Malgré le recul de 0.2 % du chômage au second trimestre2010 pour la première fois depuis la crise, la situation sur le marché du travail ne s'est pas améliorée en France. En effet, ce recul s'explique principalement par le découragement des chômeurs qui ont quitté le marché du travail (baisse du taux d'activité de 0.2 point). De même, le nombre d'inscrits à Pôle Emploi a finalement augmenté de 1,1 million entre juillet 2008 et juillet 2010. Cette persistance du chômage renouvelle les débats sur les questions relatives à la fixation des salaires, à la détermination du niveau de l'emploi ou encore à l'existence d'un chômage durable(ou structurel). En particulier, la relation salaire/emploi reste au cœur des politiques de l'emploi. Le salaire, comme rémunération du facteur travail, est effectivement un déterminant de la quantité mais aussi de la qualité de l'emploi. Cette relation nous renvoie à la définition de l'emploi (différente de la notion de travail) qui s'entend quantitativement comme le nombre d'actifs occupés sur le marché du travail mais aussi qualitativement comme un travail organisé juridiquement et socialement.
Les deux notions sont donc intrinsèquement liées mais leurs relations sont traditionnellement envisagées d'un point de vue purement quantitatif : déterminer le niveau de salaire et /ou d'emploi qui assure le plein-emploi. Aujourd'hui, face à la complexité croissante du marché du travail dans un contexte de mondialisation, il semble impératif de tenir compte des caractéristiques du marché du travail (qui n'est pas un marché comme les autres) pour relancer l'emploi sur le long terme et lutter contre le chômage dans les Pays Développés à Economie de Marché(PDEM). Les politiques de l'emploi ne peuvent alors se contenter d'influencer le niveau de l'emploi sans appréhender les conséquences sur le statut de l'emploi et, consécutivement, sur le niveau et la stabilité des salaires.
[...] Il faut néanmoins souligner que dans ces deux pays, le taux de pauvreté dans l'emploi (les working poors) et les inégalités de revenus ont explosé (voir II). Dans une perspective microéconomique, le salaire est donc considéré comme un coût qu'il faut réduire au maximum pour inciter les entreprises à embaucher (hausse de la demande de travail) mais aussi comme une incitation au travail pour les salariés dans l'arbitrage travail/ loisir (hausse de l ‘offre de travail). Plus le salaire réel est élevé, plus cet arbitrage se réalise en faveur du travail au détriment des loisirs (effet de substitution) conformément aux politiques de l'emploi menées par N. [...]
[...] Cette critique nous renvoie à la relation salaire/emploi puisque l'économiste néo-zélandais A.W. Phillips (La relation entre le chômage et le taux de variation des salaires monétaires au Royaume-Uni in Economica 1958) montre que sur le marché du travail, le taux de salaire évolue en fonction de la demande de travail. Ainsi, lorsqu'il y a beaucoup de chômage, les salariés ne peuvent pas se permettre de demander une hausse des salaires puisque les entreprises sont en position de force. La hausse des salaires étant un déterminant important de l'inflation( les entreprises répercutent la hausse des salaires sur leurs prix, ce qui induit une variation du salaire réel), deux économistes, Lipsey et Steiner, ont substitué l'inflation aux salaires pour construire la fameuse courbe de Phillips. [...]
[...] De plus, les possibilités de flexibilité interne apportées par les entreprises par le passage aux 35 heures ont limité les destructions d'emplois liées à la crise. A l'inverse, le modèle anglo-saxon qui repose davantage sur la flexibilité externe a montré ses limites en période de crise puisqu'il contribue non seulement à limiter la demande intérieure par une faiblesse des salaires, mais aussi à renforcer le taux de pauvreté ( de travailleurs pauvres au Royaume-Uni contre en France) et le niveau des inégalités(le rapport inter quintile des revenus est de 5.6 au Royaume Uni contre 4.2 en France). [...]
[...] Les études, l'expérience et la formation sont donc des variables importantes dans la disparité des salaires. De plus, cette théorie du capital humain permet d'expliquer le chômage structurel qui proviendrait d'une dépréciation du capital humain. Le cas échéant, les politiques conjoncturelles de relance n'auront aucun effet sur l'emploi (effet d'hystérèse évoqué plus haut), il faut plutôt penser à des politiques structurelles de formation et de requalification de la main d'œuvre. Réciproquement, l'hétérogénéité des salaires va influencer la qualité du travail, c'est ce que démontre la théorie du salaire d'efficience. [...]
[...] L'impact du niveau de l'emploi sur la fixation des salaires On pourrait résumer le sens de la relation emploi/salaire par une phrase de J.M. Keynes dans le chapitre 3 de la Théorie générale de l'emploi, de l'intérêt et de la monnaie(1936) : Lorsque l'emploi croît, le revenu réel augmente. En effet pour Keynes, dans une perspective macroéconomique, le revenu dépend du niveau de l'emploi qui dépend lui-même de la demande effective c'est-à-dire la demande anticipée par les entreprises. Il inverse ici le sens de la relation décrite par la théorie néoclassique en introduisant également l'idée que le marché du travail n'est pas un marché comme les autres puisque les salaires y sont rigides à la baisse. [...]
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