Pour cet exposé, nous nous sommes appuyé principalement sur un ouvrage celui de Paul-Gilles Trebossen, 16-25 ans cherche travail : une mission locale et l'emploi, Paris, collection Portes Ouvertes, les éditions Ouvrières, 1989. Paul-Gilles Trebossen était coordinateur de l'équipe technique d'une mission locale de la région parisienne dans les années 80.
Au milieu des années 70, le chômage des jeunes atteint un niveau important. En 1975, le taux de chômage d'après l'INSEE au sens du BIT est de 12,1% pour la classe d'âge 15-19 ans. Pour enrayer cette situation, l'Etat va mettre en place les premières mesures en faveur de l'insertion des jeunes. En 1975 est créé le contrat emploi-formation (alterner notions théoriques et notions pratiques). Dans les enquêtes du CEREQ (centre d'études et de recherches sur les qualifications) apparaît la catégorie « jeune non scolarisé et sans emploi » à partir de 1976. Cela va conduire notamment le gouvernement à lancer des pactes nationaux pour l'emploi des jeunes de 16 à 25 ans entre 1977 et 1981. Les pactes articulent des programmes de stages en entreprises, un contrat de travail emploi et formation et l'exonération des charges sociales pour les entreprises. Ces mesures sont jugées inefficaces et sont abandonnées. Elles ont été conçues comme des réponses temporaires à une crise passagère. De plus les entreprises vont utiliser d'une façon abusive les stages.
A la fin des années 70 et au début des années 80, la non-qualification devient un handicap important pour accéder à un emploi. En 1980, d'après l'INSEE le taux de chômage des jeunes recherchant leur premier emploi est de 52% pour les sans diplômes, 37% pour ceux avec un BEPC, 32% pour ceux avec un BEP ou un CAP, 25% pour ceux avec un BAC et 15% pour ceux avec un niveau supérieur. La non-qualification des jeunes résulte d'un échec scolaire. Les auteurs du livre La transition professionnelle : les jeunes de 16 à 18 ans deux économistes : P. Mehaut, J. Rose, et deux sociologues : A. Monaco, F. De Chassey distinguent quatre causes à la sortie du système scolaire. Les deux principales sont une sortie délibérée du jeune (« il n'aime pas l'école », « il en a marre ») ensuite il y a l'exclusion par l'école : manque de place, échec à un examen, refus d'une orientation souhaitée par le jeune, achèvement de la scolarité obligatoire. Deux autres raisons sont moins fréquentes comme l'exclusion pour des raisons disciplinaires et la sortie du système scolaire pour des raisons familiales (trouver un travail pour aider sa famille, s'occuper de ses frères et ses sœurs).
Au début des années 80 il est possible de faire trois remarques concernant le marché du travail. On constate une baisse du nombre d'emplois qui a pour conséquence une réduction du nombre total d'emplois accessibles aux jeunes sans qualification. Il y a aussi une diminution du nombre d'emplois d'exécution dévolus aux jeunes pas ou peu, on assiste au début de la désindustrialisation. Des emplois non qualifiés sont occupés par des jeunes avec des qualifications CAP, BEP ou avec le BAC.
Notre problématique est dans quelle mesure les missions locales se sont imposées comme une institution déterminante pour l'insertion professionnelle et sociale des jeunes dans les années 80 ?
Nous développerons quatre dimensions : La mise place, le développement, la philosophie et les actions de la mission locale dans les années 80 autour de quatre questions : Quelle a été le processus d'institutionnalisation de la mission locale ? Comment se sont développées les missions locales ? Quels sont les principes qui ont régi les missions locales dans les années 80 ? Et par quels moyens moyens les missions locales ont permis aux jeunes de s'insérer professionnellement et socialement ?
[...] Elles vont être remplacées progressivement pendant les années 80 par les missions locales. Les missions locales couvrent un public plus vaste (16-25 ans) et ne traitent pas seulement les problèmes liés à la formation et l'emploi des jeunes. C'est à partir du rapport Schwartz que les missions locales sont fondées par l'ordonnance du 26 mars 1982 qui stipule : La qualification professionnelle et l'insertion sociale des jeunes gens et jeunes filles de seize à dix-huit ans constituent une obligation nationale. [...]
[...] Nous développerons quatre dimensions : La mise place, le développement, la philosophie et les actions de la mission locale dans les années 80 autour de quatre questions : quel a été le processus d'institutionnalisation de la mission locale ? Comment se sont développées les missions locales ? Quels sont les principes qui ont régi les missions locales dans les années 80 ? Et par quels moyens les missions locales ont permis aux jeunes de s'insérer professionnellement et socialement ? Partie 1 : La mise en place et le développement des missions locales On peut distinguer trois temps à la mise en place de la mission locale : la demande de P. [...]
[...] L'insertion se fait sur le long terme par la construction d'un projet dans lequel le jeune doit s'investir. Le projet est rendu possible par le suivi des conseillers. Ces derniers positionnent les jeunes sur des contrats, des stages, des formations ainsi que sur les dispositifs d'aide à l'insertion. Pendant le suivi, une socialisation institutionnelle s'opère, qui se traduit par les jeunes par l'apprentissage de valeurs appréciés par les employeurs : autonomie, responsabilité, ponctualité. Les actions des missions locales servent à rendre les jeunes employables. [...]
[...] La construction d'un projet résulte de plusieurs échanges entre les conseillers et les jeunes. En moyenne, il faut neuf entretiens pour qu'un conseiller fasse une proposition. La multiplication des interactions permet aux conseillers de comprendre les causes de la situation sociale, scolaire et professionnelle des jeunes. Les propositions sont choisies et réfléchies. Les conseillers encouragent et redonnent confiance aux jeunes en leur donnant les moyens nécessaires pour le décrochage d'emploi. D. Un suivi individualisé Le suivi des jeunes est une action d'accompagnement continue. [...]
[...] L'année 1989 est marquée par la création du Conseil National des Missions locales pour coordonner les actions sur un plan national. La Charte, adoptée par le Conseil national des missions locales le 12 décembre 1990, rappelle les principes sur lesquels s'engagent les partenaires dans toute mission locale : une volonté de travailler ensemble sur un territoire, une intervention globale au service des jeunes, un espace d'initiative et d'innovation, une démarche pour construire des politiques locales d'insertion et de développement. Pour le conseil national des missions locales : Faciliter la transition professionnelle et lutter contre l'exclusion des jeunes requièrent la mobilisation de tous : jeunes, élus, services publics, entreprises, partenaires sociaux, associations. [...]
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