L'approche du travail et de l'emploi des femmes ne doit pas impliquer l'autonomisation d'un groupe de sexe. Il s'agit au contraire de saisir les dynamiques des rapports de genre qui fondent les éventuelles divisions et inégalités entre les sexes, d'identifier les continuités et surtout les discontinuités au cours du temps.
Selon le titre de l'ouvrage de l'historienne Sylvie Schweitzer, "les femmes ont toujours travaillé". En effet, déjà au Moyen-âge, la femme participe à la fabrication de produits alimentaires, elle entretient la basse-cour, elle est la couturière, elle s'occupe du potager et du travail domestique. Dans les villes, la femme travaille dans la soie et la blanchisserie, la vente, la boucherie et dans la métallurgie, alors que les hommes sont souvent brodeurs, ce qui prouve que les symboles professionnels sexués sont différents d'aujourd'hui. Toutefois, il existe des métiers que les femmes ont quasiment toujours exercés, à savoir agricultrices, nourrices, domestiques, coiffeuses ou fleuristes. En réalité, selon beaucoup d'historiens et d'historiennes comme Michelle Perrot, le travail féminin va refléter la place de la femme dans la société . Au fil des époques, les frontières entre travail des femmes et travail des hommes vont se déplacer mais ne vont jamais disparaître.
Nous devons ici étudier la professionnalisation du travail féminin, c'est-à-dire le processus par lequel une activité devient rémunérée et qualifiée. A la différence de la notion de « métier », la profession suppose une formation et un diplôme et recouvre donc un prestige et un statut social à part entière. Il nous faut donc mettre l'accent sur les conditions sociales de l'entrée des femmes sur le marché du travail masculin à l'origine. Quels vont être les processus de professionnalisation des activités des femmes ? Quelles vont être les modalités du recours à la main-d'œuvre féminine ? Quels éléments et quels contextes vont contribuer à favoriser ou à limiter la participation des femmes au marché du travail ?
[...] Tertiarisation et Salarisation du travail féminin Dans l'entre-deux-guerres, on observe un recul du service domestique féminin, une stagnation des effectifs féminins dans l'industrie, les transports et la manutention et surtout, un essor des services et des emplois administratifs parmi les femmes. L'augmentation des études par les femmes a fortement contribué à cette tertiarisation du travail féminin. C'est pourquoi ce sont d'abord les filles issues de la petite bourgeoisie ayant profité du développement de l'enseignement supérieur qui investissent en premier le secteur tertiaire. [...]
[...] in L'Histoire des femmes, le XXe siècle, ENS Editions, Paris - www.insee.fr BATTAGLIOLA F., Histoire du travail des femmes, La Découverte, Collections Repères DUBY G. et PERROT M., Histoire des femmes en Occident, Plon, Paris SIMON J., L'Ouvrière, Hachette, Paris STEWART M.L., Women, Work and the French State. Labour protection and Social Patriarchy. 1979-1919, Mcgill University Press THEBAUD F. La Grande Guerre. Le triomphe de la division sexuelle. in L'Histoire des femmes, le XXe siècle, ENS Editions, Paris NICOLE-DRANCOURT C., Sociologie du travail, nº2, 1990. [...]
[...] On n'observe donc aucune progression en faveur de la professionnalisation du travail féminin. Le régime de Vichy apparaît donc comme une rupture du processus entamé dans l'entre-deux-guerres. Où alors, n'est-il pas simplement une mise entre parenthèses ? III) Les spécificités d'une professionnalisation de masse Une professionnalisation de masse C'est véritablement dans la seconde moitié du XXe siècle que la professionnalisation du travail féminin va connaître une accélération impressionnante, et notamment au cours des années 1970. Là encore, cette accélération est d'abord due à une meilleure accessibilité à l'enseignement supérieur pour les femmes. [...]
[...] Cet argument repris plus tard par les féministes universalistes permet de remettre en question le rôle de la législation française de la fin du XIXe siècle dans la professionnalisation du travail féminin au sens global du terme. L'hostilité syndicale au travail des femmes Au cours du XIXe siècle, les syndicats ouvriers vont être généralement hostiles à la professionnalisation du travail féminin. Cette hostilité ne va-t-elle pas pousser certaines femmes à se révolter et à lutter pour le droit des femmes au travail ? En effet, les travailleurs eux-mêmes maintiennent la domination patriarcale sur le marché du travail par le biais des syndicats. [...]
[...] Dans les années 1970, le taux d'activité des femmes mariées et ayant plusieurs enfants augmente fortement, prouvant la capacité des femmes à allier vie familiale et vie professionnelle. Ici encore, le diplôme reste déterminant puisque plus de la moitié des femmes démunies de diplôme deviennent inactives après une première naissance, à la différence des femmes plus diplômées. Après la Libération, seulement des femmes actives occupent des places d'employés. Vingt ans plus tard, ces professions représentent la moitié de la population active féminine. D'autre part, la proportion d'ouvrières reste stable tandis que le nombre de femmes dans le secteur agricole diminue fortement. [...]
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