La précarité au travail, pensée comme provisoire et structurelle, perdure et certains peuvent s'y installer. Les emplois quand ils sont devenus précaires ou partiels n'assurent pas toujours de bonnes conditions de vie, fragilisent et augmentent le risque d'exclusion. L'émergence dans les années 1990, en France, de la notion de travailleurs pauvres, importée des États-Unis, confirme ce phénomène.
Les travailleurs pauvres, travailleurs à temps partiels ou alternant périodes d'emploi et de chômage ne disposent pas des conditions suffisantes pour vivre. À défaut de choix, ils peuvent être contraints d'accepter ces emplois au prix de sacrifices (rythme de vie régulier, amplitude horaire...) pour des fins de mois parfois difficiles et une vie conditionnée au quotidien.
Qui sont ces travailleurs pauvres ? À quelles difficultés sont-ils confrontés au quotidien ? Comment et pourquoi se maintiennent-t-ils dans l'emploi même précaire ? Y a-t-il une dégradation du statut de l'emploi ?
[...] Le non-travail augmente le risque de devoir faire face à des problèmes supplémentaires et accélère la déchéance sociale. Il existe ainsi comme une contrainte morale vis-à-vis du travail ; comme une survalorisation de celui-ci qui en fait un impératif, une exigence. Robert Castel souligne «l'impératif c'est de travailler dans n'importe quelle condition, quitte a être un travailleur pauvre, une situation présentée comme plus valorisante que celle de l'oisif, de l'assisté, bref du mauvais pauvre, qui pourrait travailler et qui ne travaille pas 20. [...]
[...] Les travailleurs pauvres s'accrochent donc à ces emplois pour éviter une rupture sociale. Travailleur pauvre, une situation vulnérable Leur angoisse est légitime car le fossé est mince au regard d'une situation plus extrême telle que l'exclusion. Pour Robert Castel, l'exclusion n'est pas un état mais un processus dynamique où la «désaffiliation 19 en est l'aboutissement. Dans son analyse il combine deux dimensions principales pour l'individu : la place occupée dans la division du travail et la participation aux réseaux de sociabilité. [...]
[...] Selon les associations caritatives, les travailleurs pauvres représentent une majorité des bénéficiaires de l'aide alimentaire. A la sortie des magasins, ils sont de plus en plus nombreux à attendre les invendus pour pouvoir se nourrir faute de moyens14. L'accès et le maintien dans un logement constituent aussi une difficulté. L'instabilité de leur statut et leur rémunération ne coïncident pas toujours avec la stabilité et les garanties exigées par les bailleurs. De plus, le coût du maintien dans le logement pèse lourdement dans leur budget. [...]
[...] Il est également source de protection car il répond à la nécessité d'assurer les moyens d'existence et une sécurité matérielle. Travail et pauvreté semblent donc contradictoires. Cependant ce paradoxe est une réalité et constitue le nouveau visage de la pauvreté. La recherche de flexibilité en temps de travail et le recours ponctuel à la main-d'œuvre, de l'organisation du travail actuelle, peuvent entrainer une réelle précarité économique et sociale. Un grand nombre d'individus occupant un emploi, ne parvient pas à vivre correctement de celui-ci et vient agrandir les rangs des associations caritatives. [...]
[...] En 20057, il existait 1,74 million de travailleurs pauvres, au sein de 1,5 million de ménages. Les salaires des individus se trouvent par conséquent dilués dans le niveau des ménages, la dégradation du statut de l'emploi n'est en effet pas toujours visible. La France se place dans la moyenne européenne avec en 20068 de travailleurs pauvres. Seulement, ce chiffre est sous-estimé car la définition d'Eurostat prend en considération une définition plus restrictive que la définition française. Causes de la pauvreté au travail La raison première n'est pas le SMIC, mais la qualité des emplois proposés. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture