« En matière de lutte contre le chômage, on a tout essayé », déclare François Mitterrand alors qu'il termine son second mandat en 1993. Un tel constat de la part d'un Président de la République rend compte du pessimisme existant autour du problème de l'emploi en France. En effet, la France affiche depuis longtemps des résultats en termes d'emploi qui sont déplorables, par exemple en 2003, chaque mois représentait 20 000 chômeurs de plus. Il semble de surcroît que la façon de mesurer le chômage masque une réalité encore plus grave. Il existe, premièrement, selon l'expression de Freyssinet, un « halo autour du chômage », ce qui signifie que certaines catégories ne rentrent pas dans les critères du chômage établis par l'Insee ou l'ANPE, c'est-à-dire un individu disponible, sans emploi rémunéré et à la recherche d'un emploi, et qui pourtant suivent la même logique : il s'agit des personnes en invalidité, les travailleurs contraints de travailler à temps partiel, les personnes qui n'ont pas commencé à faire des recherches d'emploi ou y ont renoncé, par découragement. C'est pourquoi certains pays préfèrent utiliser le critère du taux d'emploi. Ensuite, l'indicateur utilisé pour calculer le chômage qui est le taux de chômage, ne rend pas compte des disparités entre les différentes catégories selon l'âge, le sexe, la classe socioprofessionnelle, le secteur d'activité ou la région. C'est ainsi qu'il est préférable d'employer des indicateurs complémentaires comme le taux de chômage relatif qui mesure pour chaque catégorie, la vulnérabilité, c'est-à-dire le taux d'entrée, et l'employabilité qui concerne l'ancienneté en mois de recherche d'emploi, ainsi que l'indicateur de longue durée pour savoir s'il s'agit d'un chômage répétitif, de reconversion ou d'exclusion.
La France est donc encore loin d'une situation de plein-emploi où le chômage est naturel c'est-à-dire incompressible, où il n'apparaît pas comme le résultat d'un dysfonctionnement du marché du travail mais au contraire, il constitue le mécanisme d'ajustement par lequel des agents rationnels s'adaptent efficacement à l'imperfection de l'information et aux contraintes institutionnelles. Ce chômage n'est que volontaire et correspond à l'équilibre entre l'offre et la demande de travail et est nécessaire à cet équilibre.
La France est d'ailleurs tellement loin d'une situation de plein-emploi qu'il serait justifié de se demander si la possibilité de l'atteindre est une réalité ou une fiction, et si elle peut être atteinte, par quels moyens ?
Répondre à cette question semble un véritable défi à la fois pour les économistes et pour les hommes politiques, faisant alors l'objet d'une multitude d'opinions différentes.
Si les rigidités institutionnelles constituent un obstacle au plein-emploi (I), une intervention de l'Etat par des politiques de l'emploi s'avère également nécessaire (II).
[...] C'est l'exemple du five dollars day mis en place par Ford. Nous trouvons également la théorie des négociations qui permet selon Macdonald et Solow en 1981 au syndicat de négocier les salaires puis le niveau de l'emploi en demandant à l'entreprise de réduire ses profits. Selon Calmfors et Drifill en 1988, il faut un syndicat décentralisé au niveau de l'entreprise comme en Amérique du nord, au Japon ou en Nouvelle- Zélande ou un syndicat centralisé au niveau national comme en Autriche, en Norvège, en Finlande mais pas de niveau intermédiaire comme en Allemagne, France, Italie, Belgique et Pays-Bas, c'est-à-dire par secteur car c'est inefficace du fait de l'absence de communications entre les secteurs. [...]
[...] Il s'agit peut-être de faire du plein emploi une réalité en France. Cependant, les difficultés d'application et les échecs des politiques de l'emploi continuent de faire douter de la possibilité d'un plein emploi en France. Toutefois, le plein emploi a-t-il déjà eu une existence réelle dans le temps et dans l'espace ? Il est certain que non car en vérité, le concept de plein emploi est un idéal à atteindre à rapprocher de l'idée d'un droit au travail pour tous comme il est consacré dans la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen de 1789. [...]
[...] Plusieurs théories ont été mises au point mais l'idée générale est que les rigidités ne sont pas le fait de l'Etat mais des comportements rationnels des travailleurs et des entrepreneurs : leurs intérêts privés qui les poussent à augmenter les salaires, même au dessus du marché, vont créer un déséquilibre qui va conduire au chômage, directement en contraignant l'entrepreneur à licencier ou indirectement en empêchant les chômeurs d'accéder à un travail à cause de l'augmentation du coût salarial . C'est un contre exemple de la règle de la main invisible. [...]
[...] Ce chômage est d'abord appelé non accelerating wage rate of unemployment puis non accelerating inflation rate of unemployment par Lipsey, Samuelson et Solow en 1960. Pour éviter les risques qui peuvent survenir avec l'utilisation de telle ou telle politique conjoncturelle, l'Etat peut employer une politique mixte ou policy mix qui combinent la politique budgétaire et monétaire, et éventuellement de la politique de revenus ainsi que de mesures structurelles. Il s'agit de prendre le meilleur de chaque politique et en effacer les inconvénients. [...]
[...] Les réformes de réduction de temps de travail ont eu des résultats décevants. Par exemple, la loi de 1981 sur les 39 heures n'a fait que ajuster les salaires et a provoqué l'augmentation du coût salarial, des gains de production induits, la récession, dans les branches où la main d'œuvre manquait, les entrepreneurs étaient contraints de réduire leur production et les objectifs, comme celui de la réorganisation du travail en équipes, n'ont pas été atteints. Un autre moyen est utilisé non pas réellement pour créer des emplois mais pour réduire le chômage de façon formelle, il s'agit de la réduction de la population active. [...]
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