A partir de 1993, l'action publique en faveur de l'emploi s'oriente vers des mesures générales de baisse du coût du travail pour les non-qualifiés au voisinage du SMIC (jusqu'à 1,6 SMIC aujourd'hui) par le biais d'allégements des cotisations sociales patronales. Les idées néolibérales soutenues par l'OCDE et la Commission européenne sont reprises par les dirigeants français, convaincus que le coût du travail, soit la somme des dépenses incombant à l'employeur en contrepartie du travail salarié, c'est-à-dire de la somme de la rémunération directe (salaire brut, congés payés et primes) et des cotisations légales ou conventionnelles (sécurité sociale, retraites complémentaires…), est la cause principale du fort taux de chômage en France. En effet, celui-ci dépassait les 10% pour la première fois en 1985 et s'élevait à 11% en 1993.
Ainsi, ils reprennent l'idée que la structure du coût du travail est défavorable à l'emploi : le prix du travail non-qualifié serait relativement élevé, en raison du niveau du salaire minimum ou des minima conventionnels, alors même que la demande de travail des entreprises tend à s'orienter vers le travail plus qualifié. De la baisse du coût du travail, le taux de chômage des peu qualifiés qui subissent directement la concurrence des pays à bas salaires, mais aussi global, devait baisser.
Cette focalisation sur le coût du travail est-elle pertinente aujourd'hui : alors que les pays émergents ont un avantage comparatif considérable dans ce domaine, la réponse au chômage ne se trouve-t-elle pas ailleurs ?
[...] Or, si l'on suit Fontagné et Lorenzi, il conviendrait plutôt d'envisager la mondialisation et ses effets dans une perspective positive et offensive plutôt qu'inquiète et défensive Cela signifie donc que la France doit prendre en charge les effets des délocalisations conséquence d'un coût du travail élevé pour les travailleurs peu qualifiés mais surtout s'orienter vers l'avenir. Elle doit développer les secteurs porteurs de croissance aujourd'hui, se tourner vers les activités de recherche et investir pour créer des innovations, pour former sa population active aux nouvelles exigences d'une économie de la connaissance. Bibliographie indicative Malayal, Coût du travail et exclusion : les 35 heures en question, Monde Cours, Éditions de l'Aube Gautie, Coût du travail et emploi, La Découverte. [...]
[...] Et que l'on n'ait pas connu une énorme vague de délocalisations vers les pays d'Europe de l'Est comme l'attendaient certains au vu du salaire fois inférieur au nôtre? La raison première est que la France, du point de vue du coût du travail, se situe à proximité des pays européens. En 2005, selon Eurostat, le coût du travail dans l'industrie est un peu plus bas en France qu'au Royaume-Uni 4 ou en Belgique Mais surtout qu'elle dispose d'un niveau de productivité élevé ce qui rentabilise ce coût du travail élevé, et lui donne donc un coût salarial unitaire moyen, relativement attractif. [...]
[...] D'où la difficulté d'établir un niveau du coût du travail, optimums pour la croissance et pour l'emploi. Néanmoins, malgré ces critiques, les gouvernements français, après l'échec d'une politique de relance en 1981, se tournent vers les théories libérales avec le tournant de la rigueur et la désindexation des salaires sur les prix, qui est une forme de réduction des coûts du travail car de cette baisse du coût du travail, sont attendus de nombreux effets favorables sur le niveau de l'emploi. [...]
[...] Coût de ces politiques et financements de la protection sociale Par ailleurs, l'écart entre le coût du travail pour l'employeur et le salaire net perçu par le salarié, qui est donc perçu comme particulièrement élevé en France, représente le coin fiscal. Or, celui-ci permet de financer les dépenses sociales liées à la santé, l'éducation, les retraites, dépense fondamentales aujourd'hui et qui ne cessent de s'accroître avec le vieillissement démographique. Or, une réduction du coin fiscal réduit les apports financiers pour la protection sociale. [...]
[...] Cependant, l'efficacité et la pérennité de ces politiques de baisse du coût du travail sont remises en cause A. Une relation coût du travail-emploi non vérifiée empiriquement Selon la méthode utilisée et le niveau d'agrégation retenu, les évaluations concluent en une efficacité plus ou moins importante en terme de création d'emploi. Il en ressort même souvent que les entreprises qui ont le plus bénéficié des allégements n'ont pas créé plus d'emploi que d'autres. Même si la plupart des économistes s'accordent sur le fait que la baisse du coût du travail a un impact sur le niveau d'emploi des travailleurs peu qualifiés, l'ampleur de ces effets est encore largement débattue. [...]
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