Le chômage n'est apparu en France qu'à partir de la fin des années 1970. Les chômeurs se font ainsi discrets et font rarement l'objet de contestations sociales. Il est donc très difficile de comptabiliser les chômeurs, ce qui relève en plus d'arbitrages statistiques, de choix culturels pour délimiter les frontières de la classe des chômeurs. Aussi, comptabiliser les chômeurs ne relève pas uniquement d'outils statistiques : il faut en effet s'inspirer d'expériences propres, administratives, d'interprétations subjectives, des croyances personnelles ou des modes de vie.
La distinction entre chômeurs et le reste de la population est donc de plus en plus brouillée, floue et mouvante. L'enjeu des outils statistiques consiste donc à gérer ces incertitudes croissantes.
[...] Il existe ainsi un véritable halo du chômage (des situations ambiguës entre plusieurs positions) comme l'a dit Cezard. Entre le chômage recensé et le chômage déduit (BIT) gravitent des individus à la frontière du chômage. Pourquoi, au sens de l'ANPE, ne pas considérer comme chômeur tout individu qui déroge à la règle de la recherche d'un emploi à temps plein en CDI ? Pourquoi ne pas considérer dans les chiffres du chômage ceux recherchant un emploi à temps partiel ou à durée déterminée ? [...]
[...] L'engagement dans la recherche d'emploi rattache l'individu à la société ; s'y refuser, c'est s'exposer à la critique, la dévalorisation, le rejet. Lutter collectivement ? Selon Robert Castel, les chômeurs n'ont aucune force de transformation sociale. Ils sont atomisés, ne peuvent entretenir d'autres espérances que d'être un peu moins mal placés dans la société actuelle, et ils sont socialement inutiles Mais ils ne sont pas pour autant voués à l'apathie et condamnés au silence. Tout d'abord, les chômeurs culpabilisent, rompent leurs liens sociaux et donc s'isolent. La mobilisation collective est d'autant plus ambiguë que les chômeurs sont structurellement en concurrence. [...]
[...] Le processus de réallocation du travail conduit nécessairement certains travailleurs à demeurer un certain temps sans emploi. Il y a plus ou moins un chômage sans chômeurs. Mais depuis 30 ans, la France est entrée dans un chômage de masse. Suite au choc pétrolier de 1973, le taux de chômage devient rapidement au- dessus de 10% et envahit l'imaginaire collectif. On enregistre en 1990 une baisse du chômage, et en 2001 le nombre de chômeurs descend sous les 2.5 millions. [...]
[...] Le chômage est donc source de désaffiliation sociale. Une humiliation sociale Le chômage est souvent vu comme une chute de statut une déchéance sociale et conduit souvent à l'humiliation. Le chômeur subit d'une part une gêne sociale (il se sent mal considéré, pas à sa place, en situation de quémandeur), mais aussi une honte sociale d'être à part des autres hommes et du reste de la société. Le chômage n'est donc pas qu'une exclusion économique, s'est aussi une exclusion sociale (Demazière). [...]
[...] Sociologie des chômeurs Introduction Le chômage n'est apparu en France qu'à partir de la fin des années 1970. Les chômeurs se font ainsi discrets et font rarement l'objet de contestations sociales. Il est donc très difficile de comptabiliser les chômeurs, ce qui relève en plus d'arbitrages statistiques, de choix culturels pour délimiter les frontières de la classe des chômeurs. Aussi, comptabiliser les chômeurs ne relève pas uniquement d'outils statistiques : il faut en effet s'inspirer d'expériences propres, administratives, d'interprétations subjectives, des croyances personnelles ou des modes de vie. [...]
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