La réduction du temps de travail n'est pas une anomalie historique mais bien un phénomène séculaire : on estime que le nombre d'heures travaillées en moyenne par an et par employés est passé de 3000 heures en 1870 à 2000 heures en 1990. La réduction du temps de travail est, le plus souvent, le fruit d'une évolution sociale et accompagne des périodes de croissance et de gains de productivité. Il arrive cependant qu'elle soit utilisée comme une arme contre le chômage, dans un contexte économique déprimé. Ce fut le cas dans les années 1930 notamment, et mais surtout depuis les années 1980, où l'Allemagne, la France, les Pays Bas et le Japon ont fait des expériences de réduction collective de temps de travail.
Pourtant, la corrélation entre réduction du temps de travail et taux de chômage est loin d'être systématique. De nombreuses études ont montré au contraire une absence de corrélation directe et automatique : la création d'emplois est liée indifféremment à des allongements de durée du travail (c'est notamment le cas des Etats-Unis dans la dernière décennie) ou au contraire à des réductions (le cas des Pays Bas après la réforme de 1982). Il faut donc se garder de toute analyse simpliste, d'autant plus que certaines politiques de réduction du temps de travail se sont soldées par des échecs : la réforme mitterrandienne de 1982 n'a pas eu les effets escomptés sur l'emploi, certains auteurs attribuant cet échec au maintien des niveaux salariaux. C'est dire que les effets d'une réduction du temps de travail dépendent largement de ces effets sur les coûts de production des entreprises.
Si la relation supposée entre réduction du temps de travail et emploi est complexe et incertaine au premier abord, son existence mérite néanmoins d'être questionnée, vu l'engouement qu'elle a pu susciter ces dernières années auprès des gouvernants.
[...] Les effets d'une réduction du temps de travail, s'ils ne sont peut-être pas néfastes, sont en tous cas incertains sur le long terme. En revanche, il semble que ses effets puissent être positifs sur le court-moyen terme, ce qui fait de la réduction du temps de travail une bonne politique conjoncturelle. Malgré toutes les critiques dont elle fait l'objet, la réduction du temps de travail peut être une bonne politique conjoncturelle, sous certaines conditions. Il semblerait tout d'abord qu'une réduction du temps de travail ait des effets positifs sur le chômage conjoncturel. [...]
[...] Le financement d'une réduction du temps de travail est la condition sine qua non de son efficacité sur le court terme et de sa neutralité à long terme. Trois canaux sont en général utilisés pour financer la hausse du coût du travail : les gains de productivité, la modération salariale et les subventions de l'Etat. La réduction du temps de travail rend nécessaire l'intervention de l'Etat, dans une logique de dilemme du prisonnier : les entreprises, individuellement, n'ont pas intérêt à le faire, alors que collectivement, les effets sont positifs. [...]
[...] La réduction du temps de travail est-elle une réponse au chômage ? La réduction du temps de travail n'est pas une anomalie historique mais bien un phénomène séculaire : on estime que le nombre d'heures travaillées en moyenne par an et par employés est passé de 3000 heures en 1870 à 2000 heures en 1990. La réduction du temps de travail est, le plus souvent, le fruit d'une évolution sociale et accompagne des périodes de croissance et de gains de productivité. [...]
[...] Sans aller aussi loin, on ne peut nier que la réduction du temps de travail peut effectivement avoir un impact sur le chômage conjoncturel. Ce chômage keynésien, qui existe aux côtés du chômage classique, structurel, est lié à la demande de travail de la part des entreprises, trop faible pour atteindre le plein emploi. Dans un contexte déprimé, elles font des anticipations faibles et n'embauchent pas. La réduction du temps de travail est alors un moyen, certes détourné, de les inciter à embaucher, selon la logique qui a été aperçue plus haut. [...]
[...] En outre, la réduction du temps de travail se fonde sur l'hypothèse extrêmement forte de l'homogénéité du travail. Or en réalité, tous les emplois ne sont pas substituables : le travail non qualifié ne pourra être remplacé par un travail qualifié. Le risque ici est, pour certains, d'engendrer un goulot d'étranglement sur les emplois qualifiés, plus rares. On voit donc que l'idée d'une réduction du temps de travail ne possède pas de fondements théoriques solides, d'où des effets très incertains sur l'emploi. [...]
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