baisse est significative pour la cohorte des 60-64ans. [...]
[...] Tout d'abord, signalons que le Japon est un des États du monde qui subit le plus lourdement le vieillissement de sa population. En 1950, les plus de 65 ans représentaient de la population soit deux fois moins qu'en France ; en d'après l'OCDE. Ce vieillissement rapide impose à l'État de considérer la part de la population âgée comme une potentielle population active. Ainsi, dès les années 70, le Japon se fait remarquer par l'adoption de cinq mesures : En 1973, une loi vise à fixer l'âge obligatoire de retraite appelé le Teinen passe de 55 ans à 60 ans c'est-à-dire qu'il correspond à l'âge du droit à la pension de retraite. [...]
[...] Mais les Français ne semblent pas prêts à accueillir les propositions gouvernementales. D'après un sondage Ifop dont les résultats sont rapportés dans un article de la version Internet du journal Le Monde des personnes interrogées seraient opposées au recul de l'âge de la retraite au delà de 60 ans se diraient contre un allongement de la durée de cotisation et 74% contre une augmentation des cotisations sociales. Toujours en France, on peut citer une mesure prise pour favoriser l'emploi des salariés âgés inactifs : le CDD senior. [...]
[...] Elle y place le Canada, le Royaume-uni et le Danemark. Dans le groupe sont regroupés les pays qui enregistrent un taux d'activité avoisinant les 50% et dont la variation est assez significative, allant de pour l'Espagne à pour l'Allemagne. Enfin dans le groupe A-M Guillemard classe les pays dont le taux d'emploi des 55-64 ans est proche des 40% et dont la variation du taux est la plus importante, de l'ordre de 43% pour la France. La Belgique fait aussi partie de ce groupe avec un taux d'activité des 55-64 ans de seulement 35% en 2001, on est donc bien loin des 78% du Japon. [...]
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